Le place portuaire de Marseille volontariste face au défi de la pollution de l'air

L'autorité portuaire ainsi que plusieurs compagnies maritimes s'engagent pour poursuivre le développement de l'activité économique tout en limitant leur impact sur la qualité de l'air. L'électrification des quais est l'un des projets les plus symboliques de cette démarche, mais d'autres solutions sont mises en place comme le choix des carburants.
(Crédits : DR)

La cohabitation entre une activité industrielle et un bassin de vie est souvent complexe. Forcément, le port de Marseille-Fos n'échappe pas à la règle. Car son cœur historique qui se qualifie désormais de "bassins Est" longe une bonne partie de la deuxième plus grande ville de France. Forcément les riverains n'apprécient guère et ce sont notamment les paquebots de croisière qui sont en ligne de mire. "On attire l'œil", reconnaît Marie-Caroline Laurens, directrice générale de la Clia Europe, l'association internationale des compagnies de croisières. Au point que la mairie de Marseille elle-même demande une restriction de l'activité.

Les photos des navires dont des grosses fumées s'échappent passent mal en effet. Mais plus que des images, les données sont là aussi. Les études de l'association Atmosud, qui mesure la qualité de l'air, estiment que ces bateaux émettent 38% des émissions d'oxyde d'azote. Soit presque autant que le trafic routier (42%). Des chiffres que contestent les représentants des croisières. Du côté du GPMM, le président Hervé Martel se montre plus neutre, reconnaissant de fait que l'activité maritime engendre une pollution. "Les acteurs montrent qu'ils ne restent pas insensibles aux critiques", souligne-t-il. Car le sujet est pris en main par la place portuaire marseillaise depuis plusieurs années. Depuis 2016, pour rappel, le port de Marseille a mis en place l'électrification des bateaux à quai pour les navires.

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Le GNL, une des solutions, mais pas la seule

Le projet phare est celui de l'électrification des quais pour ces mêmes bateaux de croisières. De quoi permettre aux navires stationnés dans les bassins Est de ne plus laisser tourner le moteur pour pouvoir utiliser certains services à bord. "C'est un énorme projet", se réjouit Marie-Caroline Laurens qui estime que les armateurs ont équipé leurs navires mais que les ports doivent suivre. "Au niveau mondial, 28 ports sont équipés et parmi eux 11 sont en Europe et tous dans le Nord", enchaîne-t-elle. Pour Marseille, la mise en service est prévue pour 2025.

Au-delà de l'activité de croisière, cette électrification doit aussi concerner le terminal ferry du cap Janet pour sa mise en service l'année prochaine. Hervé Martel rappelle également que la volonté est d'en doter également la réparation navale, tout comme la future gare maritime pour croisière de luxe prévue au pied du Mucem.

Le choix des carburants joue aussi son rôle. Le gaz naturel liquéfié (GNL) a notamment pris de plus en plus de place. Bien que son efficacité soit moins bonne que prévu sur l'aspect de l'impact environnemental "à l'échelle locale, cela apporte un gain immédiat pour les populations". Tous les acteurs s'accordent à voir dans le GNL, l'une des solutions. Car "la solution ne sera pas unique mais plurielle", prévient Mathieu Stortz, directeur général adjoint opérations chez Elengy. Le méthane et ses déclinaisons comme l'e-méthane sont notamment évoqués. Et l'hydrogène ? Cette énergie est exclue pour les grands navires car trop gourmande en espace.

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La Méditerranée française en avance

L'importance du carburant est en tout cas au cœur de la réglementation de l'organisation maritime internationale (OMI). Cette instance des Nations unies qui légifère la circulation en mer a approuvé en juin dernier une zone Seca en Méditerranée. En clair, les navires devront utiliser un combustible dont la teneur en soufre ne dépasse pas 0,1% à partir de 2025.

Un délai que les acteurs portuaires locaux et l'Etat disent ne pas vouloir attendre. Une charte a été signée ce jeudi à l'occasion du Blue Maritime Summit organisé par le club de la croisière Marseille Provence, le GPMM, l'UMF et le comité marseillais des armateurs de France, dans la Cité phocéenne. Le document liste treize engagements qui s'appliquent sur la côte méditerranéenne française pour que "la réduction de la pollution atmosphérique par les navires via l'utilisation de carburant à teneur réduite en soufre soit mise en place dès 2023. Par ailleurs, les navires de croisière adapteront leur activité en cas de pic de pollution à terre".

"Que ce soit par rapport à la zone ou le nombre d'acteurs engagés, ce qui se passe à Marseille est inédit à l'échelle du monde", insiste Hervé Berville, secrétaire d'Etat auprès de la Premier ministre, chargé de la Mer. La charte n'étant pas contraignante, le membre du gouvernement mise sur le "name and shame" autrement dit fustiger les mauvais élèves. Une méthode possible grâce aux deux autres accords signés permettant au Pôle Mer Méditerranée de mesurer avec plus de précision les émetteurs de pollution. Des données qui doivent être transmises au port "pour se projeter dans l'avenir en connaissant l'impact des mesures prises", explique Hervé Martel, mais aussi au grand public. Un moyen de mettre la pression sur ceux qui ne respecteraient pas les règles.

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