Spécial Semaine de l ? Industrie : Retour en grâce de l ? industrie

En région comme partout en France, s?ouvre la 3e édition de la Semaine de l?industrie du 18 au 24 mars 2013. 169 événements sont programmés en Paca. Remise au c?ur du débat public, la politique industrielle suscite de nouveau l?intérêt. En Paca, le déclin de l?emploi industriel serait moins important qu?ailleurs.


Vive l'industrie ! Changement de paradigme, incroyable pirouette de l'histoire, la France célèbre l'industrie, après l'avoir banni des facteurs de création de richesses d'une nation moderne en soutenant activement la thèse depuis des décennies du nécessaire basculement vers une économie de services (oubliant que l'industrie constituait le premier client des services !). Son retour en grâce remonte bien avant l'idée de la création du Ministère du Redressement productif dont le nom, on le sait, fait écho au discours du président F.D Roosevelt durant la grande dépression de 1929, puisque Nicolas Sarkozy ânonnait dans ses discours que "la France ne sera pas un grand pays si elle n'a pas d'industries".

Entre 1990 et 2010, la part de l'industrie dans la richesse produite a diminué de 30 % et l'emploi industriel de 20 %. La part de la valeur ajoutée industrielle dans le PIB a ainsi perdu 5,2 points, soit plus de 100 milliards d'euros selon le Centre d'observation économique et de Recherche pour l'Expansion de l'économie et le Développement des Entreprises. (Coe-Rexecode). Avec 11,4 Mds €, les secteurs industriels régionaux ont contribué pour 9,2 % à la valeur ajoutée (12,7 % pour la moyenne de la France métropolitaine). Ainsi, Paca n'est qu'au 7e rang des régions françaises pour l'emploi industriel et au 5e pour la valeur ajoutée industrielle, alors qu'elle occupe le 3e rang pour l'importance de sa population et le PIB.


Selon une étude de l'Insee parue début mars sur le déclin industriel des trois dernières décennies, la région (141 000 emplois industriels, soit 9 % de l'emploi régional en 2010, contre 14 % en moyenne nationale) aurait mieux résisté, surtout dans la dernière décennie en raison notamment d'un positionnement sectoriel plus favorable (Paca est moins présente dans les secteurs en déclin) mais aussi "d'une recomposition sectorielle" plus active. Le facteur taille serait pour le coup un atout : plus petits qu'ailleurs, les établissements industriels régionaux seraient plus souples et leur diversification sectorielle leur a probablement permis de compenser. Les activités liées à l'eau et aux déchets, par exemple, se sont beaucoup développées et sont surreprésentées en Paca. Entre 1990 et 2007, le recrutement dans ces métiers affiche un boom de 126 %. Dans cette "performance", il resterait à analyser l'influence des donneurs d'ordre de rang international présents régionalement (Eurocopter, STMicroelectronics, ArcelorMittal, Thalès...).


Quoi qu'il en soit, depuis vingt ans, le volume d'emplois industriels en Paca a diminué près de deux fois moins vite qu'en France (− 17 % contre − 28 %). Ou du moins, en différé puisque "les années 1990 se caractérisent par un repli de l'emploi industriel régional légèrement plus accentué qu'en France", indiquent les auteurs de l'analyse. Années du reste liées à la crise des chantiers navals et aux premières restructurations dans l'armement et la chimie lourde, très présentes en Paca (perte de 32 000 emplois salariés entre 1990 et 2010). À l'inverse, sur la dernière décennie, la chute de l'emploi industriel est deux fois moins rapide en Paca qu'en moyenne nationale (− 9 % contre − 19 %). Si 86 000 emplois ont été générés par les activités scientifiques et techniques, en revanche, l'industrie régionale aurait moins contribué qu'en France à l'essor des services aux entreprises (+ 67 % contre + 72 % au niveau national). "Dans la région, les 2/3 des emplois industriels sont périphériques à la production : c'est le signe d'une externalisation moindre".

Enfin, la concentration des établissements industriels régionaux dans les zones urbaines les plus denses (Marseille, Nice, Toulon et Avignon) pourrait être, selon l'Insee, un autre facteur explicatif. "Elle offre des avantages : la main d'œuvre est relativement proche et nombreuse, les transports et l'accès aux services aux entreprises peuvent être facilités". On en connaît a contrario les effets pervers : pression foncière ou environnementale, rareté et prix des terrains, cohabitation d'activités industrielles et d'habitations, difficultés de transport ... autant de freins à l'installation ou expansion des entreprises. Un autre des grands sujets au cœur des politiques d'aménagement du territoire et qu'a réactivé avec beaucoup d'urgence le débat sur la métropole.


A.D

© Pennant

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