“Le BIM peut faire encore peur” (BIM Team)

Fondée en 2020, l’agence basée à Nice et spécialisée dans le BIM cherche à démocratiser l'utilisation de cette méthode de gestion numérique des projets immobiliers, de la construction-rénovation à l’exploitation maintenance d’ensembles patrimoniaux. Elle s’inscrit sur un marché émergent appelé à se développer rapidement, porté notamment par la multiplication des projets complexes et la politique du ZAN.
(Crédits : DR)

300.000. C'est le nombre de mètres carrés rétro-modélisés pour le compte de l'université de la Côte d'Azur dans le cadre de la mise en place d'un outil de gestion maintenance assistée par ordinateur (GMAO) de son patrimoine immobilier. Soit 15 campus, répartis entre Menton et Toulon, comprenant 85 bâtiments de taille et typologie différentes. L'idée : faire de la maintenance préventive plutôt que curative, et ainsi réduire la facture liée à l'entretien de cet ensemble patrimonial, parfois d'exception, qui se chiffre à 4 millions d'euros par an. A la manœuvre, l'agence niçoise BIM Team, née en 2020 avec l'objectif d'investir le marché encore émergent du BIM, mais dont les perspectives s'annoncent alléchantes. Une sorte "d'aiguillon", dixit ses dirigeants associés, Jean-Baptiste Griesmar et Amine Boughzala, qui vise à faire bouger les lignes dans un secteur - le bâtiment - encore conservateur.

Changement de paradigme

"Le BIM en général fait peur parce que l'on ne sait pas ce que c'est. C'est un changement de paradigme et de mentalité", explique Jean-Baptiste Griesmar. Acronyme de Building Information Modeling, mais aussi Management et Model, le BIM est une méthode de gestion des projets de construction basée autour de la maquette numérique 3D contenant des données fiables et structurées. Celles-ci, en fonction des besoins du maître d'ouvrage, s'ajoutent les unes aux autres, comme les étages d'une fusée, et renseignent sur le phasage du chantier (BIM 4D), le coût (BIM 5D), les solutions énergétiques (BIM 6D), jusqu'au TQC (Tel Que Construit) pour la maintenance et l'exploitation (BIM 7D). Avec comme finalité, l'optimisation, que ce soit du temps, des ressources, du coût, de l'entretien...

Très en vogue dans les pays anglo-saxons, obligatoire à Monaco et au Luxembourg, le BIM s'installe doucement mais sûrement en France par le biais de projets d'importance et complexes portés par les institutions, opérateurs, pouvoirs publics et propriétaires de grands ensembles immobiliers patrimoniaux. "Il y a une question d'échelle importante dans le monde du BIM, indique Amine Boughzala. La dynamique ne peut venir que d'en haut". A l'image du ministère de l'Intérieur qui a fait appel à BIM Team pour la rétro-modélisation de l'hôpital Saint-Roch, appelé à devenir le futur hôtel de police de Nice. Un projet chiffré à 214 millions d'euros. La ville de Mougins, aussi, s'est rapprochée de l'agence pour obtenir des relevés BIM de son centre historique. Ou encore la SNCF, dans le cadre d'un projet de réhabilitation d'un de ses bâtiments à Nice. L'entreprise répond aussi à des appels d'offres en dehors des frontières régionales, comme celui émanant du port du Havre, à la recherche d'un BIM manager pour synthétiser et gérer l'ensemble des maquettes relatives à l'extension de l'infrastructure portuaire normande.

Jumeaux numériques

"Dans la plupart des cas, il s'agit de rétro-modéliser l'existant, c'est-à-dire de réaliser des jumeaux numériques à partir desquels sont développés des projets d'extension, de surélévation, de restructuration..." Un segment de marché, porte d'entrée du BIM, dynamisé par la politique du ZAN (Zéro artificialisation nette) et son corollaire, le développement de la ville sur la ville. "C'est une contrainte qui porte la techno car pour construire l'existant, il faut d'abord le connaître."

Reste toutefois à lever encore quelques freins. Ceux liés à la question assurantielle, par exemple, dans le cas d'une donnée erronée qui aurait entraîné un dommage : "Qui est responsable des données, de la propriété intellectuelle de la maquette ?". Autre point, celui de la formation, encore trop peu développée face aux besoins à venir. Le CESI vient d'en ouvrir une à Aix-en-Provence. Un projet d'ouverture à Nice est en réflexion. Et les dirigeants de prévenir : "Nous sommes sur un marché émergent mais extrêmement concurrentiel, avec très peu d'acteurs et des opérations de taille relativement importantes. D'où la délocalisation des compétences, par certaines structures, dans des pays à bas coûts. C'est une perte de valeur qu'il conviendrait d'enrayer". A bon entendeur...

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