Budget 100% climat : la Région Sud, entre volonté politique et enjeux économiques

Voté en assemblée plénière ce 16 décembre, le budget de la Région Provence Alpes Côte d’Azur est désormais intégralement tourné vers la transition environnementale. Un choix de son président, Renaud Muselier, déjà engagé dans une « COP d’avance », son leitmotiv depuis 5 ans. Retenu comme région pilote pour expérimenter la planification écologique, le Sud fait tout de même face à une réalité du terrain où se posent de nombreux défis dont celui de l’agriculture et de la dépendance énergétique. C’est bien tout cela qu’il va falloir mettre en musique, avec un horizon proche, 2040.
(Crédits : DR)

Renaud Muselier en rêvait. Il l'a fait. Depuis ce 16 décembre, le budget de l'institution qu'il préside est 100% tourné vers le climat, avec comme conséquence, notamment, celle de percevoir désormais tout dossier susceptible d'être soutenu, sous ce prisme. Une suite somme toute logique à la « COP d'avance », qui était déjà devenue la marque de fabrique, en quelque sorte, d'un président de région décidé à faire bouger les lignes sur le sujet environnemental.

30 milliards d'euros mobilisés en 5 ans

L'une des traductions concrètes c'est notamment le programme Escales Zéro Fumées, dédié à l'électrification des bateaux à quai, doté d'une enveloppe de 30 millions d'euros, nourrie de fonds régionaux et européens et qui a pour ambition de soutenir le monde maritime, vilipendé pour les bateaux de croisières polluants (alors même que Marseille a été pionnière dans l'électrification des bateaux à quai). Il y a aussi les arbres plantés. Promis pour 2023, une flotte de cars décarbonés dans les Alpes-Maritimes, 1,5 milliard d'euros consacrés aux lycées pour que ces derniers soient rénovés et si c'était le cas, ne plus être des passoires thermiques.

Il y a aussi le soutien aux communes, puisque la sobriété énergétique est devenue nécessaire étant donné le contexte. Sur ce point, la Région promet de venir en aide à celles, les plus petites particulièrement, qui auraient besoin d'une aide d'un point de vue ingénierie. En parallèle 20 millions d'euros sont prévus pour être consacrés à l'accompagnement des projets verts des communes.

On attend cependant beaucoup du plan « métiers verts de demain » qui sera dévoilé dès 2023. Clairement, l'un des sujets est bien là, puisque parmi les nouveaux métiers qui émergent, ceux liés à la transition énergétique font inévitablement partis du lot. Quels sont-ils, quels sont ceux qui sont déjà là, ceux qui pourraient naître ? On se rappelle du référent énergétique demandé dès fin août par Elisabeth Borne, aux entreprises. On imagine un vaste champ des possibles et une attractivité bienvenue envers les jeunes.

Financer les infrastructures green

Et puis, il y a le volet entreprises. On rappelle qu'en tant que chef de file de l'économie, la Région s'inscrit là dans sa mission : lier développement économique et écologie. Des PME, ETI et grands groupes qui ne sont évidemment pas hors sol et qui intègrent, à différents niveaux, les enjeux écologiques. On sait que, côté financement et investissement, le regard attentionné porté sur les critères ESG contribuent à changer la donne et à faire office d'éperon. En septembre dernier, la Région a annoncé le lancement du fonds Terra Nea, opéré par Andera Infra, l'équipe d'Andera Partners, spécialiste du non coté. Un fonds consacré au financement des projets d'infrastructures, telles que la production des énergies renouvelables, la mobilité, la décarbonation de l'industrie, la gestion et le stockage d'énergie. Des tickets d'un million d'euros à 5 millions d'euros pourront être investis en equity minoritaire et quasi-equity. Doté de 17 millions d'euros par la Région, Terra Nea visait un premier closing cette fin 2022 à hauteur de 40 millions d'euros. Voilà un levier financier à observer...

Une accentuation de l'intérêt porté à la chose écologique qui est aussi le sujet de la Chambre régionale de l'Economie sociale et solidaire dont le président, Denis Philippe, estime que les entreprises de l'ESS ont un rôle capital à jouer et peuvent apporter leur pierre à l'édifice.

Une volonté mais des défis

Reste que si la volonté politique est claire, les ambitions annoncées, il y a aussi le contexte du territoire. Provence Alpes Côte d'Azur est un ensemble contrasté, riche d'espaces naturels lesquels recouvrent 75% de sa surface mais qui subit les aléas climatiques fortement. Dans son dernier Atlas régional, l'Insee pointe la raréfaction de la ressource en eau, la fragilité du couvert forestier et une exposition aux risques naturels qui demeure élevée. Elle pointe aussi l'agriculture, plutôt à valeur ajoutée avec des spécificités en vin, fruits et légumes, très demandeuse en irrigation. L'Insee qui note aussi l'avance des zones artificialisées face aux terres agricoles, un mauvais positionnement en matière de production de déchets peu valorisés. Où il est aussi question d'un besoin d'approvisionnement extérieur en matière énergétique alors que la production est, elle, renouvelable. La Région Sud qui a été choisie, pour rappel, par Elisabeth Borne, pour être le pilote d'une expérimentation de planification écologique. Au-delà des volontés politiques, quel sera l'impact économique ? Quel effet d'entraînement ? Voire quel effet d'attractivité ?

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