Municipales Marseille : Union sacrée du PS au service de l ? économie ?

Patrick Mennucci présentera son programme complet le 4 février. Un pavé de 250 pages. Mais il a choisi d'amorcer avec la présentation de ses propositions économiques car ?c?est ce qui a été le plus oublié à Marseille?, a -t-il justifié vendredi dernier à son local de campagne.


C'est entouré de l'ensemble de ses têtes de liste, notamment Eugène Caselli, Christophe Masse, Samia Ghali, Marie-Arlette Carlotti ... que le candidat en campagne pour la mairie de Marseille a présenté sa feuille de route économique. Un programme dont l'actuel maire du 1er secteur (1er et 7e arrondissements) attribue la paternité à trois personnes - le médiateur du gouvernement Yves Cousquer, le consultant Jean-Bernard de Cérou et le scientifique Jacques Bouleisteix - trois personnalités dont l'expertise et les travaux réalisés sur la métropole marseillaise font autorité. Inhabituellement mesuré dans sa critique de la gestion sortante, le président du groupe municipal d'opposition à Jean-Claude Gaudin a néanmoins truffé son discours par le terme "déficit", comparant la deuxième ville de France à d'autres métropoles à la taille incomparable : Nantes, Bordeaux, Toulouse et aussi Nice. Déficit de 30 000 emplois supérieurs. Déficit d'image. Déficit d'ingénieurs expliquant "l'atonie industrielle". Déficit de recherche privée. Déficit de politique foncière. Déficit de stratégie sectorielle. Déficit de bases fiscales (lisez de contribution foncière des entreprises)...

50 000 emplois nets créés
Si l'économie fait l'objet de toutes les attentions du candidat, elle ne doit pour autant servir qu'un seul objectif (social-démocrate ?) : l'emploi, lequel prend la forme d'un engagement chiffré (péché d'orgueil de tout candidat) : crée 50 000 emplois privés nets qu'il s'engage à créer le temps de deux mandatures (le candidat se rêve donc deux fois maire) et qu'il va prendre soin de bien répartir dans chacun des grands axes de sa politique : économie productive, économie de la connaissance, tourisme, transports et logistique, économie résidentielle.


Une agence de marketing territorial
Il a amorcé sa plaidoierie par la volonté de redonner à la ville la place qui doit lui revenir en tant que deuxième grande métropole de France. Pour ce faire, la création d'une agence de marketing territorial doté d'une marque, à l'instar de celle à laquelle on la compare toujours : "Only Lyon", et  "d'une cellule économique internationale chargée de détecter les opportunités et les créneaux de développement."


Maire d'influence au sein d'une grande métropole
Et pour que la ville puisse peser de tout son poids au sein de la métropole, il ne se contentera d'un "strapontin" dans les instances de gouvernance des objets métropolitains, du type Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) et Euroméditerranée. Partant du constat que la stratégie économique de l'équipe sortante pour attirer les entreprises s'est limitée à la réalisation de deux zones franches et à orchestrer de grandes opérations immobilières, il place la sienne sur d'autres terrains. Et l'on comprendra, entre deux phrases très précautionneuses pour un homme en campagne, que les ZFU ne correspondent pas à ses attentes : "elles produisent peu d'emplois supérieurs métropolitains, privilégient bureaux et services résidentiels et mobilisent un argent public conséquent en exonérations fiscales qu'il serait intéressant de réorienter en partie au profit de l'économie productive."


2 à 3 000 emplois productifs sur 6 ans
Il soutiendra les filières historiques comme le bâtiment en lançant une "grande politique volontariste de rénovation énergétique" et en veillant à ce qu'elle serve en priorité les PME. Mais il sera aussi le chef d'orchestre de la complémentarité industrielle Ville-Port, un crédit qu'il concède à l'équipe sortante. "La Ville appuiera les efforts du Grand port maritime de Marseille (GPMM) et ceux des industriels de la réparation et de la construction navales, pour tirer le meilleur parti de l'outil constitué par ses formes de radoub et l'outillage associé. Y compris en se positionnant pour accueillir le complexe industriel de fabrication, de logistique maritime et d'assemblage des éoliennes marines à implanter en Méditerranée au large de Fos, qui généreront par centaines des emplois de fabrication et de maintenance."

