Hydratis : de l’IA pour mieux prédire les inondations

Installée à Aix-en-Provence, ce bureau d’étude en hydrogéologie s’est lancé depuis un an dans la mise au point d’un outil de prédiction des inondations, en particulier dans les zones montagneuses où la réaction des cours d’eau est très rapide. Pour l’heure, l’enjeu est de collecter un maximum de données dans des communes tests, afin de proposer des prédictions d’ici 3 ans.
(Crédits : DR)

Pour prévenir une inondation, les données pluviométriques ne peuvent pas tout. Composition et capacité d'infiltration des sols, type de cultures, présence de micro-climat, état des nappes phréatiques, reliefs... sont autant de paramètres à prendre en considération pour des prévisions au plus juste.

« Le problème, c'est que les prévisions dont on dispose nous disent seulement : Attention, il va pleuvoir ! », regrette Philippe Mauzet, fondateur d'Hydratis. « Alors les gens sont à l'affût de ce qui va se passer sans vraiment savoir quoi faire. Parfois, on annonce une vigilance orange ou rouge et rien ne se produit. C'est un peu comme quand on crie au loup. Les gens attendent de voir et parfois, à force d'attendre il est trop tard ». Avec tout ce que cela peut générer de drames humains et de pertes économiques.

La faute, selon lui, à l'imprécision des prédictions. Imprécision qu'il entend résoudre en utilisant son expérience en hydrogéologie, discipline qui consiste à étudier les eaux de surface et souterraines.

Recherche d'eau profonde et identification d'argile dans le sol

Après une carrière de 25 ans, Philippe Mauzet, par ailleurs passionné de spéléologie, décide en mars 2019 de fonder Hydratis autour de deux activités.

La première, c'est la recherche d'eau profonde pour des particuliers et des agriculteurs. « Des gens qui ont besoin d'eau et qui se trouvent dans des secteurs où les nappes sont asséchées ».

La seconde, c'est l'identification de la présence d'argile dans le sol. « Depuis un an, il existe une obligation légale de connaître la dose d'argile que l'on a sous les pieds pour obtenir un permis de construire ». Afin, le cas échéant, d'adapter les fondations.

Au terme de deux années marquées par la crise sanitaire qui a provoqué l'annulation de 90% des contrats, l'entreprise a néanmoins réussi à travailler pour certains clients, des particuliers de la région Provence-Alpes Côte d'Azur pour la plupart. Et c'est en s'appuyant sur sa connaissance des sols et de l'eau qu'elle se donne une troisième mission : la prévision des inondations.

Une première commune-test pour la prévention des inondations

Pour ce faire, « il nous faut disposer de très nombreuses données sur la météorologie, la pluviométrie, la hauteur des cours d'eau, l'état des sols ». Des données qu'elle entend collecter elle-même grâce aux stations météo qu'elle assemble dans son atelier de 45 mètres carrés du Technopôle de l'Arbois, à Aix-en-Provence.

Ces stations météo sont ensuite installées le long des cours d'eau de communes-test et recueillent des informations toutes les minutes. La première se situe dans une zone plutôt montagneuse aux abords du Mont-Ventoux. « En un an, le système commence à donner des résultats intéressants avec 99,9 % de données collectées ». Un résultat qu'il compare aux nombreuses pertes d'informations causées, chez ses concurrents, par des dysfonctionnements des appareils de mesure, ou l'insuffisante présence de ceux-ci dans des zones sensibles.

Ces données sur les cours d'eau, associées à d'autres portant notamment sur l'état des sols, seront enfin traitées par un algorithme. « Il y a tellement de paramètres incertains que seule l'IA peut nous aider à les caler ».

L'ambition est de fournir des prévisions en temps réel sur les risques d'inondations. Et de manière la plus ciblée possible. « Il faut prévenir les gens au plus près. Qu'ils sachent s'ils doivent partir et puissent s'organiser pour le faire, qu'ils aient le temps de monter des meubles à l'étage... ».

Si les deux premières activités de l'entreprise s'adressent davantage aux particuliers, la prévention des inondations vise en premier lieu les collectivités locales, notamment celles situées dans des zones montagneuses où « il peut s'écouler seulement un quart d'heure entre le début des pluies et le moment où le cours d'eau réagit franchement ». Des communes généralement de petite taille, qui n'ont pas nécessairement les moyens de s'offrir ce type d'outil. D'où l'espoir de débloquer des financements venus d'acteurs variés, des Syndicats des eaux à la Région en passant par les assureurs.

Rolls Royce de la prévision

Si l'entreprise ne dispose pour l'heure pas de suffisamment de données pour réaliser des prévisions fiables, elle entend déjà convaincre des communes de devenir testeuses afin d'en collecter un maximum en amont. « On estime qu'il faut 3 ans de données pour faire de la prédiction ».

Et pour ce qui est du développement de l'algorithme, Hydratis souhaite embaucher prochainement un développeur qui permettrait d'avancer sur l'IA qui n'est pas le cœur de métier de la société. « Nous ne sommes que quatre. Ce n'est pas facile de faire de l'innovation tout en générant du chiffre d'affaires sur nos deux premières activités ». Pour accélérer, la société ouvre également la porte aux investisseurs privés. Bien décidée à devenir « la Rolls Royce de la prévision ».

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Commentaire 1
à écrit le 28/06/2021 à 13:22
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de mon temps on appelait ca ' modelisation', pas ' ai'..........mais les temps ont change, et on ne reflechis plus a ce qu'on fait, on prend plein de donnees, on met ca dans un deep neural net ( quelque soit sa forme), on lance les calculs, et zou on...

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