Comment Alt-Gr met la science de la donnée à portée des TPE-PME

Sa spécialisation : avoir développé retrodata, une plateforme qui permet aux entreprises d’utiliser leurs propres données pour mieux gérer leur activité via, notamment, la prédiction de leurs ventes. Grâce à des algorithmes moins gourmands en données et des prix accessibles, la startup basée à Aix-en-Provence s’adresse en particulier aux PME et TPE.
(Crédits : DR)

Depuis l'informatisation de leur gestion, les entreprises accumulent d'importants gisements de données sans toujours savoir les exploiter. Si les grands groupes recourent parfois à des outils d'intelligence artificielle, l'accès à cette technologie est plus difficile pour des structures de plus petite taille où la donnée est moins abondante. L'entreprise Alt-Gr est créée en juin 2018 pour y remédier.

Pour cela, Laurie Giuggiola, sa fondatrice qui a fait carrière comme courtière en prêts immobiliers et gestion de patrimoine, s'entoure de doctorants data-scientists. Ensemble, ils développent un algorithme capable de fonctionner avec moins de données que les autres, s'appuyant sur un mécanisme de mémorisation, à l'image du cortex cérébral qui apprend au gré des expériences. « Cela lui permet de transposer ce qu'il retient sur de plus petits volumes ». L'intérêt est de permettre à des petites entreprises d'exploiter leurs données sans avoir besoin d'en collecter des centaines de milliers. Et ainsi de tirer profit de ces technologies pour résoudre leurs problèmes du quotidien et accompagner la décision.

Prédiction des ventes

Une fois l'algorithme en place, Alt-Gr met au point une plateforme baptisée Retrodata. Avec une première application : la prédiction des ventes. « On part d'un fichier vente qui peut être un simple document Excel. Grâce au machine learning, on obtient une analyse qui va permettre de visualiser toutes les données historiques et de projeter l'activité future », à savoir, pour l'heure, les ventes, l'impact de la saisonnalité, les meilleurs et moins bons produits. « Si on anticipe une hausse des ventes, l'entrepreneur pourra s'organiser et recruter pour y faire face ». Et inversement.

Au-delà de la technologie, c'est aussi par le prix que l'outil est rendu accessible aux petites et moyennes entreprises. « On propose une offre d'entrée de gamme avec une trentaine de graphes pour 50 euros par mois ».

Des entreprises du e-commerce et des technologies

Pour l'heure en phase d'essai, Retrodata est utilisé par des testeurs aux profils assez variés, locaux pour la plupart. « Il y a CMA-CGM, le laboratoire HTS Bio de Gémenos, Quaou Outdoor, Totem Mobi, Rofim... » Des entreprises qui se positionnent majoritairement dans le e-commerce ou dans les technologies. « Ce sont des sociétés qui ont une certaine maturité pour avoir un intérêt à exploiter leurs données ».

Le lancement officiel est prévu pour début juin, ciblant les TPE-PME mais pas seulement. « Même dans les grands groupes, on manque d'outil pour faire de l'analyse à partir de données basiques. On a des concurrents qui proposent de la visualisation des données passées, mais pour profiter de leurs services, il faut faire appel à un data analyst. Et pour la prédiction, il n'existe rien pour travailler à partir de bases de données frugales ».

S'appuyer sur l'écosystème local

Pour se déployer, l'entreprise entend d'abord s'appuyer sur l'écosystème local. « On a déjà des appuis à la Chambre de commerce et d'industrie, à Aix-Marseille French Tech. Ils sont très demandeurs car les chefs d'entreprise ont besoin de sortir de l'ornière», explique l'entrepreneuse qui a par ailleurs été accompagnée par ZeBox (CMA-CGM) et Les Premières Sud.

Un décollage localisé d'abord, puis un développement national financé par une levée de fonds à venir, de 1,5 à 2 millions d'euros. « La technologie, on l'a. Nous devrons nous renforcer sur le volet commercial ».

Quant à l'international, l'entreprise s'y ouvrira « volontiers ». « Pour le moment, notre site n'est qu'en français. Mais il pourra être traduit dans plusieurs langues ».

Développer les fonctionnalités, intégrer l'open data

Si l'entreprise a pour l'heure la voie libre en raison de l'absence de concurrents directs, elle sait que « l'idée fait son chemin. Il faut qu'on se dépêche ». Et pour garder une longueur d'avance, elle veut continuer à innover.

Après la prédiction des ventes, elle souhaite ajouter à sa plateforme un module de gestion des stocks. « L'entrepreneur saura quand il doit se réapprovisionner en fonction des ventes prévues, de la saisonnalité ». Autre axe de travail : l'évaluation de l'impact des campagnes de communication en ligne. « Tout ce qui est en rapport avec le SEO sur Google, Linkedin est très obscur. On veut aider les entreprises à savoir précisément ce que leur rapporte 100 euros investis dans une campagne de publicité ».

Enfin, l'entreprise aimerait enrichir son outil de nouvelles données. « L'open data [des données publiques en libre accès, ndlr] se démocratise. On aimerait en récolter pour montrer à un chef d'entreprise son activité inscrite dans son secteur, pour faire des comparaisons au niveau national ou régional ».

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