L'aéroport Marseille Provence face à l’équation entre croissance et respect environnemental

Avec un objectif de 12 millions de passagers d’ici 2025, la plate-forme aéroportuaire doit concilier ses ambitions avec le respect de son environnement. Un travail qui passe par la réduction des nuisances sonores et de la pollution issue des flux d’avions ou de passagers.
(Crédits : Camille Moirenc)

A près de 2 kilomètres du tarmac, les Salins du lion sont un espace où Philippe Bernand confie y apprécier "la sérénité". Le président du directoire de l'Aéroport Marseille Provence à sous sa responsabilité cette ZNIEFF (zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique), l'une des deux que compte l'aéroport. Une opération d'aménagement y est prévue pour la "valoriser" auprès des promeneurs.

Les oiseaux et badauds seront aux premières loges pour voir les ambitions de l'AMP qui vise 12 millions de passagers d'ici 2025, contre 9,4 millions aujourd'hui. "La croissance ne s'envisage pas sans respecter les populations locales et l'environnement", prévient Jean-Paul Ourliac, président du conseil de surveillance de l'aéroport. Si le développement de l'activité s'accompagne de nuisances, cela n'est pas forcément proportionnel.

Depuis 2010, le nombre de voyageurs sur le tarmac provençal a grimpé de 45,4% alors que les mouvements commerciaux ont eu diminué de 6,5%. Cette baisse s'explique par des avions avec une plus grande capacité, mais aussi plus remplis. De quoi permettre "une efficacité opérationnelle et environnementale", commente Bérengère Cappa, chef du service développement durable.

Des dispositifs légaux contre le bruit

Pour l'aéroport, l'un des enjeux concerne les émissions sonores. Afin de lutter contre ce désagrément, l'AMP profite du plan d'exposition au bruit (PEB), qui maîtrise le développement des communes aux alentours, et récolte des statistiques grâce à huit stations pour mesurer son impact. Ce travail en amont permet ensuite de réduire les émissions sonores en optimisant les trajectoires.

Autre axe à développer, celui du plan de gêne sonore (PGS). Cette aide financière, issue d'une taxe sur les compagnies aériennes, permet à des logements situés dans des zones définies aux alentours de l'aéroport d'effectuer des travaux d'insonorisation en prenant en charge jusqu'à 80% des frais. "Cela concerne en moyenne 80 logements chaque année, mais les demandes connaissent un ralentissement", explique Bérengère Cappa. L'idée étant de promouvoir ce dispositif.

Adhésion à ATMOSUD

En plus du bruit, les avions sont bien évidemment polluants. L'AMP se montre vigilant sur les gaz à effet de serre, dont l'impact est mondial, et sur les polluants atmosphériques, dont l'impact est local. Si la direction répète que l'activité aérienne ne pèse que pour 2% des émissions atmosphériques de la région Sud, elle assure ne pas vouloir "minimiser son impact" et "engage beaucoup de démarches" pour réduire son empreinte.

Dans le cadre de la loi de transition énergétique, les aéroports doivent faire baisser de 20 % d'ici 2025 leurs émissions de gaz à effet de serre (par rapport à 2010). Ainsi le terminal 1 dispose d'un mode d'alimentation destiné aux avions en escale afin de faire baisser leurs émissions. Le terminal 2 va être équipé d'un tel dispositif dans l'année.

Au-delà des actions sur l'émission, l'aéroport va adhérer à ATMOSUD, une association de surveillance de la qualité de l'air, pour cinq ans. "Nous leur apportons une connaissance beaucoup plus fine de nos différentes émissions et eux vont nous apporter leur expertise et leur transparence",  juge Bérengère Cappa.

Les flux d'avions... et de passagers

Des initiatives sur le développement d'énergies renouvelables sont également en cours avec un contrat d'approvisionnement d'énergie verte 100% renouvelable, permettant d'éviter l'émission de 1 567 tonnes de CO2 par an, le changement d'éclairage, censé réaliser 60 % d'économie, ou encore un projet de centrale photovoltaïque dont l'objectif est de produire 10 % de l'électricité consommée par an.

Enfin, le développement des transports en commun pour se rendre à l'aéroport fait partie des axes d'amélioration de l'AMP. "Notre travail est de gérer les flux, cela concerne les avions mais aussi les passagers qui sont à l'intérieur", note Bérengère Cappa. L'un des enjeux fort est la liaison avec la gare de Vitrolles, qui permet de rejoindre Marseille en un quart d'heure.

"Nous sommes un acteur parmi les 150 qui opèrent ici", souligne Bérengère Cappa. "Nous avons une vision à long terme et d'autres acteurs moins, il faut concilier tout cela", ajoute Philippe Bernand. Un travail loin d'être de tout repos.

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