Air France quitte Orly : les (vraies) conséquences pour Nice et Marseille

En annonçant son retrait d’Orly d’ici 2026, Air France bouleverse ses liaisons avec les aéroports de Nice et Marseille. Vent debout, le monde économique rappelle à quel point la connectivité du Sud avec la Capitale est primordiale pour leur activité et pour leur attractivité. Une nouvelle qui intervient au moment où le Plan Marseille en Grand prend de la vitesse, alors que du côté de la Côte d’Azur, le report sur le train est à la peine. Un monde économique qui a maintenant deux ans pour transformer la mauvaise nouvelle en éventuelle opportunité.
(Crédits : Reuters)

Dire que l'annonce est une totale surprise serait exagéré, tant la stratégie déjà annoncée d'Air France-KLM laissait clairement entendre une redéfinition de sa politique de hub et d'offre domestique. Il n'en reste pas moins que l'annonce de la compagnie de quitter l'aéroport d'Orly à l'horizon 2026 au profit de sa filiale low-cost Transavia a jeté un froid dans le monde économique. A Marseille, deuxième ville de France, où 500.000 passagers empruntent chaque année la navette entre Marseille-Provence et Paris-Orly au rythme de 6 à 7 vols quotidiens, le sujet vient contrarier les efforts en matière de mobilité que les acteurs du territoire s'évertuent à soutenir. La mobilité qui est clairement un point majeur du Plan Marseille en Grand, entré depuis quelques mois dans une phase 2, encouragée par le Président de la République.

Le ferroviaire « saturé »

Un point que souligne d'ailleurs Jean-Luc Chauvin. « Cette annonce est une mauvaise nouvelle, puisque les autres modes de transport, notamment le TGV, sont saturés. Et je ne suis pas certain que Transavia soit la meilleure solution ». Le président de la Chambre de commerce et d'industrie Aix-Marseille Provence insiste pour redire à quel point l'annonce d'Air France est une aberration alors que de nombreux actifs choisissent de s'installer en région, qu'Emmanuel Macron a la volonté de faire de Marseille l'épicentre européen des liens avec l'Afrique, et enfin parce que la Cité phocéenne « doit être considérée comme la deuxième capitale de la France ».

Du côté de Nice, le sujet est encore plus prégnant. Car si Marseille est à 3 heures de Paris, Nice est éloignée de la Capitale par plus de 5h30 de train. D'ailleurs, la navette Air France représente 85 rotations hebdomadaires en basse saison et 103 en haute saison.

Et, de fait, comme le dit Pierre Ippolito, le président de l'UPE06, le report sur une solution ferroviaire ne se fait pas. « Nous regardons ce retrait et ses impacts de très près » dit le patron des patrons des Alpes-Maritimes. Même son de cloche pour le président de la CCI Nice Côte d'Azur, qui cache à peine son inquiétude concernant les conséquences en termes d'attractivité, alors que Nice Côte d'Azur est le second aéroport de France. « On peut s'interroger sur le maintien à l'identique par Transavia de la fréquence des vols entre Orly et Nice, primordiale pour les activités business, mais aussi de l'impact de cette décision en termes d'attractivité économique de la Côte d'Azur », indique Jean-Pierre Savarino.

Et maintenant ?

La problématique étant posée, le monde économique ne compte pas en rester là. Et sur la suite à tout cela, il se montre clairement offensif. Car l'exemple de Montpellier est instructif.

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Un exemple que pointe Renaud Muselier. Dans un communiqué commun avec Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, le président de la Région Sud rappelle que « la bascule des lignes vers Toulon et Montpellier sous la bannière Transavia a entraîné une baisse criante de la qualité de service, multipliant les retards et les annulations ».

Impensable pour un Sud qui se veut attrayant à tous points de vue. « Actionnaire d'Air France, l'Etat peut peser dans ce type de décisions prises au seul regard d'intérêts financiers, au détriment d'une vision de l'aménagement du territoire national », dit celui qui est aussi président délégué de Région de France.

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Jean-Luc Chauvin abonde et indique que la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) « ne doit pas se montrer protectionniste ». Comprendre, la DGAC doit laisser l'opportunité à d'autres compagnies de se positionner. « Les territoires doivent trouver des solutions alternatives, on ne peut pas empêcher le développement économique du territoire ». Pierre Ippolito se dit pour sa part très attentif à « la fréquence et la qualité des liaisons » qui vont être proposées, appuyant sur l'absolue nécessité « d'une continuité de services ». Ce qu'il faut comprendre en filigrane, c'est l'opportunité qui serait alors offerte à d'autres compagnies de venir renforcer l'offre. Voire, et cela est d'ailleurs cohérent avec la stratégie d'Aéroports de la Côte d'Azur, de toujours mieux connecter Nice au monde. En cohérence, évidemment, avec les besoins du monde économique.

Désormais, tous les acteurs ont deux ans pour se préparer. Et, à nouveau, faire preuve de résilience. Et d'inventivité.

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