Une délégation d ? entreprises provençales à Shanghai

Didier Parakian a ouvert ce matin, à 8h30 heure locale, la visite officielle de la délégation provençale en Chine, organisée par la Ville de Marseille à l?occasion du 25ème anniversaire du jumelage entre Marseille et Shanghai. 60 entreprises accompagnent l?élu.

L'adjoint au maire de Marseille en charge du développement économique a ouvert au Sofitel Hyland de Shanghai la conférence-débat qui inaugure les trois jours de rendez-vous d'affaires entre entrepreneurs provençaux et investisseurs chinois.

L'élu, qui est aussi le P-d.g de l'enseigne de prêt-à-porter de luxe Didier Parakian, connu en Chine sous le sigle D.P (parce que les asiatiques prononcent difficilement les "r"), est un familier du marché local pour y avoir installé une trentaine de boutiques avec un partenaire chinois, lequel prévoit d'en ouvrir 70 autres dans les deux ans.

Une soixantaine de participants accompagnent la délégation dont 52 entreprises et structures, fort hétéroclite dans les secteurs d'activité et leur taille (grands comptes comme starts-ups issus de l'incubateur de la Belle de Mai) et avec une forte représentation du Comité Mistral, l'équivalent provençal du Comité Colbert, qui fédère les entreprises du secteur du luxe.Elle reflète par ailleurs le territoire provençal dans son acception large. Avec la présence de quelques fleurons des Alpes-Maritimes, comme la verrerie de Biot et de sa directrice générale, Anne Lechaczynski , les Cafés Malongo et les parfumeries Fragonard. Mais aussi de quelques sociétés emblématiques des Bouches-du-Rhône, comme Constructa. Le promoteur marseillais a planifié quelques rencontres avec des brokers pour son programme immobilier d'appartements d'exception H99 (149 logements du studio au penthouse aux vues uniques) au sein d'une skyline de 99,9 m, commercialisée à ce jour au tiers selon Isabelle Spagnolo, directrice commerciale du programme. Même si Marseille reste à cet égard un petit faiseur par rapport aux 1 500 monumentaux gratte-ciel qui tutoient les nuages de Shanghai.

Pour sa part, Probionat Provence (38 salariés, 2,29 M€, volume de production annuel de 1,3 million d'unités), basée à La Fare-les-Oliviers (dans les Bouches-du-Rhône) et façonnier en produits biologiques pour des donneurs d'ordre cosmétiques, est en train de finaliser un contrat pour fournir une chaîne naissante de magasins Provaine, qui prévoit d'ouvrir sur le territoire 300 points de vente à court terme, soit pour les trois premières boutiques, un potentiel de 300 000 produits. L'enseigne, lancée par une femme d'affaires chinoises, entend concurrencer le groupe de cosmétiques de Manosque L'Occitane, très installé dans la région asiatique depuis qu'il s'est introduit en 2010 à la bourse de Hong Kong, premier groupe français à l'être, pour y lever 300 M USD. Une somme pour assurer le financement de 40 magasins en Chine à court et moyen terme.

Il est aussi question de la signature par un domaine provençal d'un contrat portant sur 200 000 bouteilles.

Pour Stéphane Chicha, gérant de la société S.C.G (créée avec son associé, le président de Haribo France Bijoux), il s'agit d'une première approche en vue d'identifier de possibles distributeurs.

L'entrepreneur a mis au point une gamme de moules usinés capable de produire un verre incassable respectant toutes les normes réglementaires et environnementales en cours et à venir dans un dérivé de polyester.

Un moule mis au point à Marseille qui ferait de lui "le seul fabricant de verre incassable en Europe". L'homme d'affaires vise le secteur du CHR et revendique un premier engagement avec Pernod pour la fourniture dès 2013 d'une première série.

L'ensemble de la délégation a été accueillie par des investisseurs français déjà installés en Chine, et parmi lesquels Claude Lebel, directeur central Asie de CMA CGM, Bruno boulnois, CEO d'Eurocopter China, Véronique Denis-Pelliet, directeur business développement Chine d'Orange ou William Wang, professeur d'Euromed Management (aujourd'hui Kedge Business School).L'école de commerce marseillaise a ouvert en 2010 un campus à Suzhou, à une centaine de kilomètres de Shanghai, en partenariat avec l'université Renmin. Un partenariat qui consacrait 7 années de présence après avoir initié deux MBA en partenariat avec l'université de Jiao Tong, puis un Executive master in finance (à Pékin) et un DBA avec l'université Renmin en 2008 et 2009.

Ils ont insisté sur leur rôle de portage qu'ils peuvent exercer auprès des nouvelles entrantes hexagonales, ne serait-ce qu'en accueillant dans leur bureau des entreprises en phase projet.

François Perruchot-Triboulet, avocat associé du cabinet Axten, a bien mis en garde contre les pièges du système fiscal et réglementaire chinois et la nécessité, au delà de la contrainte réglementaire, de s'entourer de partenaires locaux. "Premier réflexe, référencez-vous au catalogue des investissements étrangers. La liberté de commerce n'est pas totale en Chine. Certains secteurs sont fermés ou restreints à l'investissement.
L'administration chinoise est efficace mais lourde, ce qui ne devrait pas effrayer les Français !, mais elle demeure présente et contrôle tout y compris les accords de joint-venture. Aussi, il n'est pas possible de trouver des crédits auprès des banques chinoises. Il faut donc investir en fonds propres".
Une chose est certaine : "on n'investit plus en Chine pour fabriquer low cost mais pour fournir le marché intérieur car l'opération fiscale n'est plus intéressante" (ndlr : impôt sur les sociétés à un taux de 25% avec retenue de 10% sur les bénéfices).

La visite de la délégation régionale est la première depuis 2005, qui avait été alors conduite par le maire en personne Jean-Claude Gaudin, entourée de 350 personnes. La matinée a été conclue par une conférence de presse auprès d'une quinzaine de représentants des médias chinois, notamment pour vendre "l'événement Marseille Provence 2013".

Selon Didier Parakian, qui s'appuie sur les données fournies par le Comité régional du tourisme, 50 000 chinois ont visité la Provence l'an dernier. La région abrite par ailleurs trois représentants de l'entreprise chinoise, dont l'industriel Weichai, qui a repris en 2009 à la barre du Tribunal de commerce de Marseille le dernier motoriste diesel français pour la marine, Baudouin, installé à Cassis. Mais aussi l'armateur chinois Cosco, qui a ouvert un bureau sur le port, et Watchdata, au sein du Pôle Belle de Mai.

Adeline Descamps

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