Une joie en guise de soulagement pour Provence Rugby. Au coup de sifflet final, les plus de 8.000 spectateurs du stade Maurice-David célèbrent la victoire obtenue sur le fil face à Béziers lors de son dernier match. Ce résultat permet à l'équipe basée à Aix-en-Provence de réaliser l'un des meilleurs départs depuis sa remontée en pro D2 en 2018. Au-delà du terrain, ce match face aux Biterrois symbolise aussi l'évolution du club. « Nous étions à guichet fermé un jeudi soir, c'est exceptionnel », se réjouit Vincent Bobin, le directeur général depuis 2016.

Depuis janvier, l'enceinte installée à l'orée quartier du Jas de Bouffan à Aix-en-Provence dispose de quatre tribunes et donc d'une capacité plus importante. L'ouvrage illustre le changement du club depuis sa reprise par Voyage Privé, l'entreprise fondée par Denis Philippon en 2013. L'ambition est d'être dans « le top 3 des affluences » alors que le club a terminé la saison dernière à la sixième place de ce classement. « Mécaniquement, cette nouvelle tribune augmente notre billetterie et notre buvette, mais elle nous permet d'avoir un plan grand espace salon et aussi de fermer le stade ce qui donne une impression de vrai club professionnel », détaille le dirigeant.

Une image importante auprès des collectivités, des sponsors ou des diffuseurs télé. Provence Rugby a d'ailleurs été diffusé sur Canal+ « onze fois la saison dernière contre deux ou trois fois auparavant ». Une mise en avant qui n'a pas un impact financier direct mais donne une plus grande visibilité, ce qui attire plus de public et intéresse les partenaires.

Lire aussiProvence Rugby plante ses crampons dans l'écosystème entrepreneurial

Des entreprises qui invitent leurs salariés

Les entreprises sont « le point sur lequel nous avons le plus progressé, tous nos espaces sont pleins » se réjouit Vincent Bobin qui compte environ 500 partenaires contre 310 en 2019. Mais pas de quoi rassasier Provence Rugby. « Le territoire a un énorme potentiel, dans les départements des Bouches-du-Rhône, des Alpes-de-Haute-Provence et du Vaucluse, on compte 70.000 sociétés », pointe le dirigeant.

Vincent Bobin qui observe également une évolution des motivations qui poussent ces partenaires à venir. « Historiquement une entreprise voulait inviter ses clients, désormais certaines utilisent le stade pour leurs salariés ». Un moyen de les fidéliser et de les réunir alors que le développement du télétravail réduit les moments passés entre employés d'une société. Les rencontres programmées dans la grande majorité le vendredi soir facilitent cette approche.

La coupe du monde de rugby qui vient de se terminer peut avoir un effet indirect - bien que le parcours de la France se soit arrêté dès les quarts de finale - en faisant parler de ce sport mais aussi en incitant d'éventuels spectateurs d'un match à venir prendre un espace à Maurice-David. A charge ensuite à Provence Rugby de proposer une expérience stade de qualité, un aspect vers lesquels se portent les investissements du club. Cela se traduit par des choix de food truck basés sur la qualité plutôt que les revenus générés ou l'organisation de concerts après les matches. « Nous avions 700 étudiants lors du dernier match, le stade doit ressembler à la ville et il faut s'adapter au public », estime Vincent Bobin.

Une TPE sportive

Tous ces développements permettent à Provence Rugby d'augmenter son budget, et le classement budgétaire correspond bien souvent au classement sportif. Les dernières données de la ligue nationale de rugby concernent la saison 2021-2022, le club aixois affichait le 8e budget de la pro D2 et a terminé à la 7e place du championnat. Vincent Bobin ne souhaite pas donner de chiffres, mais indique « qu'il a fortement augmenté ». Selon le directeur général, « économiquement, nous ne sommes pas loin du Top 14 ( la première division NDLR) »

L'élite française de l'ovalie se compose de villes comme La Rochelle ou Pau, de quoi dire « qu'il est tout à fait envisageable de le faire dans la métropole Aix-Marseille, il faut être capable de générer des recettes ». Un club de rugby restant une TPE où l'incertitude du sport pèse moins sur le budget que dans le football par exemple grâce à des droits télé plus équilibrés et l'absence de transfert. La prochaine étape voulue par le club est de rénover sa tribune historique. « Pour le Top 14, il faut au minimum un stade de 10.000 places », indique Vincent Bobin. Ça serait cinq fois plus qu'il y a dix ans.