La réputation de la cité des parfums n'est plus à faire. En remportant en l'espace de quelques mois deux contrats d'envergure, Grasse réaffirme toutefois sa position de capitale mondiale de la parfumerie. « Ces commandes très exposées légitiment notre rôle et prouvent une fois de plus que nous sommes incontournables sur ce marché, prévient Muriel Courché, chargée de communication au Musée international de la parfumerie (MIP). De Guerlain à Chanel, toutes les grandes marques viennent acheter leurs arômes chez nous ». Un argument de poids qui convainc sans difficulté la clientèle étrangère. Désireuse de mettre sur le marché une « fragrance nationale », la Lituanie s'est récemment tournée vers Galimard. « Les autorités lituaniennes nous ont demandé de créer un parfum qui symboliserait leur pays, explique la Maison grassoise. Nous avons travaillé sur le projet pendant deux mois et notre composition a finalement été validée ». Mille premiers flacons ont été produits pour plus de 100 000 litas (28 900 €). Autre contrat insolite signé ces derniers mois : celui qui unit le clan Jackson à un nez grassois. « Quand mon associé m'a téléphoné des États-Unis, je n'y ai pas cru », confie Joseph Rubino. Les documents étaient pourtant officiels. L'azuréen avait un mois et demi pour imaginer un parfum en hommage au défunt roi de la pop. Mission accomplie. La fragrance, qui possède déjà son pendant féminin, sera commercialisée dès le mois d'avril outre-Atlantique. « Entre 3 et 5 millions de flacons pourraient être commandés, précise le nez grassois. Nous sommes actuellement en train de déterminer leur prix. Celui-ci devrait avoisiner les 50 dollars ». Un formidable coup de pub. « Des sujets nous concernant passent sur la chaîne CNN », sourit-il. « Habituellement, nous essayons de promouvoir Grasse dans des salons européens, mais le public n'est pas le même. Michael Jackson va nous permettre de toucher une nouvelle clientèle », précise Muriel Courché. Inscrite dans une longue tradition de parfumeurs, la Ville de Grasse compte aujourd'hui une quinzaine d'entreprises opérant dans l'industrie aromatique. Celles-ci réalisent plus de 450 000 K€ de CA par an, soit près de 75% du chiffre d'affaires national du secteur.

Piérine Herbin

Légende photo : Sandra Dziad, nez chez Galimard, a imaginé la fragrance nationale de la Lituanie (crédit : Galimard).