Comment SerfiGroup a pivoté, de distributeur pour l'hôtellerie à prestataire de conseils

Initialement positionnée comme un acteur de l’hôtellerie dite « classique », la PME basée à Nice a totalement fait sien le virage numérique, embrassant les nouvelles technologies comme autant d’axes de différenciation et de développement. Ce qui sert non seulement sa croissance mais celles des autres acteurs de la filière.
(Crédits : CC by Pixabay)

A l'origine, Serfi, créé en 1989, se développe sur le créneau classique de l'hôtellerie, devenant une PME de fournitures « classiques », comme le secteur en a besoin. C'est la reprise de l'activité par Anne Saint-Léger en 2016, qui va réellement faire pivoter l'entreprise installée à Nice, un pivot qui passe par... les nouvelles technologies.

Car le métier d'hôtelier et a fortiori les besoins des professionnels évoluent aussi dans un contexte général qui voit la digitalisation pénétrer de multiples segments. « J'ai immédiatement perçu le potentiel de Serfi », explique Anne Saint Léger. « Je voyais la mutation de l'hôtellerie, celle des attentes des clients ». De cette réflexion est donc née la nouvelle feuille de route de l'entreprise azuréenne.

Appuis technologiques

Et pour dérouler cette roadmap, Anne Saint Léger s'appuie notamment sur une autre entreprise dont elle est également présente au capital, DSA Technologies, basée à Orléans, historiquement spécialisée en informatique industrielle et embarquée et qui développe ses propres capteurs connectés, sans fil, à ultra basse consommation et à longue portée. Des capteurs capables de mesurer la détection de présence, la qualité de l'eau... Et des capteurs qui s'adaptent plutôt bien aux besoins de l'hôtellerie. « Ces capteurs permettent de détecter par exemple la présence de personnes - grâce à la chaleur thermique - et de mouvement dans des salles de réunion par exemple. Ce qui offre l'opportunité de pouvoir gérer l'occupation de ces espaces et de les optimiser ».

L'hôtel, acteur de la ville

Mais cela permet aussi de gérer la climatisation ou le chauffage et donc « de faire des économies d'énergies », souligne Anne Saint Léger. « Nous avons développé cela pour le grand tertiaire, avec un pilotage à distance, via une tablette ». IBM par exemple, est l'un des grands groupes que la PME a équipé. C'est désormais le tour du petit tertiaire.

Ses solutions servent donc bien SerfiGroup. « L'hôtellerie aujourd'hui ne se résume pas à la location d'une chambre. Les clients veulent des services. Et l'hôtel devient un lieu de vie dans un quartier ». C'est comme cela que la PME a développé un boîtier, adapté sur la TV, qui donne la possibilité soit de réserver des services de l'hôtel, soit de réserver des services à l'extérieur, ce qui fait de l'établissement hôtelier un acteur de la vie dans la ville, au-delà de ses murs. Et ce service de réservation est aussi ouvert à ceux qui ne sont pas clients de l'établissement hôtelier. Outre le fait de contenter la clientèle en recherche de services particuliers, c'est aussi, fait remarquer la dirigeante, « du chiffre d'affaires complémentaire pour les hôteliers ».

« Nous avons complètement changé l'image et le positionnement de Serfi », poursuit Anne Saint Léger qui a aussi constitué une équipe en interne, recrutant des techniciens, des électriciens... plutôt que de sous-traiter l'ensemble.

Accompagner la mutation et l'hôtellerie indépendante

Et pour continuer sur la lancée d'une efficience mieux maîtrisée, la PME azuréenne a également développé une application destinée à la gestion des activités des femmes de chambres. Très simple, proposant pour les différentes tâches des pictogrammes (et s'affranchir ainsi des éventuelles barrières linguistiques), elle optimise ainsi le planning général.

L'ensemble de la stratégie déroulée ces deux dernières années sert aussi la conjoncture de l'hôtellerie qui voit beaucoup d'actifs, être tentés par l'aventure hôtelière. « J'avais anticipé cela en 2017. Beaucoup de cadres qui connaissent le marketing, ont compris que la digitalisation, offrir des services complémentaires sont essentiels. Nous sommes très bien positionnés sur la reprise d'entreprises. L'hôtelier aujourd'hui n'est plus un commerçant ». A ne pas oublier non plus que, si les chaînes hôtelières accompagnent leurs établissements dans ces aspects de digitalisation et de marketing, il n'en va pas de même pour les hôteliers indépendants.

La santé, axe de diversification

Demeurer alerte sur son marché ce n'est pas pour autant ignorer les autres secteurs, capables d'offrir une diversification. C'est notamment le cas avec celui de la santé, plus précisément des Ehpad que SerfiGroup veut adresser via ses capteurs connectés. « Les capteurs ne vont pas détecter la chute en elle-même mais remarquer si la personne n'est plus dans son lit », explique Anne Saint Léger. « Pour cela nous avons dû adapter notre solution sur tablette, à destination des aides-soignants ». Mais SerfiGroup compte bien aussi s'adresser aux résidences seniors, incluant les réservations de services extérieurs. « Je voulais, depuis longtemps, développer l'entreprise vers le secteur de la santé, mais en apportant de la valeur ajoutée. Aujourd'hui nous rentrons par la porte des nouvelles technologies pour apporter cette valeur ajoutée ». SerfiGroup, qui emploie 50 salariés, a réalisé en 2019, un chiffre d'affaires de 10 M€. En plein déploiement de sa croissance, la crise sanitaire a coupé net l'envol de la PME niçoise. Anne Saint Léger a d'ailleurs fait connaître son ire face aux manques d'aides à destination des fournisseurs ECHR. SerfiGroup envisage un chiffre d'affaires 2021 de l'ordre de 13 M€.

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