La niçoise NicOx acquiert une société pharmaceutique britannique

Après plusieurs revers, la biotech de Sophia Antipolis, centrée jusqu?à présent sur la R&D de médicaments, revoit son positionnement. En acquérant 11,8% du capital de la Britannique Altacor, elle opère un tournant stratégique dans l?ophtalmologie.

Cataloguée trop vite au rang des entités moribondes, la société de R&D en biotechnologie NicOx semblait destinée à enchaîner les plans de restructuration jusqu'au dépôt de bilan. Dernier revers en date : la publication des résultats de l'exercice 2011, attestant d'une perte globale de 16,7 M€ (contre 43,9 millions en 2010).

Depuis le refus des autorités sanitaires américaines d'homologuer l'un de ses produits phares, l'anti-inflammatoire Naproxcinod, la biotech (aucun chiffre d'affaires délivré en 2011 contre 7,4 M€ en 2010 correspondant au paiement initial reçu de Bausch + Lomb dans le cadre de l'accord de licence mondial conclu en mars 2010) peine à retrouver du souffle et a dû procéder à plusieurs vagues de licenciements, dont la dernière en décembre 2011. NicOx, qui totalisait 77 salariés fin 2010, en compte aujourd'hui 25.

"L'on nous a dévalorisés trop tôt, dénonce Éric Castaldi, directeur financier du groupe. Après 18 mois difficiles, nous affichons en bourse une progression légitime". La semaine dernière, le titre - qui était tombé aux alentours de 1€ en 2010 après l'échec du Naproxcinod - s'échangeait à plus de 4,20€. Un rebond imputable à la nouvelle stratégie de développement.

"Nous opérons un changement radical. NicOx est amenée à devenir une société internationale de taille moyenne spécialisée en ophtalmologie et axée sur la commercialisation de produits et le développement de projets à un stade avancé".

"Moyennant 2,4 M€", la société est entrée à hauteur de 11,8% au capital d'Altacor, société pharmaceutique britannique à capitaux privés spécialisée en ophtalmologie. "Nous disposons par ailleurs d'une option exclusive pour acquérir le solde des actions pour un montant d'environ 10,8 M€", détaille Éric Castaldi. Option exerçable jusqu'au 31 mai 2012.

Selon les termes de l'accord, le rachat d'Altacor sera rémunéré, au choix, en numéraire, en actions NicOx ou en combinaison des deux. Si les médicaments développés par la firme britannique atteignent des étapes prédéfinies, des paiements additionnels, pouvant s'élever à un peu plus de 10 M€, seront dus.

"Nous souhaitons privilégier la rémunération en actions afin de préserver la trésorerie (93,1 M€ au 31 décembre 2011, ndlr) et pouvoir envisager de futures acquisitions et prises de licence".

Si les dirigeants décident d'exercer leur option et d'acquérir l'intégralité des actions Altacor, le groupe héritera alors d'une équipe de gestion commerciale expérimentée et d'une plate-forme opérationnelle pour les ventes au Royaume-Uni et en Irlande. Pays dans lesquels Altacor écoule déjà, avec et sans ordonnance, des traitements pour la sécheresse oculaire.

"Nous étendrons la commercialisation dans le reste de l'Europe, anticipe Éric Castaldi. La sécheresse oculaire est un marché en pleine croissance, en raison notamment du vieillissement de la population et du travail sur écran.
De grands groupes, comme Sanofi ou Merck, sont déjà actifs dans ce domaine, mais il y a de la place pour plusieurs acteurs".

Estimé à 16,2 mds$ en 2010, le marché mondial de l'ophtalmologie devrait atteindre 21,1 mds$ d'ici 2016*, avec un taux moyen de croissance de 4,5% par an. NicOx a déjà acquis une expertise dans ce secteur au travers de ses collaborations avec Bausch & Lomb et Pfizer.

PH

* The ophtalmic pharmaceutical market outlook to 2016, Business insight, septembre 2011.

Photo : Éric Castaldi, directeur financier de NicOx (©DR).

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