Le cinéma a généré 21,3 M ? de retombées pour le territoire

Revendiquée comme étant la deuxième de France en termes de tournages audiovisuels, la région PACA dispose enfin d?une étude économique précise qui va peut-être faire évoluer la politique régionale en la matière.

Les acteurs de la filière l'attendaient avec beaucoup d'impatience. L'étude sur les retombées économiques et touristiques des tournages audiovisuels et cinématographiques en région vient d'être rendue*. Jusqu'à présent, l'on se contentait d'estimations. Il manquait une étude précise et concrète pour confirmer par les chiffres ce qui se résumait à une intuition : le cinéma comme vecteur du développement économique et touristique du territoire (ndlr : voir notre magazine en date de février/mars, qui a consacré une dossier de 6 pages à cette thématique). L'étude, menée entre juillet et décembre 2010 à la demande de la Région, Atout France, la CCIMP et la ville de Nice, a été confiée aux cabinets IDATE/Hexacom, PV2D et Euroêka Marketing Conseil. Un document de travail capital, assorti d'une vingtaine de recommandations pour mieux orienter les actions et les budgets en vue d'en favoriser le développement.


Du benchmarking réalisé à l'étranger sur l'impact du cinéma sur le territoire suite à un tournage, "l'on notera qu'un film important peut générer entre 20 et 40% de fréquentation touristique sur une durée très variable. Par exemple, Crocodile Dundee tourné en Australie a engendré une hausse de la fréquentation de 20%. Gruissan, qui accueilli 37°2, continue d'en tirer du profit. Ce que l'on ne sait pas mesurer, c'est pendant combien de temps cela perdure", ajoute Michel Touilloux, d'Euroêka Marketing Conseil. "La France et la Région sont très en retard par rapport à ce que font par exemple l'Espagne et le Royaume-Uni qui organisent depuis 15 ans de véritables circuits touristiques (sur les traces de Woody Allen, d'Almodovar...), aujourd'hui relayés sur Smartphones". En France, les exemples de ce type sont rares : l'Office du tourisme de Marseille et la boutique officielle de la série télévision "Plus belle la vie" proposent une visite des ateliers. La région Nord-Pas-de-Calais propose également un "Cht'ti tour" de Bergues suite au film et ses 20 millions d'entrées.


De l'étude d'impact, l'on retiendra que la fiction TV est le genre audiovisuel le plus rentable pour la région où les retombées sont 17 fois plus importantes qu'un documentaire et deux fois plus qu'un film. "Un retour sur investissement mécaniquement plus élevé parce que les séries emploient un grand nombre de professionnels locaux et durent plus longtemps", précise Sophie Girieud du cabinet IDATE. Ainsi, un euro investi par la Région génère 17,47 € pour une fiction TV, 4,99 € pour un long métrage, 3,77€ pour un documentaire et 2,13€ pour un court métrage.
Si l'on pousse la logique de comparer le poids respectif de chaque genre aux crédits accordés par la Région : les fictions, qui contribuent à hauteur de 63,9% des retombées totales, accaparent 30,6% des aides ; les longs métrages : 26,5% des retombées pour 44,4% des aides ; les documentaires : 7,5% des retombées pour 16,7% des aides et enfin le court métrage : 2,5% pour 8,3% des aides.


En retombées directes totales, les 2,5 M€ engagés en 2009 ont donc généré 21,3 M€. "Il y a plusieurs postes de dépenses localisés en région sachant que l'écriture et la post production continuent d'être centralisés à Paris. La moitié de ce qui a été dépensé localement correspond aux rémunérations et charges sociales et 40% à des dépenses de tournage (décors, catering, hôtellerie....).


Quant aux retours indirects, les plus difficiles à quantifier et à qualifier, 300 touristes ont été pour ce faire interrogés à Nice, Cannes et Marseille et 150 autres visiteurs sur des sites dédiés aux tournages. 0,8% déclarent être venus après avoir vu un film ou une série. Une valeur absolue donc faible mais à "relativiser, complète Jean-Michel Puydebat, de PV2D. Il a généré entre 117 et 167 M€ de dépenses locales".


Pour l'heure, l'étude a surtout démontré que les tournages contribuaient à entretenir et à développer une image positive de la région. Pourtant, dans notre dossier, les professionnels locaux du secteur regrettaient que Marseille notamment soit souvent exploitée soit pour son côté pagnolesque, soit pour être le théâtre de luttes mafieuses.


Cette étude désormais réalisée, quels seront les axes retenus par les décideurs pour qu'elle ne se contente pas seulement d'enrichir les fonds documentaires de nos institutions ? Déjà, des questions ont été émises : "Est-ce que ceux qui ne tournent pas en région le ferait si l'on avait une politique de promotion ?" ; "Faut-il favoriser le tournage des genres audiovisuels qui offrent le plus de retombées ?", interroge Patrick Mennucci, vice-président en charge du dossier à la Région. Une étude similaire devrait être réalisée sur les festivals. Est-ce normal, s'interroge l'élu, que la Région donne 200 000€ aux Chorégies d'Orange et 250 000 € à Cannes ? Le festival du film rapporterait environ 200 M€ à l'économie de la ville célèbre pour ses marches.

Adeline Descamps

Photo : Un euro investi par la Région génère 4,99 € pour un long métrage.

* L'étude a été réalisée sur la base d'un benchmarking des territoires français et étrangers (Royaume-Uni, Espagne, Italie, Belgique), d'une analyse des comptes de production d'une cinquantaine de productions cinématographiques et audiovisuelles tournées en PACA entre 2003 et 2009, et deux sondages auprès des touristes présents en août et en septembre 2010 à Marseille, Cannes et Nice, le tout complété par 10 entretiens avec les acteurs du tourisme et du cinéma en région.




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