Marklix : du modèle Netflix à celui d’un Microsoft de l’impression 3D

Installée à Marseille, cette entreprise entend lutter contre l’obsolescence en simplifiant l’usage de l’impression 3D. Ciblant au départ les particuliers à qui elle proposait la fabrication de pièces détachées, l’entreprise a changé de stratégie et d’adresse désormais aux professionnels : fabricants et imprimeurs. Parmi ses clients, de grands noms tels que Seb, Boulanger ou encore l’Espagnol Ferrovial.
(Crédits : DR)

Elle se voyait en « Netflix en l'impression 3D ». Une plateforme qui permettrait à des particuliers de faire imprimer les pièces défaillantes de leurs appareils électroménagers, pour éviter d'en changer systématiquement alors que chaque année en France, seuls 5 millions d'appareils sont réparés sur les 28 millions qui tombent en panne.

En 2020, Marklix s'apprête à faire son entrée sur le marché. Une campagne de financement participatif doit l'y aider. Las. « Cela a été un échec », constate Pierre Jacques Lyon, fondateur de l'entreprise. Alors il passe à la seconde étape de son plan de développement, en tapant plutôt à la porte des fabricants d'appareils. Après tout, « ce sont eux qui ont la propriété intellectuelle des pièces et les bases de données ».

En outre, ils peuvent être tentés de recourir à l'impression 3D de leurs pièces détachées pour répondre à la demande de leurs clients, toujours plus sensibles à l'impact de leur consommation sur l'environnement. Et cela leur permettrait de se conformer aux réglementations en vigueur, notamment un amendement de novembre 2019 contre obsolescence qui « les contraint à laisser libre accès à leurs fichiers 3D à des fins de réparation, quand les pièces détachées ne sont pas disponibles. Cela peut poser problème du point de vue de la propriété intellectuelle ». D'où l'intérêt de recourir à un partenaire de confiance pour la fabrication de ces pièces.

De l'identification des pièces imprimables à leur distribution

Pour ces fabricants, Marklix a mis au point un logiciel doté d'une multitude de fonctionnalités. « Nous pouvons les aider à automatiser la détection des pièces imprimables en 3D, à trouver le bon prestataire, les bons matériaux, le bon logiciel d'impression, mais aussi à gérer leur propre parc de machines ».

Et pour leur garantir une fabrication suffisante et de qualité, l'entreprise travaille dans le même temps avec des sous-traitants en impression 3D pour qui elle a développé un second logiciel. Celui-ci leur permettant de « prendre les commandes en ligne, ou encore de gérer leur planning de production ».

Les logiciels sont commercialisés depuis janvier sous forme d'abonnement dont le tarif dépend du nombre de modules disponibles. Et face à un nombre croissant d'acteurs s'attaquant aux enjeux de l'obsolescence, Marklix se distingue par la largeur de son offre, de l'identification des pièces imprimables à la distribution. « Nous avons un positionnement qui peut rappeler celui de Microsoft avec sa Suite Office. Un concurrent aura peut-être un meilleur tableur Excel que nous, mais il n'aura pas la gamme complète », compare l'entrepreneur.

Électroménager, transports

Pour l'heure, la PME travaille pour des clients de l'électroménager comme Seb. « Ils utilisaient déjà l'impression 3D mais nous ont sollicités pour autonomiser certaines tâches comme la détection des pièces imprimables. Car nous sommes en mesure de scanner leurs 200 000 références en quelques secondes seulement ».

Elle a également des contacts sur les marchés de l'industrie, de l'automobile et du transport, notamment en Espagne avec le groupe Ferrovial. Un allié de poids pour trouver une assise dans ce pays frontalier, alors que l'export est un axe de développement.

Jusque-là démarchée par ses clients, l'entreprise se veut plus conquérante en embauchant des profils commerciaux. « Pour le moment, 7 de nos 9 salariés ont des profils technologiques. Il faut rééquilibrer cela ». Une levée de fonds en cours devrait l'y aider. Objectif : 1 million d'euros. Pour des ambitions de chiffre d'affaires de 300 000 euros cette année, et 2 millions d'ici fin 2023.

En parallèle, il est question de poursuivre la recherche et développement pour garder une longueur d'avance. En répondant à des besoins complémentaires des clients, mais aussi en proposant des pièces fabriquées par d'autres procédés que l'impression 3D, comme l'usinage, plus approprié pour des pièces de grande envergure. Pour un impact plus grand sur l'obsolescence, bien au-delà du seul électroménager.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.