Olivier Sichel : "La lutte contre la fracture des territoires est un enjeu essentiel"

Présent à Nice ce 5 février pour inaugurer officiellement la Banque des Territoires dans les Alpes-Maritimes, le DGA de la Caisse des Dépôts rappelle la nécessité de cultiver la valeur proximité et pourquoi la nouvelle marque de la CDC a poussé celle-ci a se réorganiser. Ou quand l'effet décentralisation a du bon.
(Crédits : DR)

La Tribune - Vous êtes présent à Nice pour officialiser en Côte d'Azur la nouvelle marque de la Caisse des Dépôts. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler ce qu'est la Banque des Territoires...

Olivier Sichel - La Banque des Territoires a été lancée à Paris le 30 mai dernier. Sauf que l'on ne fait pas une Banque des Territoires depuis Paris. Nous avons comme valeur, la proximité. Nous avons donc inauguré cette nouvelle marque partout en France. Le 30 mai, c'était avant les Gilets Jaunes... La lutte contre la fracture des territoires est un enjeu essentiel et la Banque des Territoires est mobilisée pour développer les territoires. Nous sommes très impliqués dans le programme "Cœur de Ville" notamment à Draguignan dans le Var, à Grasse ou Vallauris dans les Alpes-Maritimes. L'inclusion est également un enjeu important. Nous disposons d'un programme contre les copropriétés dégradées que nous avons lancé lors du Congrès HLM, en octobre dernier, à Marseille.

Quelle plus-value apporte la Banque des Territoires ?

Nous avons changé d'approche en matière de décision. Auparavant, les directeurs régionaux prenaient leur bâton de pèlerin, venaient à Paris pour argumenter lorsqu'il fallait financer un projet. Désormais jusqu'à un montant de 1 M€, les directeurs régionaux prennent les décisions en leur âme et conscience. Cette organisation nouvelle c'est aussi plus de simplicité. Nous travaillions trop en silo. Désormais il y a un guichet unique pour amener des solutions de bout en bout. C'est aussi une organisation qui permet plus de réactivité. Pour le Salon des Maires nous avons lancé une plateforme numérique pour digitaliser les relations entre les collectivités et les bailleurs sociaux, afin de prendre des décisions plus vite.

Cela signifie des moyens supplémentaires ?

Deux programmes ont été mis en place, afin de donner davantage de moyens. L'un concerne le logement social, qui offre aux bailleurs des dispositifs spécifiques, dont l'allongement de la dette et un prêt haut de bilan. En Provence Alpes Côte d'Azur, 31 organismes ont déjà bénéficié d'un allongement de leur dette pour un montant global de 1,3 milliard €. L'autre concerne le dispositif Cœur de Ville, qui nous permet d'être très présent dans les territoires. Nous participons à des actions, en proximité. Comme les études d'ingénierie du Campus Universitaire à Grasse, ou le projet de pôle d'attractivité Martelly, également à Grasse, que nous co-finançons à hauteur de 95 000 €. La Banque des Territoires est plus présente en proximité. C'est la volonté de notre directeur général, Eric Lombard, qui avait senti assez tôt la fracture avec certains territoires.

Tout cela a forcément des conséquences sur l'organisation interne.

La naissance de la Banque des Territoires a permis une réorganisation autour de 5 métiers. A Bpifrance le financement des entreprises, nous avons modifié quelques paramètres, comme par exemple le transfert de technologies, qui est passé du giron de la Caisse des Dépôts à Bpifrance. La gestion d'actifs, est effectuée depuis Paris. Tout comme la gestion des retraites. Les participations stratégiques - comme Icade, Transdev, La Poste... - restent dans le giron de la CDC. Et la Banque des Territoires, donc avec des moyens consacrés. Notre objectif n'est pas un objectif de rentabilité, nous sommes là pour financer sur du long terme, là où le marché ne finance pas. La rentabilité est donc plus faible et plus longue. Nous regardons également le critère du développement durable, c'est un élément extra-financier qi nous importe.

Qu'en est-il du rapprochement annoncé avec La Poste ?

L'annonce de la prise de contrôle de La Poste par la Caisses des Dépôts a été annoncée par le ministre de l'Economie fin août. Nous sommes actionnaires depuis 2011 de La Poste à hauteur de 25 %. Et nous l'avons aidée à se transformer. La Poste fait face à des difficultés, elle perd 7 % de son chiffre d'affaires en matière de courrier. Elle se redéploie donc vers le colis et la Banque Postale. La Poste est sans doute l'entreprise qui a l'empreinte territoriale la plus forte. En lui apportant la CNP, nous renforçons ses fonds propres et nous accroissons sa rentabilité. Nous aidons La Poste dans la stratégie financière. C'est une opération longue, puisque c'est la loi PACTE qui autorisera la CDC à en prendre le contrôle. Cela devrait être effectif en janvier de l'année prochaine. N'oublions pas que les deux entreprises se connaissent bien...

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