Par nature, très fortes à l'échelon mondial, porteuses d'un savoir-faire français, les entreprises spécialisées en cosmétique ne bénéficient plus du même large terrain de prospection, la crise sanitaire et ses conséquences, notamment sur la limitation voire l'arrêt des liaisons internationales ayant réduit ce dernier à peau de chagrin.

Certes, les premiers mois de confinement et ceux qui ont suivi ont fortement mobilisé certaines d'entre elle dans la production de gel hydro-alcoolique.

Sauf que le cours normal de développement de toute entreprise doit s'organiser, reprendre. C'est un élément aussi essentiel de la compétitivité des PME comme de celle de la France et l'enjeu s'inscrit pleinement dans l'objectif de reprise.

Un poids de 16 milliards d'euros

Pourtant certaines pépites du secteur cosmétique, comme SO.F.I.A Cosmétiques qui exprimait dans La Tribune tout son désarroi face à une prospection export empêchée, difficile de trouver des axes de développement complémentaires, d'enrichir son carnet d'adresses, de confirmer des projets en cours, de former ses distributeurs, d'entretenir ses relations d'affaires. Bref, difficile de rester en croissance et de conforter son leadership.

Avec 15,7 milliards d'euros réalisés en 2019, les exportations générées par la cosmétique réalisent même plus de 50 % de la production hexagonale. C'est donc assez logiquement que des mesures spécifiques ont été intégrées dans le volet export de France Relance. Logique et nécessaire. Car les entreprises - SO.F.I.A Cosmétiques n'est pas la seule - « disent leur difficulté à savoir comment les marchés évoluent dans le monde. Comment il est possible d'y accéder. Les circuits de distribution changent. Il est également compliqué d'avoir des informations fiables sur la solvabilité des acteurs », reconnaît Frédéric Rossi, directeur général délégué Export de Business France. Business France, qui aux côtés des CCI et de Bpifrance notamment, constituent la Team France Export, cet interlocuteur multi-compétences qui se décline en région sous forme de guichets uniques.

Être le phare dans la tempête

Pour être efficace, il faut être pragmatique. Pour distiller l'information le plus largement possible, plusieurs webinaires ont été organisés ces derniers mois, chacun consacrés à des zones différentes du monde. Dès le mois de janvier prochain, des cartes interactives, des podcasts et des guides seront déployés et mis à disposition sur le portail de Team France Export, « afin d'apporter l'information la plus opérationnelle et la plus récente permettant d'identifier les opportunités de business », ajoute Frédéric Rossi, soucieux que le tout soit une sorte de « phare dans la tempête ».

Si les liaisons aériennes sont empêchées, l'idée du Plan est d'assurer une sorte de continuum dans la visibilité des entreprises. En résumé, s'il n'est pas possible d'aller sur le terrain, c'est un peu le terrain qui va aux entreprises. C'est l'objectif du Chèque Relance Export, imaginé pour faciliter l'intérêt porté aux marchés à explorer, en accompagnant financièrement, à hauteur de 50 %, toute dépense engagée pour les opérations de prospective. « Ceci est une façon de répondre au comment y aller si on ne peut pas y aller. Cela peut permettre d'amorcer de nouveaux contrats commerciaux » indique Frédéric Rossi, insistant sur une donnée : les 8 % de croissance en Chine qui proviennent de nouvelles entreprises françaises.

Influenceurs, bloggeurs... et VIE

Puisque on en cesse de répéter que la dématérialisation a du bon, autant le prouver. C'est le rôle de la marketplace mise en place dès janvier 2021, vitrine virtuelle qui rassemble les produits français, lesquels sont envoyés dans les pays concernés directement aux bureaux de représentation français afin de permettre aux prospects ciblés de pouvoir en prendre connaissance « en vrai ». « Cela est déjà mis en place pour tout ce qui est vins et spiritueux. Nous constatons des courants d'affaires qui commencent à naître », souligne Frédéric Rossi, confiant sur le fait qu'ils se confirmeront « dès que les vols aériens reprendront, rendant possible les rencontres sur place. Pour l'heure il est question de maintenir le flux ». Autre vecteur de visibilité qu'il n'est pas négligeable de considérer, celui qu'offrent les influenceurs et bloggeurs, particulièrement ceux des pays visés. « Cela accroît la visibilité du produit et démontre son adaptabilité au marché », souligne Frédéric Rossi.

Et puis il y a le VIE. Ce Volontaire pour être le représentant à l'international d'une entreprise dont il porte les couleurs, les valeurs... et les produits, est connu et méconnu à la fois. 10 500 VIE sont déployés dans 150 pays. Mais peut mieux faire. Et ici, c'est un dispositif très utile. Qui bénéficie, pour mieux être utilisé par les entreprises, d'un Chèque Relance VIE avec un soutien en monnaie sonnante et trébuchante de 5 000 €. Une bonne façon de « repartir rapidement à l'export », estime le Directeur général délégué Export de Business France.

La nouvelle année verra aussi un nouveau mécanisme d'assurance prospection être activé, avec une avance de trésorerie possible, à hauteur de 40 000 euros, pour contribuer au développement d'un marché particulier.

« Nous croyons beaucoup au rebond, avec des marchés qui ont changé, plus de produits d'hygiène, de soins à domicile demandés », analyse Frédéric Rossi. « Il existe des tendances de marché qu'il ne faut pas rater ».