« Je n'ai pas changé », sourit Nicolas Sarkozy. Invité du Forum des entrepreneurs qu'organise l'UPE des Bouches-du-Rhône, l'ancien président de la République à fait du Nicolas Sarkozy. Seuls les cheveux gris trahissent le temps qui passe depuis son quinquennat à l'Élysée (2007-2012), pour le reste, mimiques et façon de lancer les remarques sont toujours là. « C'est très émouvant d'être au Vélodrome qui est peut-être le plus beau stade de France », lance-t-il, malgré le fait qu'il soit supporter du rival parisien, le PSG, avant d'enchaîner : « C'est un endroit de passion et la passion c'est ce qui manque aujourd'hui ».
Au-delà de ces considérations sportives et de sa gestuelle, l'ancien locataire de l'Elysée prouve qu'il n'a pas changé non plus dans son discours. A plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy évoque la valeur travail, valeur qui est au coeur de ses convictions. « L'homme est fait pour deux choses : aimer et travailler. Il ne faut pas opposer les deux », expose-t-il. Et forcément dans cette mécanique, l'entrepreneur joue un rôle clef. Dans une vision très schumpeterienne, il décrit le chef d'entreprise comme « celui qui travaille plus que les autres, prend plus de risques et aime plus son travail ».
« Il faut arrêter de demander à l'entreprise de tout faire »
En revanche, les tendances du moment et les évolutions du monde professionnel en dix ans ne convainquent pas Nicolas Sarkozy. Il reconnaît volontiers ne guère goûter aux concepts « d'entreprise civique ou du rôle des entreprises ». L'ex-chef de l'Etat confie « se méfier de ces grands mots » et estime que « le rôle d'une entreprise c'est de générer du bénéfice, de créer des emplois et de chercher à prospérer ». Point. Il appelle « chacun à faire son travail et que l'on arrête de demander à l'entreprise de tout faire »
Autres termes, qu'il n'apprécie pas « les mots tech et modernité, quand vous les entendez vous savez qu'il n'y a rien derrière ». Le télétravail en prend aussi pour son grade : "c'est de la télévision pas du travail ». La formule déclenche une salve d'applaudissements. Une vision globale qui peut paraître en décalage, voire datée, par rapport aux différents discours actuels sur le monde du travail. « Je préfère être un ancien modèle en forme qu'un nouveau pas terrible », répond Nicolas Sarkozy.
« On apprend tout de ses échecs »
Un ancien modèle qui répète ses discours de l'époque sur le travail donc, « travailler plus pour gagner plus », mais aussi sur « l'identité française » et « l'immigration », « s'ils ne veulent pas s'intégrer ils peuvent choisir un autre pays ». L'occasion de fustiger « le politiquement correct » qui empêche de débattre. Ni sa condamnation pour corruption dans l'affaire dite des écoutes sur sa campagne de 2007, ni les autres affaires judiciaires en cours le concernant ne seront évoquées.
Comme souvent pour les anciens présidents, il défend ses choix lorsqu'il occupait l'Elysée. C'est d'ailleurs pour mieux les expliquer qu'il sort un livre, Le temps des combats. « Le président de la République est là pour préparer l'avenir, pas pour plaire à tout le monde », justifie-t-il en faisant écho à la réforme des retraites effectuée sous son quinquennat. « Les syndicats étaient opposés mais ce n'est jamais le moment, s'il faut attendre qu'ils soient d'accord la réforme va coûter plus cher », argumente celui qui était aussi avocat d'affaires, jamais avare d'un petit tacle à François Hollande, qui l'a battu à l'élection présidentielle de 2012. Un échec qui a marqué Nicolas Sarkozy. « On apprend rien de ses succès, on apprend tout de ses échecs », estime-t-il pour valoriser la prise de risque. « Quand j'ai été battu, Carla (ndlr : Bruni, son épouse) m'a demandé ce que j'allais faire, j'ai répondu « plein de choses » et je les ai faites ».
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