Préférence foncière aux activités productives
Il prône une politique d'anticipation foncière pour devancer les besoins de m2 des jeunes entreprises que les pôles d'excellence existants de Château-Gombert, la Timone et Luminy ainsi que les filières porteuses - réparation navale, grande plaisance et agro-alimentaire - auront générées. "La municipalité sortante a crée 7 ha en un mandat. On a besoin de 100 ha pour développer l'économie industrielle à Marseille. Pour atteindre cet objectif, j'entends créer un établissement public foncier, outil propre à la ville car je n'entends pas négocier avec les uns et les autres et qui travaillera de concert avec la Métropole et la Région. Il aura pour mission de créer des zones d'activité nouvelles à forte densité d'emplois productifs en s'attachant à favoriser les solutions immobilières (financements sur mesure, ateliers-bureaux, ateliers-usines) capables d'attirer des entreprises à forte densité d'emploi à l'hectare."  Et pour en "finir avec la vente des terrains par pertes et profits d'une opération immobilière banale de bureaux", il prévoit de sanctuariser les friches industrielles ou anciens bâtiments d'exploitation pour les réallouer en priorité aux activités productives. Il s'engager à créer un service genre "Allo Mairie entreprises", sorte de guichet unique municipal qui répondrait dans ce domaine à toutes les problématiques quotidiennes des chefs d'entreprise (accès, stationnement, signalétique, recherche de terrains, traitement des effluents et déchets, difficultés de voisinage...).


Pas d'économie industrielle sans ingénieurs
"Il faudrait doubler le nombre d'ingénieurs formés dans l'académie pour être dans une honnête moyenne parmi les grandes villes (soit 3 000 places de plus). Même Rennes produit deux fois plus d'ingénieurs que nous". En terme "d'économie de la connaissance", il vise "un objectif de 8 000 à 10 000 emplois nouveaux". Il entend notamment se servir de l'outil Euromediterranée, qui a dévié vers des opérations immobilières, pour travailler à l'installation d'entreprises à haute valeur ajoutée. Il entend aussi créer un pôle des métiers d'activités maritimes dans le périmètre du GPMM, "par exemple à Saumaty", en y "développant un pôle de connaissance et d'ingénierie marine et sous-marine, complémentaire du Pôle Mer de Toulon, capitalisant par la recherche et le conseil sur les métiers qui peuvent prospérer de la Joliette à l'Estaque : logistique, croisières, réparation navale, exploitation off shore, exploitation énergétique, exploitation sous-marine..."

Porte-parole de l'hôtellerie de plein air

Difficile dans une ville si bien dotée par Dame nature de ne pas souscrire à l'affichage obligé du tourisme sur la liste des secteurs à prioriser. Surtout quand le PIB départemental, de 4,3 % selon le candidat, est étonnamment faible. "Ce secteur offre pourtant la perspective de 25 % d'emplois supplémentaires." Rien d'original dans la feuille de route déclinée : les segments du tourisme d'affaire, du tourisme culturel et de loisirs et des croisières, seront priorisés simultanément. Maîtres mots en matière de tourisme d'affaires : unicité de pilotage dans la promotion, la gestion, la commercialisation et le développement en les confiant à un opérateur professionnel en DSP ou à une SEM avec des capitaux publics et privés. Et babord toute, Patrick Mennucci sera le porte-parole de l'hôtellerie moyen de gamme - "par rapport à Lyon, il nous manque 2 000 chambres dans les catégories 2*" - de celle de plein air avec des camping, de celle des étudiants avec des auberges de jeunesse, et des bobos avec un hôtel écolodge qui pourrait servir de projet de réhabilitation au centre de vacances Léo-Lagrange.

Ancrage transports et logistique
Le secteur, qui emploie près d'un Marseillais sur neuf, offrirait selon le socialiste des perspectives de développement, de l'ordre de 3 000 à 4 000 emplois sur notre territoire. Dans ce chapitre aussi, le port est chargé de tous les espoirs. Le député de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône souscrit totalement aux engagements contractés par la Charte Ville-Port (vision partagée de l'avenir du port et contributions attendues de l'État et des collectivités locales pour assurer les conditions de son redressement) : prévoir 50 ha de zones logistiques à aménager en arrière-port; accompagner l'État et le Département dans l'effort d'adaptation des voieries et des accès, installer au Cap Janet le nouveau pôle Maghreb, et y accueillir ses nouveaux navires, plus grands (plus de 200 m) et aux fonctionnalités mixtes (navires Ropax). Et enfin, réaliser le terminal de transport combiné de Mourepiane, mais sous certaines conditions : "les collectivités locales se sont engagées à cofinancer plus de 60 M€ d'investissement, aux côtés de l'État, du GPMM et des opérateurs privés. Réaliser ce terminal permet à la SNCF de céder à Euroméditerranée à titre onéreux l'assiette des faisceaux ferroviaires du Canet, donc hors de la clôture portuaire du Domaine public maritime (DPM), et dont l'activité sera déplacée à Mourepiane. Pourquoi le produit de cette cession ne serait-il pas réinvesti, au moins en partie dans le terminal de transport combiné ?", s'interroge-t-il faussement.


A.D


Photo : Patrick Mennucci, lors de la présentation de son programme économique à son local de campagne au 58 rue Montgrand à Marseille

©Franck Pennant

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