La cybersécurité, ce sujet qui aujourd'hui concerne tous secteurs et toutes tailles d'entreprises, fait partie des thèmes majeurs que doivent prendre en compte les dirigeants. Déjà vrai sujet de préoccupation avant la crise, il a pris du poids avec celle-ci, les notions de travail à distance du jour au lendemain ayant constitué un vrai challenge pour bon nombre d'acteurs économiques. Prendre en compte, donc, mais toutes les entreprises ont-elles le même niveau de conscience ?

Le télé-travail, brique du changement

Clairement, les TPE/PME sont-elles véritablement attentives et pro-actives ? Clairement pas, souligne Marc Brua. Le co-fondateur et dirigeant de Squad, société d'expertise et de conseils basée à Sophia-Antipolis, d'insister sur le manque de considération des TPE PME, tandis que les grandes entreprises « sont bien armées contre les risques cyber. C'est notamment aussi le cas des banques, qui ont travaillé très tôt sur la cyber. Pour ce qui est des TPE PME voire des ETI nous sommes encore très loin du compte ».

L'émergence du télé-travail - faisant désormais partie de la norme - a pu rendre certaines entreprises vulnérables, ajoute Marc Brua mais cela « les a aussi obligées à accélérer leur prise de conscience sur la cybersécurité. Le télétravail a énormément amplifié les possibilités de failles de sécurité. Aujourd'hui on ne sécurise pas de la même façon des postes chez les particuliers - car se pose la question de qui utilise ces postes, les enfants par exemple s'en servent-ils pour aller jouer ? On peut, bien sûr, mettre des process de protection en place - c'est ce que l'on appelle du zéro trust - avec l'idée de considérer qu'un poste de travail est une entreprise en soi. Mais ce sont des process assez longs et les entreprises en sont très très loin ».

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(Re)Former, la réponse rapide

Portée par ce contexte, Squad avait par ailleurs annoncé un vaste plan de recrutement, de 400 personnes pour l'année 2022. De quoi il faire doubler ses effectifs, mais, rappelle également Marc Brua, il ne faut pas oublier les départs subis. Avec au total, quoi qu'il en soit, un secteur qui connaît - à l'instar de quasiment tous les secteurs, des difficultés de recrutement. C'est la volonté de contrer cette problématique qui a fait émerger l'idée d'une filiale dédiée à la formation, non pas au sens classique du terme, mais à une sorte de reskilling de certains profils. Baptisée Squad Up, elle a démarré une première promotion de 25 personnes, en septembre dernier, et envisage une seconde promotion, plus large, de 120 à 150 personnes pour 2023. « L'idée n'est pas de former quelqu'un qui n'est pas du tout du domaine de l'informatique et de le transformer en consultant cyber, mais de faire évoluer celui qui est dans l'informatique depuis 10, 15, 20 ans mais qui n'a pas pris le train des évolutions technologiques, qui commence à être un eu en dehors des rails et cette formation le ramène dans les rails des nouvelles techno et de la cybersécurité », détaille Marc Brua. « L'avantage pour nous est que cela nous permettra de détendre un peu les difficultés sur le recrutement »

Autre sujet, celui de la féminisation du secteur IT plus généralement et de la cyber en particulier, un bât qui blesse encore et toujours. « Notre secteur dit être composé à 11% de femmes - ce qui est très faible - chez Squad c'est 19% de femmes, ce qui est mieux mais pas suffisant. Il y a un vrai travail à mener - qui nous dépasse un peu - qui consiste à présenter les métiers de la cyber aux femmes et aux jeunes de façon plus large », avance le dirigeant sophipolitain. Qui reconnait que l'image d'Epinal liée à la cybersécurité - « celle d'un homme avec un sweet à capuche, dans un désert relationnel total » - a la vie dure et doit être dépassé. « C'est un vrai sujet d'éducation ».

Le défi de la souveraineté tricolore

La création du Campus Cyber - initiative du président de la République - à Paris, campus opérationnel depuis plusieurs mois, répond aussi à une volonté de mieux faire travailler ensemble les entreprises du secteur, toutes tailles confondues. « Nous avons fait partie des membres fondateurs. Cela a mis un peu de temps à éclore. L'idée de ce Campus est de réunir des acteurs de la cyber, des sociétés de conseil comme nous, des industriels, des éditeurs et d'essayer de nous faire travailler ensemble afin de créer une sorte de souveraineté française. C'est un work in progress ».

Squad, qui affiche un chiffre d'affaires de 80 millions d'euros en 2022, est passé par la case export, au Canada et en Suisse, et aimerait, via de la croissance externe se positionner en Belgique et en Allemagne.

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Un décideur économique, invité chaque semaine

Pour rappel, depuis ce début novembre, La Tribune et BFM Nice s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

BFM Nice Côte d'Azur est à retrouver sur le canal 31 de TNT régionale et sur les box au canal 285/518 (SFR) et 360 (Bouygues).

La chronique est animée par Celine Moncel pour BFM Nice et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.