Préserver l’eau et l’océan : une diversité de solutions innovantes à portée de main

Dans le cadre du Nice Climate Summit, qui s’est tenu ces 28 et 29 septembre à Nice, de nombreux acteurs, élus, scientifiques et industriels, ont échangé sur les solutions pragmatiques et innovantes pour faire face à la crise l’eau. L’eau, ce bien commun tant menacé par une demande toujours croissante et un changement climatique à l’origine de sécheresses ou de pluies intenses. L’occasion aussi de réfléchir sur la façon de préserver, dès maintenant, l’océan.
(Crédits : DR)

La crise mondiale de l'eau est imminente, alertait en début d'année l'ONU. Près de 10 % de la population mondiale a été touchée l'an dernier par un stress hydrique élevé ou critique. Or la demande en eau devrait s'accroître de 20 à 25% d'ici 2050 selon le think tank américain World Resources Institute. Il est donc plus que temps de passer à l'action. C'est le message porté par les acteurs réunis au Nice Climate Summit, co-organisé par la Mairie de Nice, la Métropole Nice Côte d'Azur, la Région Sud et La Tribune.

Pour le professeur Andrea Rinaldo, professeur d'hydrologie de l'EPFL (Suisse), résident de l'Istituto Veneto di Scienze et lauréat du Water Prize Stockholm 2023, la décennie devant nous est cruciale.

« Dans l'hémisphère nord, nous avons l'impression que (le changement climatique) ne nous touche pas. Oublions cette vision anthropocentrique, il suffit que la température de l'air augmente d'un degré pour que les poissons salmonidés disparaissent des Alpes, de la France, de la Suisse et de l'Italie. Nous n'avons pas communiqué correctement. On doit mobiliser le grand public pour qu'il réalise l'urgence et l'importance du problème ».

Carbone bleu

Pour le docteur Nathalie Hilmi, responsable de la section économie environnementale au Centre scientifique de Monaco et auteure principale des rapports du GIEC, la nature fait, elle-même, partie de la solution pour limiter le réchauffement climatique. Il n'y a pas de fatalité.

« Je suis très optimiste au niveau du rôle de la nature. Si on préserve notre biodiversité, la nature peut nous aider à lutter contre le changement climatique, par exemple grâce au carbone bleu. Ce sont des écosystèmes comme les mangroves, les marais salants, les herbiers marins qui permettent de capturer le CO2 et de le séquestrer dans les sédiments ».

Face à une eau potable qui se fait rare ou à la multiplication des sécheresses, les citoyens sont appelés à multiplier les gestes pour économiser l'eau. Mais le chemin est encore long.

Dessalement, réutilisation des eaux usées...

Au-delà de la sobriété, c'est bien efficacité hydrique qu'il faut rechercher explique Alain Meyssonnier, président de l'Institut méditerranéen de l'eau, en réparant les fuites présentes sur nos réseaux d'eau notamment. Selon cet expert, il est aussi intéressant de se pencher sur ce que font les pays du Sud, notamment la Tunisie, l'Algérie, le Maroc ou encore l'Espagne.

« Depuis 20 ans, ces pays se sont dotés d'équipements et de politiques publiques pour faire face à la sécheresse. En Israël, par exemple, ou dans la Région de Murcie dans le sud de l'Espagne, 90% des eaux usées sont réutilisées pour l'agriculture. Autre exemple dans le domaine industriel. L'Office Chérifien des Phosphates, le plus gros industriel marocain, sera dès l'an prochain automne en eau. 70% de ses besoins sont couverts par le dessalement, 30% par la réutilisation des eaux usées des villes alentours. »

Autres pistes mises en avant pour préserver la ressource : limiter l'artificialisation des terres pour favoriser les infiltrations, développer des cultures moins gourmandes en eau ou encore préserver les zones humides. C'est d'ailleurs, ce qu'a mis en œuvre Louis Nègre, Maire de Cagnes-sur-Mer, dans sa commune avec la « renaturation » de la Cagne. « Nous avons justement créé, en plein centre-ville, une zone humide en démolissant le béton et en retrouvant les berges d'antan ». Cela devrait favoriser la reconstitution de milieux aquatiques favorables à la biodiversité mais aussi prévenir les risques de crues en donnant plus d'espace à la rivière.

Objectif de 30% d'aires marines protégées

Quant à l'océan, Sylvie Dufour, directrice adjointe de l'Institut de l'Océan de l'Alliance Sorbonne Université, rappelle son rôle essentiel. Il absorbe 90% des excès de chaleur et 30% des excès de CO2. « Sans l'océan, nous serions dans une situation plus problématique. Il nous a protégé mais avec des conséquences très importantes sur ses propriétés physiques et sur la biodiversité. » Il faut donc, là aussi, veiller à sa préservation, faire attention notamment à la pollution plastique, à la surpêche, au tourisme de masse... Sa bonne santé dépendra aussi du développement des aires marines protégées.

« Cela donne des espaces de respiration à l'océan pour maintenir les conditions de vie. Point positif, lors de la COP 15, tous les pays se sont entendus pour se fixer un objectif de création de 30% d'aires marines protégées à horizon 2030. Ce sera difficile à mener mais nous saurons là pour leur rappeler », souligne Robert Calcagno, directeur général de l'Institut océanographique, Fondation Albert Ier, Prince de Monaco.

La métropole azuréenne s'est justement engagée dans un projet d'aire marine protégée comme le rapporte Richard Chemla, adjoint au Maire de Nice, vice-président en charge de la Transition environnementale au sein de la Métropole Nice Côte d'Azur. Mais pour lui, cela devra s'accompagner d'une sensibilisation et d'un travail d'éducation auprès des plus jeunes. « Il faut que l'on comprenne qu'il ne s'agit pas de sauver la planète, mais de sauver les hommes. C'est bien notre survie qui est en jeu. »

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