«Les entreprises cherchent à réduire leurs externalités négatives mais elles ne remettent pas forcément en cause leur modèle d’affaires » (Olivier Bret, Convention des entreprises pour le climat Provence Corse)

Si les entreprises veulent prendre part à la transition écologique (et y résister), elles devront changer leur modèle économique. Telle est la conviction de la Convention des entreprises pour le climat, qui dispose d'une déclinaison locale en régions Sud et Corse. Un territoire sur lequel la Convention est parvenue à embarquer 60 entreprises dans un parcours devant les conduire à une transformation ambitieuse d'ici 2030.
(Crédits : DR)

Un tsunami environnemental. Voilà ce qui se trame si l'humanité n'agit pas assez vite (et assez fort) pour réparer le réchauffement climatique et l'érosion de la biodiversité qu'elle a elle-même enclenchés. Contre ce tsunami, toutes les forces sont nécessaires. Celles de pouvoirs politiques, des instances internationales aux États sans oublier les collectivités locales. Celles de chaque citoyen. Mais aussi bien sûr celles des entreprises.

Beaucoup en ont conscience. Et tentent d'agir au travers d'une politique RSE devenue essentielle pour convaincre clients et investisseurs. Mais suffira-t-il de planter des arbres et de mieux trier ses déchets ? « Les entreprises cherchent à réduire leurs externalités négatives, mais elles ne remettent pas forcément en cause leur modèle d'affaire », observe Olivier Bret, co-organisateur de la Convention des entreprises pour le climat Provence-Corse. C'est justement à cela que veut les emmener l'association, à travers un parcours mêlant sensibilisation et réflexion.

Soixante entreprises mobilisées sur le territoire

Un parcours qui est au départ national. Mobilisant 150 entreprises de toutes tailles et de tous secteurs. « Cela a été un grand succès. Nous avions donc en tête de démultiplier cette initiative partout en France ». De sorte que cinq projets de conventions régionales ont émergé. Dont un en régions Sud et Corse, porté par d'anciens participants à la Convention nationale, parmi lesquels Kaporal, Redman ou encore l'agence de communication e+p.

Dans leur sillage : soixante entreprises du territoire, de tailles et d'activités très diverses, représentées par 120 dirigeants. Parmi elles, on peut citer Onet, Mao Boa, Pulpe de vie, ou encore Corsica Linea. « Ces 60 entreprises génèrent un chiffre d'affaire annuel de 7 milliards d'euros, et emploient 105 000 salariés. C'est un très beau panel de dirigeants tous prêts à larguer les amarres ».

Conduire les entreprises à transformer en profondeur leur modèle économique

En embarquant dans cette aventure, les dirigeants de ces entreprises s'engagent dans un parcours de six sessions étalées sur dix mois. Au programme : sensibilisation et mise en place d'une feuille de route pour transformer en profondeur leur modèle économique.

« Lors de la Convention nationale, nous comptions parmi nos participants Renault Trucks. Ce fabricant de camions a un économie volumique -plus ils produisent de camions, plus ils gagnent de l'argent- et extractive puisqu'ils consomment de la matière première et de l'énergie. Au fil du parcours, il se sont dit qu'ils pourraient devenir un opérateur de mobilité dont le rôle pourrait être de transporter des marchandises ». Avec des camions plus durables et, pourquoi pas, des vélos cargos. « C'est un changement de paradigme où on considère qu'il n'est pas nécessaire de produire plus et de vendre plus pour créer de la valeur ».

Un changement nécessairement systémique

Pour aider ces entreprises dans leur cheminement, la Convention des entreprises pour le climat s'appuie sur divers partenaires nationaux et locaux. Parmi eux, des partenaires économiques comme les Chambres de commerce de d'industrie, comme Rising Sud ou encore Provence Tourisme, essentiel pour opérer « un changement systémique ». « Si les entreprises agissent seules dans leur coin, cela ne marchera pas. Elles doivent changer avec toutes leurs parties prenantes, ce qui inclut aussi leurs clients, leurs salariés et leurs fournisseurs ». Indispensable pour opérer le passage « d'une économie extractive à une économie régénérative ».

L'association s'appuie également sur les nombreuses autres structures actives sur le sujet de la transition écologique, qu'il s'agisse « d'associations qui travaillent sur les constats scientifiques ou sur la transition économique comme le Shift Project ». Des structures complémentaires qui apportent leur expertise en intervenant dans le parcours proposé aux dirigeants d'entreprises.

Des dirigeants qu'Olivier Bert aimerait voir se muer en « ambassadeurs », diffusant partout sur le territoire ces nouveaux modèles économiques régénératifs. Pour des enjeux évidents de long terme. Mais aussi dès l'horizon 2030 que visent les feuilles de route établies dans le cadre du programme. « La transition écologique est un enjeu de pérennité pour les entreprises. Le monde va être de plus en plus contraint. Les investisseurs sont de plus en plus attentifs aux engagements des entreprises. Et quand on veut recruter, il faut montrer que les emplois qu'on propose ont un sens, qu'on est vraiment dans l'action et pas dans le greenwashing ».

Autant d'arguments censés convaincre un plus grand nombre d'entreprises de se remettre profondément en question et de rendre leur modèle économique plus en phase avec les enjeux écologiques. Pour « créer une vague qui puisse se propager ». Suivie peut-être d'une seconde dès 2024, avec la mise en place d'une deuxième convention sur le territoire.

Replay ici.

Un acteur économique chaque semaine

Pour rappel, depuis ce début novembre, La Tribune et BFM Marseille s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

La chronique est animée par Sophie Hebrard pour BFM Marseille et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.

BFM Marseille Provence : canal 30 de TNT Régionale, les box canal 284/516 (SFR), 375 (Orange), 362 (Bouygues), 916 (Free), sur bfmmarseille.com, en replay sur la plateforme gratuite VOD "RMC BFM PLAY" et l'application dédiée à télécharger.

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