Pernod-Ricard : les recettes d’une croissance record

Le groupe, qui a relocalisé le siège social France à Marseille, a publié ses résultats pour l’exercice 21-22 faisant état d’une hausse du chiffre d’affaires de l’ordre de 21%, portant ce dernier à 10,7 milliards d’euros. Une « excellence performance » pour le numéro deux mondial des vins et spiritueux qui possède un large portefeuille de marques. L’innovation étant, tout autant, un levier de croissance et de prise de parts de marché.
(Crédits : Regis Duvignau)

Dans un contexte économique tendu et une rentrée qui fragilise le moral des chefs d'entreprises, les bons résultats de certains groupes sont de nature à gommer la morosité ambiante. Avec une « excellente performance », dixit le groupe lui-même, Pernod-Ricard est de ceux-là.

Les résultats annoncés ce 1er septembre font état d'une croissance du chiffre d'affaires de 21%, portant celui-ci à 10,7 milliards d'euros. Un chiffre d'affaires qui croît dans toutes les régions du monde avec le même rythme, +12% en Amérique, +19% pour l'Asie et le reste du monde, +19% également pour l'Europe.

Une bonne raison pour donner le sourire à Alexandre Ricard, le PDG du groupe pour qui la performance réalisée est tout à la fois « record, diversifiée et durable ».

La diversification, mère de tous les succès

Et de fait, Pernod-Ricard réussit à engranger une croissance à la fois dans toutes les régions du monde, par toutes les catégories, les segments de prix, les canaux de distribution, tout autant que sur les marchés émergents et les marchés matures. Une sorte d'équilibre parfait. On notera que si le travel retail a retrouvé des couleurs, tiré, logiquement par la reprise des déplacements et voyages - il est même l'un des facteurs du bon comportement de la marque sur le marché européen - le petit bémol se situe sur les vins stratégiques, en recul de 4%, ce que le groupe explique pour partie par la faible récolte en Nouvelle-Zélande.

La diversification - et ce n'est pas un hasard si Alexandre Ricard le mentionne comme l'une des raisons de la bonne performance du groupe - est l'une des spécificités de Pernod-Ricard, dont le portefeuille comprend 17 marques parmi les 100 marques les plus prestigieuses et de 240 marques premium distribuées sur 160 marchés. Des marques qui touchent des cibles variées et donc complémentaires, allant du pastis Ricard à la vodka Absolut, du rhum Havana Club à la liqueur Malibu, des champagnes Mum au scotch whisky Chivas Regal...

La diversification qui est toujours la meilleure façon d'affronter les crises, changements et évolution des habitudes de consommation. C'est d'ailleurs aussi pour répondre à cette évolution de la consommation que le groupe s'appuie sur l'innovation. Multiple forcément.

Se rapprocher du consommateur

Mais qui commence par la R&D. Comme cet intérêt pour les eaux pétillantes alcoolisées que l'on appelle plutôt hard seltzers et qui a connu un succès puissant aux Etats-Unis ou en Angleterre. Pernod-Ricard s'est engouffré dans ce nouveau créneau lui donnant le nom de Bewiz, s'appuyant sur le procédé naturel de fermentation de poire, associant fleurs et plantes pour trois versions, disponibles et distribuées en canette. Un produit qui permet de toucher une clientèle plus jeune mais aussi une clientèle qui ne perçoit pas forcément Pernod-Ricard sous tous ses aspects.

C'est aussi pour se rapprocher du consommateur qu'ont été initié des concepts-stores, sorte de vitrines grand public. L'une, Drinks&Co, est installée à Paris non loin de la gare Saint-Lazare, tandis que l'autre est sise au sein des Docks, à Marseille, avec un lieu baptisé Mx, qui célèbre l'anis, élément indissociable du pastis.

Mais l'innovation c'est aussi le numérique et le déploiement de sa Conviviality Plateform, plateforme qui s'appuie sur l'analyse de la data, l'objectif étant pour le PDG de développer la convivialité grâce aux données précieusement recueillies et analysées. Dans le même esprit, un dispositif d'étiquetage digital a été lancé, pour une phase pilote, en juin dernier. Il doit permettre de mieux informer le consommateur sur les produits acquis et sur la consommation responsable, dont, outre des informations nutritionnelles, des informations sur la consommation d'alcool et les risques associés, enrichi d'indications selon les spécificités des différents Etats où les produits Pernod-Ricard sont distribués.

La RSE, élément de l'ADN familial... et de la stratégie

Mais on ne saurait négliger la dimension RSE. Qui fait évidemment partie de l'ADN du groupe, Paul Ricard, le fondateur de l'entreprise familiale étant connu pour son implication dans la protection de l'environnement - on lui doit l'institut océanographique basé dans le Var, sur l'île des Embiez - à une époque où ce n'était pas une préoccupation. Sur ce point, Pernod-Ricard a dressé une feuille de route - « Good Times from a Good Place » - à horizon 2030 qui s'aligne sur les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. Pernod-Ricard qui s'est aussi engagé, entre autres, dans la relance de la culture du fenouil sur le plateau de Valensole, en Haute Provence et en Normandie.

Si l'exercice 2021-2022 donne donc toute satisfaction, Alexandre Ricard indique dans un communiqué rester confiant, malgré « un environnement économique difficile et instable (...) dans l'atteinte de nos objectifs financiers à moyen terme 2023-2025 grâce à nos avantages concurrentiels et à la mise en œuvre rapide de notre transformation digitale ».

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