Eguilles, le supermarché et l'opération de com' qui veut tout changer

Parce que la CNAC a dit oui, mais le maire non, le porteur du projet du supermarché à l'enseigne Leclerc lance une vaste campagne de communication, pétition et documents explicatifs à la clé. Où il est question à la fois de création de 100 emplois, d'attractivité, de défense du commerce de proximité et… d'incompréhension entre les parties.
(Crédits : DR)

Cela pourrait être un habituel sujet de centre commercial versus commerce de proximité. Sauf que le projet de l'installation d'un Leclerc dans la ville d'Eguilles, riche de 8 000 habitants semble plus complexe que le grand méchant Goliath contre le petit et gentil David. Et le tout de n'être qu'une querelle de clocher si, évidemment il n'était pas question d'économie, d'attractivité et de réponse aux besoins. Et d'opposition entre le premier magistrat et un entrepreneur local.

Tout commence avec le projet né en 2013, porté par l'enseigne E. Leclerc. Un projet qui prévoit l'installation d'un supermarché de cette enseigne, sur une parcelle de 21 000 m2 installée en plein cœur de la zone d'activité économique, située au pied de la ville d'Eguilles. Déjà présente avec un drive sur une parcelle plus modeste, située dans la même zone d'activité mais un peu plus loin, E. Leclerc décide alors de déposer un permis de construire. Parallèlement la CDAC en 2014 puis la CNAC accordent au projet - qui remplace une concession automobile en difficulté financière - un avis favorable à l'unanimité. Sauf qu'entre temps, le maire, Robert Dagorne retire les permis accordés, via un arrêté de caducité, les PC datant de 2012, affirmant ainsi son opposition au projet.

Round 2

Déjà exploitant d'une enseigne alimentaire Nicolas Caylet reprend le projet en tant qu'entrepreneur indépendant adhérent au mouvement E. Leclerc. Plusieurs rencontres avec les commerçants du village et les associations les représentant lui font comprendre que la galerie marchande prévue dans le projet constitue une pierre d'achoppement pour les commerces de proximité.

"Nous avons alors abandonné ce projet pour repartir d'une feuille blanche, prenant en compte les besoins des commerçants. C'était également pour nous une façon d'envoyer un signe fort envers la municipalité". De fait, la nouvelle mouture prévoit de rassembler l'ensemble des activités commerçantes sur la parcelle de 21 000 m2, déplaçant ainsi le drive, l'espace où il était installé, devenant un entrepôt.

En octobre 2016, un permis de construire est déposé. En mai 2017, la CNAC délivre un avis favorable à l'unanimité. En septembre, la nouvelle mouture du PLU d'Eguilles met une pierre dans le jardin du projet en prévoyant en lieu et place des logements sociaux. Un PLU qui par ailleurs est l'objet d'un recours de la part de la préfecture des Bouches-du-Rhône.

Contenant et contenu

Que dit le projet ? Il prévoit un supermarché de 2 450 m2 et un mail de 458 m2 ainsi qu'un drive de 7 pistes et 341 m2 d'emprise au sol. L'architecture choisit des matériaux respectueux de l'environnement, plus de 2 000 m2 d'espaces verts s'y ajoutent... Mais d'un point de vue économique c'est 101 CDI prévus, dont 76 pour le supermarché et 25 pour le Drive. Et Nicolas Caylet de pointer que l'offre ainsi déployée à Eguilles éviterait l'évasion commerciale, les habitants ne fréquentant les superettes du village que pour des achats d'appoints, les courses se faisant sinon plutôt du côté d'Aix-en-Provence. Surtout l'entrepreneur provençal met en avant la charte de loyauté qui devra mettre en avant les commerces locaux, mais aussi les producteurs de produits artisanaux. Une sorte de travail main dans la main entre commerce de proximité et centre commercial.

 Actions

Parce que le projet est au point mort - et en attente des décisions du Tribunal administratif - Nicolas Caylet a décidé d'engager une opération de communication, déplorant le refus de dialogue du premier magistrat. Ainsi une pétition est disponible sur un site internet dédié (1 200 signatures sont revendiquées à ce jour), ainsi qu'un courrier avec dossier explicatif de plusieurs pages va être distribué à partir de ce 5 avril dans les 3 600 boîtes aux lettres d'Eguilles. Nicolas Caylet veut croire au dialogue, mettant par ailleurs en avant l'étude menée en mars dernier qui dit-il confirme l'intérêt des habitants pour le projet.

"Il existe un déficit d'information et même de la désinformation", estime Nicolas Caylet. "Nous n'abandonnerons pas le projet, nous sommes déterminés à faire valoir nos droits. Je préfère convaincre que contraindre. Nous ne voulons pas de bataille juridique". Pour l'heure, en attendant la décision des tribunaux qui peut durer dans le temps, la bataille se déplace donc plutôt du côté de la communication. De quoi nouer le dialogue ?

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