Ce « rebond partiel » que la Banque de France prévoit dans le Sud

Après une année 2020 qui a fait subir aux entreprises régionales « un choc sans précédent », un redémarrage de l’activité dès 2021, sans pour autant retrouver son niveau d’avant crise, semble se profiler. L’emploi devrait légèrement augmenter. Quant à l’investissement des entreprises, il ne devrait concerner que des dépenses obligatoires, la prudence restant de mise, au moins jusqu’à l’été.
(Crédits : DR)

« La Région Sud a fait face à une tempête très très forte. On n'a jamais vu d'effets dévastateurs si importants. Mais elle a aussi montré une très forte capacité de rebond », assure Bernard Benitez, adjoint au responsable des affaires régionales PACA de la Banque de France, en se fondant sur une enquête menée auprès de 954 entreprises locales.

« L'économie a fait face à une crise de l'offre et de la demande ». De l'offre de par le coup de frein imposé aux capacités de production, puis de la demande, du fait du confinement qui a limité les possibilités d'achats. Parmi les secteurs les plus touchés localement : les services marchands qui constituent une part importante de l'activité régionale et ont subi une perte de 11 % de leur chiffre d'affaire. L'industrie a un peu mieux accusé le coup (-7,4%). Quant à la construction, la perte est évaluée à -9,3 %.

Ces secteurs à la hausse attendue

Il n'empêche que les entreprises du territoire tentent de reprendre le rythme et un « rebond partiel » de l'activité est attendu dès 2021.

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Ainsi, l'activité devrait repartir à la hausse à la fois dans les services (+7,3%), dans la construction - très à l'écoute du plan de relance - (+5,1%) ainsi que dans l'industrie (+6,2%). L'export, fortement mis à mal en 2020 devrait se redresser en 2021, y compris dans l'industrie où il serait porté notamment par une forte demande chinoise et américaine en matière de composés électroniques à forte valeur ajoutée. L'agroalimentaire et la chimie métallurgie devraient aussi connaître une embellie.

Néanmoins, dans tous les secteurs, cette progression ne suffira pas à couvrir les pertes de 2020.

Emploi stabilisé, investissement en baisse

En matière d'emploi, les entreprises pourront s'appuyer sur des compétences que les dispositifs d'activité partielle ont permis de maintenir en leur sein, la perte d'emplois ayant surtout concerné les contrats précaires, CDD et intérimaires. Faute de visibilité et en raison de capacités de production qui ne devraient pas encore être utilisées à pleine régime, l'emploi devrait rester stable dans l'industrie et la construction, en légère hausse dans les services marchands (+1%).

De la même manière, l'investissement devrait se limiter aux dépenses obligatoires de maintenance et de mise aux normes dans l'industrie où une hausse de 7,5 % est envisagée. En revanche, il s'annonce en baisse dans la construction (-2,8% pour l'ensemble du secteur, dont -17 % pour le gros œuvre) et dans les services marchands (-15%, dont -25 % dans le transport entreposage, 623 % dans l'information communication).

Insuffler la croissance pour concrétiser le rebond

Attention toutefois, il s'agit de prévisions à prendre avec précautions tant les perspectives sanitaires demeurent floues, en premier lieu pour les entreprises interrogées qui tablent tantôt sur des effets de rattrapage, tantôt sur des opportunités offertes par le plan de relance, et ont du mal à prévoir l'évolution du contexte sanitaire.

Pour Maurice Wolff, vice-président de la CCI métropolitaine Aix-Marseille Provence, ce rebond potentiel de l'activité repose sur plusieurs facteurs. Il souligne notamment les enjeux autour des fonds propres des TPE et PME. « Elles en avaient déjà peu avant la crise. Là, leur endettement a explosé. Il faut que le gouvernement soit vigilant dans la phase de redémarrage » Et d'alerter sur le risque que représenterait un retrait brutal des aides à destination des entreprises.

Il tient aussi à ce que circulent des messages de confiance auprès des entreprises grâce à la mise en place de projets structurants. Il cite notamment l'opportunité que représenterait la création d'une halle alimentaire à Marseille et se réjouit des conventions signées cette semaine pour un investissement d'un demi-milliard d'euros dans les transports du quotidien en Région.

De manière plus macroéconomique, la Banque de France perçoit un potentiel du côté de l'épargne des ménages qui a crû en 2020. « Le taux d'épargne est très élastique. On voit que quand les contraintes sanitaires baissent, la consommation repart en flèche », relève Jean-Christophe Ehrhardt, son directeur régional. « En décembre, les dépenses de consommation ont connu un niveau jamais enregistré depuis l'après-guerre. C'est une source intéressante d'autant que la réserve d'épargne représente 110 milliards d'euros en France, soit 4 % du PIB ».

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