Si on a l'habitude d'anticiper la transmission de son patrimoine financier, immobilier ou autre, on ne pense pas (encore) à ce qu'il advient de son patrimoine numérique. Or, d'après Jean-Charles Chemin, un adulte possède, en moyenne, une centaine de comptes numériques. Lesquels comptes peuvent, après décès de leur propriétaire, être une porte d'entrée à toute fraude, par exemple, ou errer sans avoir la possibilité de transmettre aux héritiers tout ce qui a été acheté, stocké, téléchargé. Des possessions numériques qui ont une valeur sentimentale tout au moins, sinon plus.
Un état de fait auquel on est confronté lors d'un décès : il est alors complexe et compliqué de retrouver les accès, faute de connaissance des mots de passe et autres noms d'utilisateurs.
Un vrai casse-tête pour les ayants-droits que l'entourage de Jean-Charles Chemin a connu. C'est ainsi qu'a germé l'idée d'une solution capable d'assurer la transmission de ces données personnelles et par définition ultra-sensibles. Car aucune solution sécure n'est disponible sur le marché.
Sécurité et chiffrage militaires
« Nous avons alors commencé à designer une solution », explique Jean-Charles Chemin, associé dans l'aventure avec Eric Maïda et Adelina Prokhorova, trois profils « ingénieurs ou assimilés » qui vont tester plusieurs pistes avant de mettre au point un prototype fonctionnel. Nous sommes alors fin 2021 et il aura fallu une année de R&D pour aboutir à un produit mature.
Produit testé en direct, en quelque sorte, lors du salon Les Entreprenariales, organisé par l'UPE06 à la même période. Un test grandeur nature qui se révèle concluant par l'intérêt qu'il suscite. La commercialisation de Legapass est entamée au mois d'avril dernier.
La startup engrange alors ses premiers clients. « Nous avons également été approchés par des investisseurs », indique Jean-Charles Chemin. Tous, rassurés « sur la technologie ».
Une technologie appuyée sur un niveau de sécurité « qui n'existe pas » ailleurs, assure Jean-Charles Chemin et qui a fait l'objet d'un dépôt de brevet. La sécurité qui est évidemment un nœud névralgique. Legapass a donc développé son algorithme à s'appuyant sur une technologie de chiffrage de niveau militaire. Coffre-fort hors ligne, la startup n'a aucunement accès aux données qu'elle récupère. Le processus de restitution du patrimoine numérique se fait par voie d'huissier. « Nous ne sommes pas un cloud, nous ne dupliquons pas les codes d'accès, nous les enregistrons. C'est l'étude partenaire de Legapass qui conserve toutes les clés de sécurité liées aux comptes. Elles sont ensuite restituées aux ayants droits ».
Le BtoC avant le BtoC
Désireuse « de capitaliser sur une offre compréhensible et utilisable », Legapass est engagée dans une levée de fonds pour un montant de 500.000 euros, s'adressant pour cela plutôt à des business angels, ces profils « capables de nous apporter leurs compétences ».
Une communication sera faite à la rentrée sur le produit, annonce aussi Jean-Charles Chemin.
Une seconde levée de fonds est d'ores et déjà prévue « pour se faire connaître en France et à l'international ». L'international où la startup assure posséder un potentiel de développement certain, notamment par le niveau de sécurisation qu'elle propose.
Le business-modèle s'appuie pour sa part sur trois niveaux : une offre gratuite - à vie, qui se rémunère au moment de la transmission aux ayants-droits - et deux offres premium, l'une avec un abonnement par mois, l'autre avec un abonnement unique, à vie. Des offres qui vont, cependant « évoluer ». La startup, qui emploie actuellement 7 personnes, devrait renforcer l'équipe et porter son effectif à 10 salariés d'ici le mois de septembre.
Si elle adresse pour le moment le segment BtoC, Legapass envisage le BtoB en s'adossant sur ses prescripteurs que sont les assureurs, les gestionnaires de patrimoine tout en regardant les plateformes de cryptomonnaie avec attention renforcée. « C'est un secteur où nous voulons entrer vraiment ». Le segment BtoB qui concerne notamment les entreprises, un sujet sensible, les « chefs d'entreprises ayant besoin de sécuriser leur business ». On sait combien la disparition d'un dirigeant peut - si elle n'est pas anticipée - mettre l'entreprise en danger. Legapass, table par ailleurs, sur un premier chiffre d'affaires pouvant atteindre 1 million d'euros.
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