Le carnaval de Nice, un vecteur d’attractivité… et d’exportation

Tous les mois de février, chars et grosses têtes défilent autour de la place Masséna et du jardin Albert-Ier, comme le veut la tradition depuis 1873. Mais, sous les batailles de fleurs, se cache un outil économique qui implique les entreprises locales et séduit jusqu’en Chine.
Le carnaval de Nice (ici, lors de son édition 2019) entraîne chaque année la création de 1 800 emplois directs et génère 30 millions d’euros de retombées économiques., Il se déroulera cette année du 15 au 29 février.
Le carnaval de Nice (ici, lors de son édition 2019) entraîne chaque année la création de 1 800 emplois directs et génère 30 millions d’euros de retombées économiques., Il se déroulera cette année du 15 au 29 février. (Crédits : Ville de Nice)

Dans quelques jours, la Promenade des Anglais ne sera plus tout à fait la même, parée de tribunes, prête à accueillir touristes et autochtones pour célébrer la 136ème édition du Carnaval de Nice. Un rendez-vous habituel, ancré dans l'Histoire de la Baie des Anges et que l'on pourrait presque voir comme un rituel festif. Sauf que le Carnaval est passé à une autre dimension, bien plus économique.

Le Carnaval fonctionne comme un écosystème. Avec ses règles et ses acteurs historiques comme nouveaux entrants. Quatre sociétés, retenues par appel d'offres se partagent pour trois d'entre elle la réalisation des chars et pour la dernière, des grosses têtes, fabrication additive et conception 3D à l'appui. Aux ymagiers, en revanche, revient la tâche "d'imaginer" le contenu des chars, les personnages, le contexte, le scénario. Un travail de création qu'a tenu, par exemple en 2000, le dessinateur de Charlie Hebdo et Marianne, Tignous. Et auquel se sont attelés, cette année, huit heureux sélectionnés, chargés de créer les personnages de 17 chars. Douze fleuristes fournissent les 21 tonnes de mimosa et les 250 000 tiges de fleurs nécessaires pour les batailles. Et c'est au total 80 entreprises dont 50 versées dans l'artistique, qui vivent, inventent, respirent, créent le Carnaval de Nice.

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Levier d'attractivité

Mais le Carnaval de Nice est aussi un levier d'attractivité. Parce qu'il est populaire, il est l'occasion de toucher le touriste. Un élément qui prend toute son importance quand on sait qu'il se tient au mois de février, c'est-à-dire en pleine période dite creuse pour le secteur du tourisme. "C'est un rendez-vous important au cœur de l'hiver pour combler un creux de fréquentation", souligne d'ailleurs Rudy Salles, l'adjoint niçois en charge du tourisme. Surtout que le public rajeunit "se diversifie, on y vient en groupe, en famille mais on voit aussi une clientèle habituée des 4 et 5 étoiles participer davantage". En 2019, 204 000 spectateurs ont été recensés.

Pour capitaliser sur cette notoriété, la Métropole Nice Côte d'Azur, qui est devenue l'organisateur depuis la loi MAPTAM, active aussi le levier dynamisation du commerce de proximité. L'an dernier 2 000 kits de décoration ont été distribués et le thème 2020 - Roi de la Mode - se prête particulièrement aux braderies - rebaptisées Carnaval Days - et aux défilés.

Les tribulations d'un Carnaval en Chine

Une stratégie qui semble payer. Car même si la clientèle est avant tout française, à 80 %, elle est aussi constituée de visiteurs originaires d'Italie, d'Angleterre, d'Irlande, d'Allemagne et de Russie. Surtout, le Carnaval s'exporte. "Cette manifestation est un atout majeur pour notre économie en hiver. Notre ambition est d'associer toute la ville à cette grande fête populaire mais aussi d'exporter le Carnaval à l'étranger comme nous l'avons fait en Chine en 2017 et 2018, ce qui a offert à Nice une publicité sans précédent, avec une couverture médiatique de plusieurs mois", indique Christian Estrosi, le maire de Nice. Car oui, les Chinois, amoureux de la France et de la Côte d'Azur sont venus chercher l'exotisme et le savoir-faire azuréen. C'est d'abord avec Xiamen puis Ningbo qu'un accord de coopération a été conclu respectivement en 2017 et 2018.

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Un écosystème donc, global, pluriel, qui génère 30 millions d'euros de retombées économiques pour un budget de 6 millions d'euros, entraînant la création de 1. 800 emplois directs. Surtout, le carnaval de Nice s'inscrit parfaitement dans les Carnaval Studies, ces réflexions menées par des chercheurs, comme le précise Nathalie Gauthard, enseignante-chercheuse en anthropologie des arts vivants à l'Université Côte d'Azur (UCA). Le carnaval, fête populaire, levier économique et... sujet d'étude !

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