4 questions à Tahar Slimani

Disposant désormais de l'agrément CIP ou conseiller en investissement participatif auprès de l'AMF délivré par l'AMF, la plateforme de crowdfunding Kalisi lancée à Marseille en février dernier dévoile un peu plus sa stratégie.


Vous venez d'être agréé CIP par l'Autorité des marchés financiers (AMF). Qu'est-ce que cela va vous apporter concrètement ?
Préalablement, il faut savoir que le financement participatif se divise en trois segments : Il y a d'abord le don, avec ou sans contrepartie. Puis le prêt, réglementé par l'AMF, pour lequel il faut avoir le statut d'IFP (Intermédiaire en financement participatif, NDLR). À ce jour, contrairement aux idées reçues, cette forme de contribution représente le volume le plus important. Nous le mettrons en place prochainement... Et enfin, l'equity capital, pour lequel il faut donc l'agrément CIP et qui recouvre l'offre de titres de souscription (actions ou obligations). Nous sommes aujourd'hui la première plateforme en Paca à obtenir cet agrément et à proposer cette option.


Les plateformes de crowdfunding se multiplient. Effet conjoncturel ou nouvelle tendance durable ?
Nous allons plus loin face aux formes de financement plus classiques. Pendant les trois mois de campagne, un dialogue s'instaure de fait. Et puis, nous faisons appel à l'intelligence de la foule. De cette mise en commun dépendra la décision d'investissement ou pas. On partage le risque ensemble, c'est un changement fondamental dans la façon d'envisager le financement. Et cela séduit, car les fonds doublent chaque année en France : 152 M€ en 2014, 133 M€ rien qu'à la fin du premier semestre 2015... Ainsi, ce n'est pas une bulle, comme certains tendent à le penser. Une bulle, par définition, découle d'une surévaluation de ce qui n'existe pas d'un point de vue concret. Dans le cas du crowdfunding, c'est loin d'être le cas : il s'agit de particuliers qui transfèrent une part de leurs avoirs des banques vers une économie plus conforme à leurs aspirations...


Tout de même, comment peut-on tirer son épingle du jeu face à ce maquis de plateformes ?
Les premières étaient généralistes, elles ont tendance à présent à se spécialiser. En ce qui nous concerne, nous avons fait le choix, comme on le sait, de nous tourner vers l'euroméditerranée. Nous sommes également les premiers à faire de l'accompagnement aux dirigeants, du coaching, de la recherche de partenaires potentiels grâce à nos réseaux. Outre cela, nous voulons contribuer à faire émerger une économie alternative, tournée vers l'éthique. Ce n'est donc pas un hasard si la première entreprise à être sélectionnée est Totem Mobi, qui implante des stations de véhicules électriques en autopartage. Leur campagne, déjà annoncée sur notre plateforme, sera ouverte ce 1er octobre.


Que regardez-vous plus concrètement, lorsqu'il s'agit de sélectionner les dossiers ?
Nous nous focalisons particulièrement sur deux aspects : quel est l'impact sociétal du projet et comment il peut s'exporter. J'illustrerai ces propos en évoquant un autre dossier porté par Kaalisi : il s'agit d'un lecteur de faux médicaments mis au point par l'entreprise Médicodose. Ce projet-là nous intéresse car l'ingestion de faux médicaments (et il ne s'agit pas uniquement de placebo !) fait encore aujourd'hui en Afrique énormément de ravages. Un tel équipement serait donc salvateur si l'on en dotait les pharmacies. Pour l'heure, ce lecteur est en phase test, en Iran et en Angola, avant validation et mise en place à l'international. C'est sur ce type de projet que nous entendons nous positionner.


Propos recueillis par Carole PAYRAU
Crédit photo : DR

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