JO 2030  : la candidature des Alpes Françaises est-elle mise à mal ?

Aucune loi d'exception pour financer les Jeux olympiques d'hiver de 2030 en France n'a été votée. Alors que la démission du gouvernement ne lui permet de s'occuper que des affaires courantes, La Lettre révèle que Matignon n'est pas favorable à engager l'Etat à « éponger l'éventuel déficit » de cet évènement. A l'inverse, l'Elysée apporte son soutien à la compétition.
(Crédits : Romain Charbonnier / ADE)

La scène semble bien lointaine, pourtant elle ne date même pas d'un mois. Deux jours avant le premier tour des législatives anticipées, le Premier ministre Gabriel Attal se trouve à Marseille pour soutenir les candidats du parti présidentiel. Une visite express durant laquelle il s'affiche aux côtés de Renaud Muselier, président du conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur et chef de file de la droite marseillaise qui se prépare pour les prochaines municipales.

Les deux hommes politiques jouent alors la même partition avec un message clair : un changement de gouvernement risquerait de mettre à mal les grands projets régionaux. « Il va se passer quoi ?», lance même Renaud Muselier en évoquant certains de ces projets, dont les Jeux olympiques d'hiver 2030. Un discours répété depuis, y compris lors du dernier conseil régional le 13 juillet dernier parlant d'une « vraie inquiétude » alors que la composition du futur gouvernement se fait attendre.

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Matignon contre, l'Elysée pour

Pourtant, Gabriel Attal n'était peut-être pas le meilleur allié des Alpes du Sud pour les Jeux d'hiver. D'après La Lettre, le Premier ministre démissionnaire ne souhaite pas engager financièrement l'Etat sur ces JO 2030 alors que les finances publiques se trouvent dans un « état dégradé ». Un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) chiffrerait un surplus de 400 millions d'euros ce qui porterait les aides de l'Etat à près de 900 millions d'euros. Alors que la période des affaires courantes a démarré, c'est l'Elysée qui cherche à « imposer la candidature des Alpes françaises »  avec une lettre engageant « la France à éponger l'éventuel déficit de la compétition », indique le site spécialisé dans la publication d'informations confidentielles. Une lettre à la valeur politique, mais pas juridique, puisque la garantie dépend de la loi de finances.

Portée par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, la candidature française est la seule en lice pour ces Jeux. Elle doit encore être confirmée par le Comité international olympique (CIO) le 24 juillet prochain durant les JO de Paris. D'après Renaud Muselier, il ne manque que la signature du président ou du Premier ministre afin de garantir les financements pour être prêt pour la plénière du CIO. Car logiquement, ce type de grande manifestation exige un financement à la hauteur de l'événement. Le budget annoncé est d'un peu moins de 2 milliards d'euros - pouvant être ramené à 1,5 milliard d'euros soufflait-on il y a quelques mois, soulignant le fait que les Alpes françaises bénéficient déjà d'infrastructures adéquates et d'un héritage des précédents grands événements. Or, on le sait, les prévisions budgétaires sont souvent dépassées, confrontées à la réalité...

JO

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Aucune loi d'exception

En Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier a toujours défendu une candidature alpine, laquelle candidature exigerait de rénover la vétuste ligne ferroviaire des Alpes, qui relie Marseille et Briançon en presque cinq heures, pour améliorer ce temps de parcours. Un chantier onéreux, bien qu'aucun montant ne soit actuellement annoncé. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'Etat rechigne à participer. En décembre, alors que la candidature française venait tout juste d'être désignée comme la seule encore en lice pour les Jeux d'hiver 2030, le ministre des Transports d'alors Clément Beaune se trouve à Marseille pour signer le CPER. Le contrat plan Etat-région garantit des financements de l'Etat - aux côtés de la région - sur certains grands projets. Les JO ne figurent pas dans cette nouvelle monture, compte tenu de la fraîcheur de l'annonce du CIO.

Le président du conseil régional partage alors ses attentes autour d'une « loi d'exception » (aussi appelée d'héritage) pour obtenir des financements supplémentaires de la part de l'Etat. Clément Beaune avait alors botté en touche : « Il y aura une annexe olympique qui sera une clause de rendez-vous pour voir les financements complémentaires nécessaires ». Depuis, le ministre n'est plus Clément Beaune mais Patrice Vergriete, cependant aucune loi d'exception ne pointe le bout de son nez. La période d'affaires courantes qui vient de s'ouvrir, suite à la démission du gouvernement Attal, n'arrange rien à l'affaire. Et encore faudrait-il que le gouvernement en ait la volonté. Reste donc à connaître le prochain Premier ministre. Sa couleur politique aura sans doute un impact sur cet événement sportif souvent décrié pour son impact écologique et porté par deux présidents de conseils régionaux positionnés à droite sur l'échiquier politique.

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Commentaire 1
à écrit le 19/07/2024 à 15:15
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Une bonne chose si cette candidature aberrante financièrement et écologiquement pouvait être enterrée définitivement.....

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