L'environnement au cœur de la phase II du plan Action Cœur de ville

Le sujet de l'environnement était déjà présent dans la phase du plan Action cœur de ville couvrant la période 2017-2022, avec notamment la réhabilitation de friches ou la rénovation thermique de bâtiments publics. Dans la seconde phase, promet le directeur régional de la Banque des territoires en Provence-Alpes-Côte d'Azur, il sera « sur le haut de la pile », pour faire des villes moyennes des laboratoires de la ville de demain. Des villes dont il s'agit désormais de soigner non seulement le centre, mais aussi les entrées et quartiers de gare.
Grasse, l'une des treize villes accompagnées dans le plan Action cœur de ville en région.
Grasse, l'une des treize villes accompagnées dans le plan Action cœur de ville en région. (Crédits : DR)

Comment permettre aux villes de se développer sans condamner les forêts et terres agricoles alentours ? C'est afin de relever ce dilemme que certaines communes se penchent sur la question de la réhabilitation de bâtiment existants. A l'instar de l'ancienne caserne de Briançon. Composée de quatre bâtiments abandonnés depuis plusieurs décennies, elle s'apprête à offrir à la ville une auberge de jeunesse et un hôtel quatre étoiles, en plus d'une cité administrative. Un projet ambitieux, qui aurait eu bien du mal à trouver financeur sans le plan Action cœur de ville.

« Il est plus coûteux et plus difficile de réhabiliter un bâtiment ancien que d'en construire un nouveau. Et à Briançon, les retombées ne sont pas évidentes pour un investisseur classique », observe Alexis Rouque, directeur régional de la Banque des territoires en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Un risque qu'il fallait prendre pour enclencher un mouvement de sobriété foncière, essentielle pour préserver les terres, la biodiversité et pour consommer moins de matériaux.

Une réponse à l'étalement urbain

« L'enjeu de la transition écologique était très déjà sous-jacent dans la phase I d'Action cœur de ville. Redynamiser ces centres-villes est une façon de remédier à l'étalement urbain. Les villes que nous accompagnons sont de beaux laboratoires de la ville de demain ». Et de citer également la rénovation énergétique des bâtiments publics ou la végétalisation d 'espaces, perçue comme une réponse au besoin d'adaptation des villes au réchauffement climatique avec la constitution d'îlots de fraîcheur.

Et avec la phase II du plan (2023-2028), qui concernera les mêmes treize villes que la phase I, la question environnementale ne se contentera plus d'être sous-jacente, indique Alexis Rouque, « elle sera sur le haut de la pile ».

Ainsi, la réhabilitation de friches devrait être amplifiée, s'appuyant sur les savoir-faire acquis en phase I, de même que la rénovation de bâtiments publics grâce aux fonds Vert et Friches qui seront davantage mobilisés. « Les enjeux de renaturation seront forts également ». À la fois pour générer des îlots de fraîcheur dans les villes et pour permettre une meilleure absorption des eaux de pluie, afin de prévenir les inondations. « Toutes les collectivités sont amenées à s'approprier ces sujets. Pour des villes moyennes, il est plus facile de les traiter ».

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Entrées de ville et quartiers de gare

Des enjeux qui concerneront évidemment les centres-villes mais aussi les entrées de ville et les quartiers de gare sur lesquels veut désormais se pencher Action cœur de ville. « Les entrées de ville se portant parfois mal elles aussi. Avec des enjeux de densification, de renaturation, de dynamisme commercial ». La ville de Grasse compte bien s'en saisir. De même que celle de Briançon : « Notre entrée de ville manque de cohérence », explique Arnaud Murgia, le maire de la ville. « Nous avons une station service désaffectée depuis vingt ans. Une ancien hôtel inactif depuis trente ans que nous n'avons pas réussi à réhabiliter car le propriétaire ne voulait pas le céder. Cela fait vingt ans que mon prédécesseur a commencé à s'y attaquer. Nous allons faire appel à l'ingénierie d'Action cœur de ville pour démêler cela ».

Quant aux quartiers de gare, « nous devons nous diriger vers une augmentation de l'usage des transports en commun », explique Alexis Rouque. « Pour cela, il nous faut davantage d'infrastructures. Beaucoup de villes créent dont une seconde centralité autour de la gare, des pôles multimodaux avec des bureaux, des habitations... Nous devons accompagner et maîtriser cette dynamique ».

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Eviter la gentrification

Dans ces quartiers comme dans les centres-villes, Action cœur de ville devra éviter certains écueils et assurer certains équilibres, que souligne Alexis Rouque. « Une grande inconnue est la capacité à positionner des emplois dans ces villes tout en gardant les ménages modestes qui y vivent. Ces villes se sont paupérisées et ont ainsi attiré des personnes qui ne pouvaient pas se loger ailleurs ». Une paupérisation des ménages qui va de pair avec une dégradation de l'offre commerciale. Entraînant une désertification de ces territoires. En y remédiant, le risque est de provoquer un phénomène de « gentrification. Il nous faut donc créer les conditions d'une mixité sociale en attirer des ménages plus jeunes tout en gardant les populations présentes ». Preuve qu' « Action cœur de ville est un enchevêtrement d'enjeux écologiques, économiques, urbains, architecturaux et sociaux... »

Des enjeux qu'il s'agit de décentraliser. A l'échelle des villes moyennes, puis désormais des petites villes à travers le plan Petites villes de demain lancé en 2020 et ciblant des communes de moins de 20.000 habitants. Soixante sont concernées en Provence-Alpes Côte d'Azur. Un nouvel enjeu...

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