Nice Climate Summit : comment l’aviation relève le défi de la décarbonation

Que ce soit les compagnies aériennes – qui font évoluer leurs flottes d'appareils et adoptent, entre autres, le carburant d'aviation durable – ou les aéroports – qui revisitent la façon dont ils fonctionnent –, l'écosystème tout entier œuvre désormais à la décarbonation. Les différentes actions ont été détaillées lors d'une table ronde réunissant Olivier Mazzucchelli, président de Transavia France, Franck Goldnadel, président du directoire des Aéroports de la Côte d'Azur, Dirk Hoke, directeur général de Volocopter et Jo Dardenne, directrice aviation de Transport et Environnement, à l'occasion du Nice Climate Summit ces 28 et 29 septembre.
(Crédits : DR)

Alors qu'il y a encore quelques années - du fait, peut-être, que le transport aérien ne représente qu'environ 2 % du total mondial des émissions de gaz à effet de serre -, ce secteur se demandait s'il fallait décarboner les activités, « aujourd'hui, la nécessité ne fait plus de doute et la question est plutôt comment faire et à quel rythme », se félicite Jo Dardenne, directrice aviation de Transport et Environnement, une fédération européenne d'ONG. Le plus vite sera le mieux. Le « comment » est plus compliqué, même si de nombreuses initiatives sont déjà lancées. Le challenge est désormais de les massifier, afin obtenir le plus d'impact possible.

Accroître la production de SAF

Ainsi, l'un des enjeux, pour les courts et moyens courriers, est d'accélérer l'électrification des avions ou leur fonctionnement à l'hydrogène. Pour les vols longs courriers, les plus émetteurs de CO2, c'est sur le carburant durable, appelé SAF pour sustainable aviation fuel, que parie le secteur. A base de déchets agricoles, alimentaires ou industriels, ces carburants ont été d'abord conçus pour être mélangés au kérosène. Toutefois, certains moteurs d'avion peuvent désormais fonctionner avec 100 % de ce carburant alternatif. Mais encore faut-il en trouver. Pour l'heure, en effet, « faute de volonté politique au niveau européen, il n'y en a pas assez pour tout le monde », précise Olivier Mazzucchelli, président de Transavia France, filiale du groupe Air France-KLM. Lequel considère que ce carburant nouvelle génération n'est qu'une solution parmi d'autres et qu'il ne faut pas omettre les efforts « d'écopilotage qui permettent d'optimiser les routes et de réduire ainsi les besoins en carburant et les émissions ». La compagnie a, ainsi, signé un protocole d'accord avec TotalEnergies pour se faire livrer, dès cette année, 800.000 tonnes de SAF. Elle ambitionne d'en utiliser, en 2030, au moins 10 % (contre un usage d'environ 1% de la part des compagnies françaises aujourd'hui, en accord avec la réglementation) pour sa flotte. Une flotte qui a d'ailleurs été en partie renouvelée, pour accueillir, entre autres, des Airbus A320neo, plus efficaces en termes de consommation de carburant réduisant ainsi de 15 % les émissions de CO2. Mais l'idée est bien d'accroître sensiblement la production de SAF, grâce à une vraie filière industrielle - sans répéter les erreurs du passé sur les biocarburants de première génération. Produits à partir de matières premières agricoles comme le maïs entrant en concurrence avec l'alimentation humaine ou animale, ils s'étaient en effet révélés peu durables...

Et bien sûr, les aéroports devront eux aussi se convertir au SAF, ne serait-ce que pour le stocker et le tenir à disposition des compagnies aériennes. C'est ce qu'a l'intention de faire le Groupe Aéroports de la Côte d'Azur en consentant des investissements lourds, estime Franck Goldnadel, président du directoire. En outre, Aéroports de la Côte d'Azur, qui, avec Nice et Cannes, est le deuxième plus grand hub de transport aérien en France, transforme toutes ses infrastructures, dans le but d'atteindre la neutralité carbone. Cela passe en particulier par l'utilisation d'énergies renouvelables pour chauffer ou refroidir les terminaux et l'électrification des véhicules qui amènent les bagages sur les pistes ou tirent les avions. Des recettes déjà en partie mises en œuvre.

Il n'y a donc pas qu'une seule solution, ni une seule technologie. Au-delà des infrastructures, de l'avion à hydrogène, électrique ou fonctionnant au SAF, Dirk Hoke, directeur général de la société allemande Volocopter, a voulu, lui, mettre en avant une autre solution pour du « très court courrier », le eVTOL, un taxi aérien électrique. Une technologie qui intéresse aussi les aéroports, pour offrir ce service aux passagers et déjouer ainsi les embouteillages...

Investissements colossaux

Reste enfin les investissements. Ils devront être colossaux, d'autant que le trafic aérien devrait largement s'accroître à l'avenir. Si Jo Dardenne milite pour la sobriété, qui doit aller de pair avec la décarbonation, dit-elle, et pour des taxes, de nature à favoriser une action plus soutenue de la part de l'Etat, les professionnels réunis lors de ce débat renâclent, au contraire, jugeant ces ponctions contre-productives pour leurs investissements...

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