Smart grids et BTP : quels marchés ?

Mot fourre-tout, nom à la mode, mais pour autant vrai sujet qui concerne la gestion de l'énergie et les bâtiments, les réseaux intelligents ouvrent-ils vraiment des pans dans l'économie de la construction ?

Le sujet est suffisamment prégnant pour que la Fédération du BTP des Alpes-Maritimes qui organisait la Journée de la Construction ce 11 octobre à Nice décide d'en faire un sujet de débat. Ou plutôt de note explicative. Car le smart grids c'est quoi ? Un peu comme la smart city, chacun y met bien la définition qu'il entend et celle-ci peut évidemment être sensiblement différente de l'un à l'autre.

Nécessaire...

Anciennement appelée domotique, les smarts grids concernent tout ce qui permet de gérer plus efficacement les bâtiments d'un point de vue énergétique, le tout en s'appuyant sur l'intelligence des réseaux. C'est par exemple l'expérimentation Nice Grids, menée à Carros depuis 2011 et qui a permis de tester à la fois chez les industriels et les particuliers, comment intégrer de manière maline le photovoltaïque dans l'alimentation électrique. C'est aussi Flexgrids, le projet européen piloté par Enedis et qui est à l'échelle de l'Europe ce que Nice Grids a été à l'échelle départementale. C'est surtout un sujet que nul ne peut ignorer. Parce que le bâtiment intelligent, c'est déjà un peu aujourd'hui.

Tout au moins dans les mentalités et les appels d'offres. Christian Tordo, l'adjoint en charge de l'économie à la Métropole Nice Côte d'Azur redit combien justement le rôle de la collectivité est "d'impulser la dynamique" et combien l'EPA Eco-Vallée à la volonté d'en être sinon l'exemple en tout cas la vitrine.

Même enthousiasme au sein du club Smart Grids créé à l'initiative de la CCI Nice Côte d'Azur, présidé par Fabienne Gastaud, la dirigeante de la société Wit à Nice, qui tient à plaider la bonne parole, à dire que beaucoup des acteurs de l'acte de bâtir doivent se rassembler et ne pas ignorer ce que les smarts grids représentent.

Surtout que de manière très concrète, il s'agit bien de faire baisser la facture de l'usager, quel qu'il soit. Un point essentiel - c'est même la finalité - que souligne Bernard Mouret, le directeur régional d'Enedis. Profitant, au passage, pour dire que l'auto-consommation est aussi une solution qui doit être prise en compte.

... Oui mais

S'intéresser aux smarts grids certes mais encore faudrait-il que la promesse suive. C'est ce que soulève Michel Puy, le président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers Côte d'Azur qui rappelle que "le promoteur, lorsqu'il vend, fait des promesses, écrites. Et que celles-ci doivent être tenues". Or, pour l'heure, tout n'est pas parfait loin s'en faut. La maintenance des réseaux intelligents exige des compétences. "Nous sommes en train de cartographier les savoir-faire locaux", annonce justement Fabienne Gastaud qui redit aussi que le sujet de l'énergie intelligemment pilotée ne soit pas être pensée en fin de budget. Et à la question ne faut-il pas former les personnels des entreprises concernées - histoire d'être déjà en position de s'emparer d'un marché naissant - Patrick Moulard, vice-président de la Fédération du BTP 06 reste très pragmatique. "Pour former encore faudrait-il qu'il y ait un marché. Les entreprises ne sont prêtes à former leurs employés que si cela leur permet de générer du business. Or pour l'heure, ce n'est pas le cas. Il y a un an, nous parlions du BIM (Building Information Modeling). Douze mois après, il ne s'est rien passé".

Néanmoins, les smart grids, "ce n'est pas que les startups", insiste Fabienne Gastaud. Cela concerne les métiers tels que de l'alimentation électrique à la plomberie, du chauffage à la climatisation. Pour Michel Puy, d'ailleurs, le pilotage intelligent s'appréhende non pas à l'échelle d'un bâtiment, mais d'un quartier.

Pour rassembler toutes les bonnes volontés, le Club Smart Grids a justement mis au point un livret "Smart Grids Ready", qui se veut outil pratique. Comme le rappelle Bernard Mouret, ne pas oublier que le bâtiment intelligent intègre aussi des usages extérieurs au bâtiment lui-même comme la recharge des véhicules électriques. Toujours en position de précarité énergétique - 80 % de la consommation électrique est importée - les Alpes-Maritimes ont donc tout intérêt à être intelligent.

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