« La Région Sud attire les entreprises grâce à son organisation structurelle et financière » (Renaud Muselier)

Première région dotée d’un budget 100% climat, Provence Alpes Côte d’Azur s’est très tôt distinguée par la COP d’avance voulue par son président, Renaud Muselier. Une région qui a pris à bras-le-corps le sujet de l’attractivité décarbonée, un pari réussi si on considère l’installation prévue de la gigafactory solaire Carbon et qui est le signe de la place que prennent les territoires dans la volonté d’industrialisation de la France. L’écosystème étant fondamental, dit encore Renaud Muselier.
(Crédits : J3G)

C'est la sortie des Etats-Unis et de leur président d'alors, Donald Trump, des Accords de Paris qui est le déclencheur de la prise de conscience de Renaud Muselier, alors tout juste élu à la tête de la Région Sud, de sa capacité à agir concrètement sur son territoire. Ainsi naît la « COP d'avance », fil rouge qui sous-tend l'action régionale dotée désormais d'un budget 100% climat, une première européenne.

Pour agir, il faut pouvoir appuyer les volontés d'un point de vue financier. Et Renaud Muselier de rappeler que l'organisation « administrative et politique menée avec ma majorité, fait que nous sommes passés globalement de 300 millions d'euros sous l'ère de Michel Vauzelle (ancien président du conseil régional NDLR) à 5 milliards d'euros. Et nous sommes sur la phase de 10 milliards d'euros. Nous sommes la première région française en termes de captation des fonds européens et dans les dix premières d'Europe ».

Jouer l'avantage concurrentiel

Outre les fonds européens, le Contrat de Plan Etat-Région permet également de faire des choix d'organisation territoriale. Un CPER qui a été doublé, atteignant 5,2 milliards d'euros. « Nous allons injecter d'ici la fin du mandat en 2028, 30 milliards d'euros dans la région », précise Renaud Muselier. Ce qui, dit-il aussi, permet de se dire « que dans le cadre de France 2030, on est capable de tout faire. Et est arrivé Carbon. Nous n'étions même dans les 10 premiers... Et l'usine s'installe ici ». La preuve concrète dit encore Renaud Muselier que la « région devient attractive car elle met son organisation structurelle, financière au service de l'entreprise et des entrepreneurs ».

Et il ne faut pas s'y tromper estime Jérôme Fourquet, « la concurrence est de plus en plus vive et se joue au niveau international pour attirer les investisseurs, les étudiants », le directeur du pôle « opinion et stratégie d'entreprise » au sein de l'IFOP citant l'IRA mis en place par les Etats-Unis ou encore l'importance donnée aux différents classements internationaux, tel le classement de Shanghai. « Les régions qui proposent un cadre de vie agréable et qui s'inscrivent dans la bifurcation écologique, ont un avantage concurrentiel évident ».

Pour la numéricienne, spécialiste des algorithmes, Aurélie Jean, l'acculturation scientifique est indispensable pour éviter ce qui serait de la manipulation autrement appelée greenwashing, une acculturation, « un avis éclairé qui permet de décider où flécher les investissements ». Mais il faut aussi savoir investir dans la data, aller chercher la bonne information. Sauf que cela coûte cher, dit encore l'auteure de Résistance 2050, et « sans le soutien de l'Etat et des entreprises privées nous n'arriverons pas à percer dans les domaines scientifiques et techniques », alors que cela est indispensable car cela s'inscrit en complément des changements de comportements.

Ne pas freiner l'innovation

Sauf que si avoir une volonté c'est bien et indispensable, le passage à l'échelle pratique est parfois bien moins aisé que ce qu'il paraît. Des freins, notamment d'ordre administratif que souligne Philippe Renaudi. « Les entreprises aujourd'hui sont moteurs sur la transformation, comme le sont les collectivités. Nous avons besoin d'un leader économique, qu'est la Région. C'est elle qui a l'initiative et les moyens financiers. Mais les entreprises sont confrontées aux difficultés administratives. Celles qui souhaitent opter pour l'autoconsommation, l'administration leur met les bâtons dans les roues. Cette transition écologique doit être faite mais ceux qui nous demandent de la faire, bloquent le système », regrette et dénonce à la fois le président de la Chambre régionale de commerce et d'industrie. Qui appuie sur le volet formation, élément pas moins important de l'attractivité, qui peut être un frein si pas à la hauteur des besoins et attentes des entreprises autant exogènes qu'endogènes.

« L'écosystème est fondamental », appuie Renaud Muselier. Le président de la Région Sud qui prévient de faire attention aux extrêmes, « à ceux qui veulent tout interdire », estimant qu'il ne faut pas « briser l'évolution technologique et qu'il faut fixer des calendriers ».

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