La Brasserie du Comté : de l’après Alex aux projets d’innovation

Née dans la vallée de la Vésubie, l’entreprise a failli mettre la clé sous la porte, impuissante face aux difficultés de relocalisation de son outil de production, entièrement dévasté par la tempête Alex. Sauvée quasi in-extremis par la constitution d’une zone d’activité où elle construit une nouvelle unité, la marque fourmille de projets, de la création d’une gamme de limonade à celle d’une école de formation. Un exemple aussi de l’importance de l’industrie en zone rurale.
(Crédits : @ Côte d’Azur France – Yann Savalle.)

Comme toutes les TPE PME qui ont été touchées par les conséquences de la tempête Alex, la Brasserie du Comté a bien failli inscrire le mot fin sur son aventure entreprenariale. Et le mot aventure est assez proche de la réalité, tant la période de reconstruction, dans tous les sens du terme, a été longue, douloureuse, difficile. En mars dernier, c'est un peu un cri d'alarme que pousse la PME, désespérée de ne voir se réaliser aucun des projets de réinstallation annoncés après le passage de la tempête Alex. Des promesses qu'il devenait urgent de rendre réalité, la brasserie poursuivant son activité uniquement grâce à la solidarité d'autres brasseurs azuréens, soit une solution peu durable dans le temps, le coût d'une telle opération s'élevant à 50.000 euros par mois et étant rendue possible par les indemnités perçues des assurances, lesquelles prennent fin en septembre prochain.

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Une situation d'urgence qui inquiétait Edwards Dilly et Laurent Fredj, les co-dirigeants de la PME, soulignant qu'une réinstallation de l'outil industriel nécessitait du temps avant un redémarrage à 100%. Un temps de latence nécessaire mais aussi synonyme d'absence de chiffre d'affaires.

Canettes et spiritueux, les projets pour conquérir les parts de marché

Trois mois plus tard, la zone du Touron est en train de devenir réalité. Et étant donné le caractère d'urgence, c'est un permis de construire accéléré qui a été délivré à la brasserie azuréenne. Laquelle a opté pour une nouvelle unité de production en structure bois, installée sur 1.200 m2, construite selon des critères d'éco-responsabilité et en partie autonome en énergie qui recevra entre autres, une salle de brassage, 14 fermenteurs, une ligne d'embouteillage semi-automatique, une ligne d'encanage, une unité de distillerie premium, des chambres froides, chariots élévateurs... Soit un investissement de 1,6 million d'euros pour le bâtiment et de 2 millions d'euros pour les équipements. Un chantier qui revient au menuisier du village, une façon de contribuer à faire redémarrer aussi les autres entreprises locales.

Brasserie

La future unité de production de la brasserie est éco-conçue.

Une Brasserie du Comté qui va ainsi pouvoir dérouler l'ensemble des projets qu'elle a mûrit depuis 8 mois. Dont la création d'une gamme de spiritueux - whisky et gin -, le développement de la seconde gamme de bières, baptisée #Aloura, basée sur la version de la bière vendue en GMS, mais ici développée en version premium pour en faire des bières plus riches et complexes, testées chaque mois par les clients. L'idée de lancer une gamme de canettes, destinée aux sports d'hiver figure aussi dans les idées à développer comme la gamme de bière en fût.

2022 devrait voir l'arrivée d'une nouveauté, la limonade. Et d'une bière sans alcool, comme d'une bière sans gluten.

Une école de formation brassicole pour drainer l'économie dans la Vallée

Mais c'est bien le projet de création d'un centre de formation brassicole qui constitue le projet le plus ambitieux. Une formation qui n'existe pas et qu'il faut donc construire et que Laurent Fredj est en train d'affiner avec Brasseurs de France, l'association nationale des brasseurs. En attendant que le projet arrive à son point de maturité, soit deux ans, la brasserie prévoit de courts cycles de formation, « des parcours découverte sans diplôme », précise le co-dirigeant de la Brasserie, accueillant une dizaine de personnes et qui « nous permettra de nous mettre en route ». « Tout cela nous fait gagner 5 à 6 ans sur notre plan de développement », souligne pour sa part Edwards Dilly. Ce qui engendre des recrutements, une embauche ayant été réalisée, portant à 8 le nombre de salariés. Ils devraient être 18 d'ici 2 ans.

La zone du Touron devrait accueillir la douzaine d'entreprises impactée ou détruite par la tempête Alex en octobre dernier. Mais Laurent Fredj, qui représente également la Chambre régionale des métiers et de l'artisanat dans la Vallée, de souligner qu'il n'est pas forcément possible pour toutes les entreprises d'acheter leur parcelle. Il entend bien également convaincre les huit porteurs de projet qui s'étaient présentés, de revenir dans la Vésubie. « C'est l'avenir de l'arrière-pays et de la vallée qui sont en jeu ».

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