« Le vrai pouvoir est du côté du monde de l’économie » (Philippe Korcia, UPE13)

A quelques heures du Forum des Entrepreneurs, le grand rassemblement du monde économique qui se tient ce 19 octobre à Marseille, le président de l’Union pour l’Entreprise des Bouches-du-Rhône insiste sur la capacité des dirigeants à être des « alchimistes de la transformation ». Alors que les crises se succèdent, que les business modèles sont interrogés, voire bouleversés, Philippe Korcia rappelle le rôle primordial des entreprises dans l’attractivité et le rayonnement du territoire. Et d’annoncer sa volonté faire de son propre territoire une zone test pour relancer le principe des zones franches.
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Dans un contexte de crises successives, de transformations multiples, vous appelez à une alchimie de la transformation. Est-ce à dire que le chef d'entreprise est un peu magicien ?

PHILIPPE KORCIA - Les entrepreneurs ne peuvent pas seulement être acteurs, ils veulent être également faiseurs. Ce sont les entrepreneurs qui vont porter la transformation des territoires. C'est ainsi. L'alchimie entre les acteurs crée du lien sur le territoire. Les grandes entreprises facilitent le développement des petites entreprises, nous devons faciliter la création de lien. Nous en avons assez d'être uniquement perçus comme force de proposition, nous voulons être parties prenantes de la décision. Dans les Bouches-du-Rhône, l'UPE13 est intégrée dans le GIP qui réfléchit sur les mobilités dans le cadre du Plan Marseille en Grand. C'est très bien, mais ce n'est pas suffisant, il faut continuer et cela sur beaucoup d'autres sujets. Dont un sujet extrêmement important, qui est celui de la sécurité. Les entreprises doivent être associées à la problématique sécuritaire. Lorsqu'on veut développer un territoire, il faut penser ce développement avec les entreprises, c'est cela qui crée un cercle vertueux. Mais les entreprises doivent aussi être soutenues. Elles se sont engagées dans l'augmentation des salaires de 10%, sur la période 2022-2023, un effet que l'inflation a rendu imperceptible pour les salariés. Il faut continuer à augmenter l'exonération des charges des entreprises jusqu'à 2.000 euros. L'alchimie doit être sociale, fiscale, environnementale et territoriale.

Pour accompagner les transitions, la réglementation doit-elle être plus exigeante ?

La réglementation doit être incitative et pas punitive. Elle doit rendre les transitions, désirables. Cette alchimie de la transformation est provoquée par la vitesse des changements, des transitions. Mais les TPE PME n'ont pas la possibilité, souvent, de se modifier aussi rapidement. Les différentes transitions bouleversent les socles de notre société. Et l'entreprise devient une valeur refuge. Cette alchimie de la transformation est donc nécessaire et doit être menée de façon contrôlée.

La French Tech a lancé « je choisis la French Tech », pour renforcer les liens entre les startups et les donneurs d'ordre, publics comme privés. On a souvent souligné l'éloignement pour les TPE PME de taille modeste, du levier que représente la commande publique...

Nous avons réussi à faciliter l'accès à la commande publique pour les petites entreprises en faisant en sorte que les appels d'offres proposent des lots de plus petite taille, en cohérence avec le chiffre d'affaires que ces entreprises génèrent. Mais la loi exigeant davantage de certifications, de normes, cela génère de nouvelles contraintes, trop de contraintes, qui finissent par tenir les petites entreprises éloignées encore de la commande publique.

La notion de territoire revient dans de nombreux discours, notamment politiques. Une bonne chose ?

Le territoire est un terme qui permet de marquer la proximité. Évidemment, les projets de territoire s'inscrivent dans les projets régionaux mais clairement le territoire reprend de la valeur. Les personnalités politiques le disent bien, le plus beau mandat est souvent celui de maire, qui est le mandat qui s'inscrit le plus dans la proximité et cela même si les pouvoirs financiers sont du côté des Régions et des Métropoles.

Qui pousse la croissance : le territoire ou l'entreprise ?

Les entreprises poussent la croissance et c'est grâce aux entreprises que le territoire rayonne. Je crois beaucoup au rôle des zones franches, j'ai d'ailleurs écrit au Président de la République pour demander à ce que Marseille soit zone test. La zone franche est incitative pour les entreprises et elle permet de créer de l'emploi en proximité, notamment à destination des populations qui en sont éloignées.

On évoque aussi beaucoup la notion d'écosystème...

Il ne faut surtout pas que chaque écosystème marche en parallèle. Il faut, à un moment donné, se rencontrer. Que les filières - numériques, services, environnement, politique.... - se parlent car c'est ce qui construit le rayonnement. Chaque écosystème peut apporter sa pierre à l'édifice.

En termes de mixité de la gouvernance des entreprises, malgré toutes les bonnes volontés, ça n'avance pas forcément...

Il faut continuer à ouvrir les instances de gouvernance aux femmes. La vision des femmes dans l'entreprise est essentielle.

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