Dans le Var, System Factory s'ambitionne en incubateur de startups pour la Défense

Le cluster industriel qui fait partie de TVT Innovation, dans le Var, met en relation les innovations des PME avec les besoins du secteur de la Défense principalement. Son responsable et fondateur Stéphane Claisse souhaite désormais accompagner des jeunes entreprises. Un appel d'offres doit être lancé dans l'année.
(Crédits : iStock)

Le rôle d'entremetteur convient bien à Stéphane Claisse. Le directeur de System Factory n'emploie pas précisément ce terme, mais son discours a tout d'une définition. "Les PME n'ont pas les contacts ni les connaissances pour trouver des clients intéressés par les résultats de leurs recherches ou pour les présenter dans des cas d'usage. Nous les aidons à faire cela en valorisant les briques d'innovation pour que la demande et l'offre matchent", explique-t-il. Voilà qui résume la philosophie de cette structure qui se définit comme un "cluster industriel".

C'est en 2018 que System Factory voit le jour sous l'impulsion de Stéphane Claisse. Le fruit d'un processus qui démarre pour ce salarié de Naval Group par un détachement il y a moins d'une dizaine d'année au sein du pôle Mer Méditerranée. "Nous nous étions rendu compte qu'il était nécessaire d'aller chercher des innovations à l'extérieur du groupe, au contact des PME qui sont plus agiles", raconte-t-il. L'objectif est alors d'identifier des briques technologies pouvant servir l'industriel, mais aussi d'autres grands groupes avec lesquels il fait affaire.

"Je me suis alors rendu compte qu'en France nous avions les meilleures innovations, mais que nous étions moins bons pour l'intégration, c'est-à-dire introduire ces innovations dans un produit pour que cela devienne un succès", poursuit Stéphane Claisse. C'est à partir de ce constat que né System Factory, qui à l'image du pôle Mer est une branche de TVT innovation, l'agence de développement économique de la métropole Toulon Provence Méditerranée.

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Partir de l'offre mais aussi de la demande

S'il a été décidé de créer une structure supplémentaire, c'est qu'elle se positionne sur un domaine spécifique qui est celui de la Défense. "Au départ ce qui se faisait dans la Défense allait ensuite vers le civil, aujourd'hui c'est plutôt l'inverse mais nous nous faisons dans les deux sens", précise Stéphane Claisse qui vente également la nécessité d'être "au plus près" des sujets liés à la Défense pour réussir cette mission. "Il faut savoir de quoi l'on parle", insiste-t-il.

Ce positionnement se concrétise par la convention GIMNOTE pour Groupe d'innovation pour la maîtrise navale en opération par la technologie et l'expérimentation. Elle a été signée dès décembre 2018 avec la direction générale de l'armement (DGA) et la Marine nationale. Il s'agit d'un relai régional de l'agence de l'innovation de défense (AID) pour que System Factory s'occupe de la partie industrielle.

A l'éternelle question qui anime les économistes sur qui de la demande ou de l'offre influence l'autre, le cluster industriel basé à Toulon n'aime pas "ou" mais bien "et". Stéphane Claisse l'assure, "une PME peut venir avec une technologie et nous réfléchissons à son application, mais cela peut aussi être la Défense qui nous demande de réfléchir au centre opérationnel du futur". Le dirigeant revendique une approche qui est depuis le départ similaire aux phases 4 et 5 des pôles de compétitivité.

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Incuber une dizaine de start-up

La spécialité de System Factory est bien la Défense, mais cela n'empêche pas le cluster d'aller piocher dans d'autres filières. Ainsi, une technique d'analyse d'images pour repérer la rouille de la SNCF peut atterrir dans les entrailles d'un drone pour scruter les coques de bateaux. Autre exemple, mais dans le sens inverse, celui d'une caméra hyperspectrale qui arpente des vignes pour chercher des maladies sur des feuilles.

Pour élargir son portefeuille de possibilités, une base de données des travaux des différentes PME en France et en Europe est en cours de création avec la fondation méditerranéenne d'études stratégiques (Fmes). De quoi porter des projets entre entreprises de plusieurs pays, mais aussi de bénéficier d'aides européennes dans ce cadre-là. "Nous essayons de travailler le plus possible en amont pour trouver les bons partenaires", indique Stéphane Claisse.

Avec 145 projets accompagnés en trois ans, le cluster veut poursuivre sur sa lancée et aller un peu plus loin en créant un incubateur dédié à la Défense. "Nous allons lancer un appel d'offres cette année, nous voudrions aider une dizaine de start-ups d'ici trois ans", glisse le dirigeant. Qui veut désormais être plus qu'un entremetteur.

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