« Transmettre son entreprise, ce n’est pas forcément vouloir réaliser une opération financière » Pierre Mathez – Mathez Freight

La transmission, sujet prégnant qui englobe la sauvegarde des savoir-faire, la réassurance client, l’organisation interne d’une entreprise, n’est pas toujours l’étape la plus aisée à réaliser. Choisir de passer la main à des cadres de l’entreprise, à ceux qui ont contribué à créer sa valeur et son business, c’est l’option retenue par le dirigeant de la PME basée à Nice. Où il est question d’équilibre, de continuité et… d’humain.
(Crédits : DR)

26 600 entreprises, soit près de 38% de l'ensemble des celles qui sont implantées dans les Alpes-Maritimes, sont en phase dite de transmission. Un sujet toujours délicat, qui s'anticipe, d'autant plus quand le moyen pour le faire est moins répandu que de simplement revendre l'entreprise telle qu'elle.

Ne pas brader sa PME, c'est le choix acté depuis longtemps par Pierre Mathez. Dirigeant, avec Brigitte Mathez et Marc Fagnen, de l'entreprise familiale, Mathez Freight, née en 1950 à Nice et spécialiste du transport international, il décide, très tôt, il y a plus de dix ans de passer la main à ses cadres, à ceux qui font déjà l'entreprise et à ne pas opter pour une solution plus « facile » : revendre au plus offrant.

Ne pas transformer, mais mieux structurer

Ce choix a notamment été expliqué en interne, l'équipe des dirigeants appelés à prendre la suite s'étant décidée en interne, de façon assez naturelle.

« Je n'avais pas envie que mon nom soit utilisé par d'autres personnes ou que l'entreprise soit transformée », explique Pierre Mathez. « C'est également une assurance pour les clients, pour les collaborateurs aussi ».

Et cette volonté de passer la main en interne a aussi permis de restructurer la stratégie de marque de Mathez, en créant deux pôles distincts, l'un consacré au fret, l'autre à l'activité réglementaire. Ce qui apportera une plus grande visibilité de la totalité de l'offre Mathez.

Techniquement, c'est un LMBO - Leveraged Management by Out - qui a permis cette transmission, permettant aux cadres repreneurs d'emprunter, les échéances étant remboursées en prenant sur les dividendes encaissés, n'impactant pas ainsi la trésorerie.

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Le fret a certes connu quelques mois difficiles - « aviation, maritime, événementiel... - se sont arrêtés », rappelle Pierre Mathez. Mais c'est la présence digitale de Mathez sur Internet qui va booster sa reprise, à l'époque l'entreprise étant sollicitée par l'acheminement de blouses et de masques.

Cependant, un autre facteur va générer de la croissance, c'est l'effet Brexit. Effet inattendu mais bienvenu. « On nous a rendu la part d'activité que nous avions perdu en 1993 (suite à la signature du traité de Maastricht NDLR). Nous faisons de la douane pour toutes les marchandises qui arrivent ou qui partent en Grande-Bretagne. Nous avons embauché dix déclarants en douane, alors que nous avions du nous séparer de six déclarants en 1993 ».

Pas d'opération financière

Interrogé sur les conseils qui pourraient inspirer d'autres chefs d'entreprises, voire les inciter à opter pour une transmission à leurs cadres, Pierre Mathez estime que « tout dépend si on veut faire une opération financière ou pas ». Qu'il faut tenir bon face à des propositions de rachat qui ne manquent pas de venir de l'extérieur. « Le LMBO est une bonne option, car cela permet aux repreneurs de racheter des parts sans sortir de trésorerieCe n'est pas forcément la solution la plus simple, mais c'est celle qui est ressortie de note réflexion ».

Un décideur économique, invité chaque semaine

Pour rappel, depuis ce début novembre, La Tribune et BFM Nice s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

BFM Nice Côte d'Azur est à retrouver sur le canal 31 de TNT régionale et sur les box au canal 285/518 (SFR), 374 (Orange) et 360 (Bouygues).

La chronique est animée par Celine Moncel pour BFM Nice et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.

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