Martin Maurel cible les institutionnels

La banque marseillaise affiche toujours des ratios solides mais paie sa vertu. Son excès de liquidité, dans un contexte de taux d'intérêt historiquement bas, pèse sur ses résultats. En 2014, la banque va doper son activité de gestion d'actifs auprès des institutionnels.

Invariablement, d'année en année, la Banque Martin Maurel, une des rares maisons encore familiales dans le paysage bancaire français (avec la Banque Michel Inchauspé et la Banque Pouyanne) affiche toujours des performances solides dans un environnement pourtant contraint. Pour le traditionnel exercice de présentation des résultats, à Paris d'abord, puis à Marseille en comité restreint, Bernard Maurel, toujours P-d.g de la Compagnie Financière Martin Maurel, sa fille Lucie, vice présidente et directeur général délégué de la compagnie financière, et Patrice Henri, président du directoire de la banque, ont ouvert cette année le cercle en conviant à la table Jeanne Lamant, directrice des équipes commerciales bancaires chez Banque Martin Maurel et Jean-Marie Picon, président du directoire de Martin Maurel Gestion. "Il était important que ces deux personnes soit présentes cette année", indique Lucie Maurel, qui a désormais la lourde tâche de gérer le groupe bancaire familial qui fêtera en 2015 son 190e anniversaire. Une façon indirecte d'honorer la dynamique commerciale de la banque mais aussi de souligner la stratégie de développement de l'activité de gestion notamment auprès des clients institutionnels (caisses de retraites, mutuelles santé, fondations...).

Performance commerciale frustrée par les taux d'intérets historiquement bas
"C'est frustrant. La dynamique commerciale a été bonne. Nous sommes sur nos plus hauts niveaux historiques pour toutes les activités de la banque mais la progression a été quasiment consommée par la baisse des taux", explique Patrice Henri. En 2013, les crédits aux entreprises et clients privés étaient en hausse de 11,7 % (957 M€ d'encours ; + 46 % sur trois ans) et les dépôts de 6 % (1,63 Md€ d'encours ; + 45 % sur trois ans), au-delà de la croissance du marché. La banque engrange ainsi 1 600 nouveaux clients particuliers. Si les dernières banques familiales "se comptent sur les doigts d'une main en France alors qu'elles sont 6 000 aux États-Unis", indique Luciel Maurel, qui n'est pas surprise du succès commercial de la banque : "Notre processus de décision est plus court. Nous avons également peu de turnover au niveau de nos salariés qui restent au même poste pendant quinze ou vingt ans et ne changent pas tous les trois ans. Ce qui est rassurant pour nos clients qui savent que leur interlocuteur connaît parfaitement leur situation."

Pénalisée par sa vertu

Le produit net bancaire de l'établissement a progressé de 2,4 % à 92,23 M€ pour un bénéfice net consolidé à 15,59 M€ contre 15,66 M€ en 2012. "La banque est pénalisée par sa vertu", analyse Lucie Maurel. Lire sa surliquidité. L'environnement de marché, avec des taux courts à leur plus bas historique, n'est pas un facteur favorable pour un établissement doté d'une trésorerie et d'une liquidité élevées (sceaux de sa politique de prudence) comme l'est Martin Maurel. Le montant moyen total de trésorerie placée par la banque en 2013, en euros et en devises, s'affiche à 1,008 Md€.


Course acharnée aux dépôts
Alors que la plupart des banques françaises se sont engagées "dans une course acharnée" aux dépôts en prévision des exigences de Bâle 3, les crédits de la banque marseillaise représentent seulement 62 % du volume de ses dépôts. De même, du fait du niveau des fonds propres (80 M€), sa solvabilité est nettement excédentaire : le ratio Core Tier 1 s'établit à 13,67 % contre 14,44 % l'année précédente, "nettement au-delà des exigences réglementaires. Nous répondons dès à présent aux futures exigences de fonds propres requises par Bâle 3 pour 2019." Pour autant, la banque maintient son objectif de liquidité, au nom des principes qui gouvernent l'entreprise depuis les débuts, insiste Lucie Maurel : une gestion revendiquée de bon père de famille et de proximité étroite avec leur clientèle locale. Deux arguments qui ont précisément été des remparts au plus fort de la crise.

Nouvel axe de développement : les institutionnels

En 2014, Martin Maurel entend booster son activité de gestion auprès des institutionnels, qui ne représentent aujourd'hui que 15 % du total des actifs gérés par la banque. Pour ce faire, l'équipe s'est étoffée de 5 personnes supplémentaires, dont deux commerciaux et trois gestionnaires d'actifs. "On s'est aperçu que notre spécificité auprès de la clientèle privée était un atout auprès des institutionnels de taille intermédiaire." De 150 à 200 M€ d'encours il y a quatre ans, les actifs institutionnels ont franchi le milliard en 2013, indique Patrice Henri.

Adeline Descamps


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