Spécialiste en robotique chirurgicale, Caranx fait la preuve de son concept chez l’animal

Spécialiste des dispositifs médicaux, la medtech basée à Nice annonce le succès de la première implantation avec assistance robotique d’une valve cardiaque transcathéter chez l’animal. Une première étape pour la jeune pousse qui entend, via la robotique et l’intelligence artificielle, simplifier, standardiser et démocratiser les gestes complexes en chirurgie cardio-vasculaire. En commençant par une niche marché estimée à 8 milliards de dollars.
(Crédits : DR)

Nouvelle avancée notable en robotique chirurgicale. A Marseille, le 18 mars dernier, un robot destiné à être autonome et guidé par intelligence artificielle a implanté avec succès, sous la supervision du Dr Stéphane Lopez, chirurgien cardiaque à l'institut Arnaud Tzank, une valve cardiaque transcathéter chez un porc. Une première mondiale et la première étape d'un projet qui vise, à terme, à simplifier, standardiser et donc démocratiser cette procédure complexe, baptisée TAVI, apparue il y a une vingtaine d'années mais dont le déficit d'expertise freine l'adoption.

A la manœuvre, la medtech Caranx Medical, spécialiste des dispositifs médicaux. Née à Nice en 2020, elle réunit une vingtaine de personnes autour de la robotique et de l'IA avec la volonté de transformer la chirurgie cardio-vasculaire et, en premier lieu, celle consistant à remplacer la valve aortique par voie transcathéter. « Il y a un défaut d'adoption et de pénétration de cette procédure, difficile et longue à acquérir, ce qui explique le décalage entre l'offre et la demande. Or, celle-ci ne fait qu'augmenter du fait du vieillissement de la population, de la prévalence des maladies cardio-vasculaires ou encore de l'apparition dans les pays émergents d'une classe sociale qui appelle à une santé de qualité », détaille Michel Therin, président de la jeune pousse, chiffres à l'appui : « On estime qu'aux Etats-Unis et en Europe, environ 300.000 procédures TAVI sont réalisées chaque année, alors que plus de 1.700.000 patients attendent d'être traités. »

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Pilote automatique

C'est là qu'intervient Caranx Medical et sa solution robotique TAVI Pilot. Elle s'appuie sur un logiciel de navigation per-opératoire qui, grâce à l'IA et une base de données extrêmement large de plus de 5.000 patients, repère et suit en temps réel les repères anatomiques et instrumentaux sur les images fluoroscopiques. Une sorte de « GPS » donc, associé à un bras robotique qui manipule le système de pause de la valve, quelle que soit sa marque. Le tout, évidemment, sous supervision du cardiologue interventionnel, qui peut reprendre la main dès qu'il le juge nécessaire. « C'est comme le pilote automatique des avions. Cela n'enlève pas la responsabilité mais donne en permanence une assistance qui réduit considérablement les erreurs humaines. » A cet égard, la medtech niçoise table sur une précision des pauses « à 1 mm à 95%, à 2 mm à 100%, quand les chirurgiens aguerris font entre 2 et 3 mm de précision, les moins bons entre 5 et 10 mm. Il s'agit aussi de diminuer les complications ». Et donc d'apporter de la performance à la simplification et à la standardisation du geste. L'idée étant « d'ouvrir l'intervention à une plus grande population de cardiologues interventionnels ».

En quête de 20 millions d'euros

La pause sur un élément porcin réalisé le mois dernier constitue la première étape d'un parcours qui devrait aboutir d'ici à 2026 à la mise sur le marché du logiciel de guidage. « L'année 2025 sera consacrée aux études cliniques humaines pour la partie logicielle, via une étude préliminaire auprès d'une vingtaine de patients, suivie de l'étude pivot, auprès d'une cohorte plus importante, qui viendra mesurer la précision de la pause », annonce le dirigeant. La partie robotique, quant à elle, devrait entrer en test un ou deux ans plus tard.

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En attendant, Caranx cherche des financements. Soutenue par Truffle Capital, un des leaders européens de l'investissement dans les biotechnologies et les dispositifs médicaux, la medtech a déjà mis sur la table une enveloppe de 12 à 13 millions d'euros pour développer la technologie, staffer l'équipe et mener ce premier essai chez l'animal. La suite, estime Michel Therin, se chiffre à une vingtaine de millions d'euros. « Nous cherchons des VC spécialisées medtech, aux Etats-Unis et en Europe, qui n'ont pas peur d'accompagner une entreprise pendant trois à quatre ans ». Et ce, sur un marché représentant, selon Frost and Sullivan, quelque 8 milliards de dollars de chiffre d'affaires, en croissance de 10 à 12% par an.

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