Investir sans ponctionner davantage le contribuable tout en désendettant la Ville, voici la recette de David Lisnard, saluée par Localnova par la note maximale de 3A, soit l'équivalent de 20/20. Recette pas magique pour autant, tant elle tient d'après le premier édile de la Cité des Festivals à la méthode dite de « rigueur bénéfique », enclenchée depuis 2014.

C'est à cette date que celui qui a présidé le Palais des Festivals et des Congrès arrive aux manettes municipales, municipalité qu'il connaît puisqu'il a été tour à tour second puis premier adjoint de Bernard Brochand, maire de 2001 à 2014. Avec une délégation comprenant, entre autres, le développement économique, le tourisme et la proximité.

« Village mondial » et maintien de la compétitivité

La rigueur donc c'est la marque de fabrique de David Lisnard qui s'est employé depuis 9 ans à redresser les comptes de la Ville tout en s'engageant dans un vaste programme de requalification urbaine. Voire même de réaménagement du territoire. Il faut que ce « village mondial » comme le nomme son maire, est fait de paradoxes. Ville à taille humaine, ancien village de pêcheurs, Cannes brille toute l'année sous les feux des projecteurs internationaux, et pas uniquement pour son Festival du Film qui concentre chaque mois de mai stars de tous horizons, grandes marques et touristes BtoB comme BtoC. On rappellera que c'est au sein de son Palais au tapis rouge immuable que se tiennent de grands évènements professionnels du MIPCOM au MIPIM en passant par le Cannes Yachting Festival ou le Lions.

Et être un village mondial, ça exige de l'investissement.

Parmi les priorités, de l'investissement tourné vers l'un de ses moteurs, celui qui draine à la fois le tourisme d'affaires, le tourisme de loisirs aussi et l'image, autrement dit le Palais des festivals, vrai bras armé pour l'attractivité, qu'il convient de maintenir à un degré de compétitivité lui aussi mondial. Un outil pour lequel de nombreux investissements ont été réalisés au cours de ces dernières années. Et qui a mobilisé, de la part de la Ville, 5,5 millions d'euros pour sa modernisation. Devenu Palais à mission en 2022, le Palais des Festivals génère plus de 850 millions d'euros de retombées économiques. De quoi nourrir le territoire, les professionnels du secteur, l'ensemble des fournisseurs et sous-traitants... Surtout, le Palais doit inévitablement continuer à attirer des congrès et impérativement conserver ceux qui ont déjà choisi la destination Cannes.

-64,5 millions d'euros d'endettement

Ce qui vaut donc pour le reste du territoire cannois. En 9 ans, l'aménagement urbain de la ville a été repensé, parce que pour ce qui est de certains points névralgiques, le besoin était évident. Que ce soit dans le quartier de la Frayère, situé à l'ouest de la ville, pour lequel 1,3 million d'euros a été consacré ou celui de La Bocca, dont le centre a été réaménagé à hauteur de 1,6 million d'euros. Et puis il y a ces 160 millions d'euros qui vont redonner une toute nouvelle silhouette à La Croisette, le célèbre boulevard qui fait partie de la politique d'attraction.

Un tout qui fait d'ailleurs effet de levier, si on tient compte des investissements réalisés à leur tour par les établissements hôteliers, soit près d'un milliard d'euros tous projets confondus, du Carlton au Martinez.

Mais l'autre pendant de la stratégie financière - et non la moindre - c'est le désendettement. Au total, 64,5 millions d'euros exactement ont été retirés de l'endettement, lequel a baissé régulièrement au cours des neuf dernières années, dont de 5 millions d'euros en 2022. Un résultat obtenu par des renégociations menées de façon permanente avec comme effet de faire chuter également le taux moyen de l'encours de la dette, passé de 2,2% en 2013 à 1,5% en 2022. Il va sans dire qu'aucun emprunt n'est dit « toxique », ce qui serait un douloureux héritage du passé. Côté dépenses de fonctionnement, rigueur aussi de mise, 44,2 millions d'euros ayant ainsi été économisés entre 2014 et 2022.

Le tout, insiste bien la Ville, dans un contexte où les dotations de l'Etat et les prélèvements sur les ressources fiscales sont allés pour les premières à la baisse, pour les seconds à la hausse.

Une Nouvelle Energie plébiscitée ?

L'autre élément salué par Localnova et par la Chambre régionale des comptes est la non hausse d'impôts locaux infligés au contribuable : pas d'augmentation des impôts locaux, pas de surtaxe d'habitation pour les résidences secondaires.

Un tout stratégique qui permet à Cannes de disposer d'une capacité d'autofinancement pas négligeable, de l'ordre de 49,18 millions d'euros, qui a été multiplié par 9, en 9 ans.

Une méthode qui fait partie de la marque de fabrique de David Lisnard. Le président de l'Association des Maires de France (AMF) est ainsi d'autant plus au contact des difficultés de l'exercice de Premier Magistrat au quotidien. David Lisnard qui rappelle dès qu'il le peut son passé de chef d'entreprise. Ce combo connaissance du terrain et du monde privé est souvent mis en avant pour le distinguer du politique qui n'a connu... que le monde politique. Une façon d'ancrer le maire de Cannes dans le concret, ce qui est l'un des reproches majeurs fait aux politiques par les citoyens. Si d'aucuns le voient déjà lancé dans la prochaine course qui mène à l'Elysée - et même si Laurent Wauquiez semble être le favori de son parti, LR comme d'Eric Ciotti - David Lisnard de déroge pas de sa méthode. Ce qui signifie ne pas brûler les étapes. Continuer à travailler la notoriété à un échelon national tout en conservant l'ancrage dans la réalité. L'inauguration début octobre du siège parisien de son mouvement, Nouvelle Energie, a été un premier test en quelque sorte et a rassemblé près d'un millier de personnes. L'adresse située rue des Entrepreneurs, sonne presque comme un signe. Mais David Lisnard le sait bien, la rigueur ne vaut pas que pour les stratégies financières, elle vaut aussi pour les stratégies politiques.