Comment Onhys pousse les limites de son logiciel de simulation des comportements piétons

Installée à Sophia-Antipolis, la startup a mis au point un logiciel de simulation des flux de piétons, ciblant les secteurs du transport, de la sécurité, du sport et, depuis peu de la santé. Si ses solutions permettaient jusqu’alors une simulation en amont, elle veut aller plus loin en proposant une représentation en temps réel des foules. Une technologie qui sera mise à disposition des Jeux olympiques de 2024 à Paris.
(Crédits : DR)

Fondée en 2015, Onhys a construit un logiciel de simulation des flux et comportements piétons à partir de briques issues de plusieurs domaines de recherche. Les sciences cognitives lui permettent de prendre en compte la perception visuelle des individus, la manière dont ils planifient leur parcours, mais aussi leur attitude face aux obstacles ou aux piétons qu'ils croisent.

Sur ces fondations qui s'appliquent à l'ensemble des humains, s'ajoute la brique des sciences sociales qui permettent d'anticiper les comportements en fonction du contexte. On ne se déplace pas de la même manière lorsque l'on flâne ou lorsque l'on se rend au travail. Et les comportements peuvent fluctuer d'une société à l'autre.

Enfin l'intelligence artificielle permet de combiner les connaissances scientifiques et d'en tirer des conclusions concrètes dans la simulation.

Le logiciel est lancé en 2019. Il constitue l'activité principale de l'entreprise qui propose en outre de l'étude et du conseil. Ses clients sont des collectivités locales (dont Cannes et Monaco), des opérateurs d'infrastructures (stades, gares, aéroports...) « qui regroupent beaucoup de public et ont des problématiques de gestion opérationnelle », résume Sébastien Paris, président de l'entreprise.

Les champs d'action sont ainsi bien définis : sécurité, transport, sport-événementiel et depuis peu, la santé.

Ouverture au champ de la santé

Pendant l'épidémie de covid-19, l'entreprise adapte son outil pour permettre de simuler la propagation du virus. L'idée étant de penser un aménagement à même de minimiser le nombre de contagions, que ce soit dans l'espace public ou dans les aéroports. C'est l'occasion pour l'entreprise de mettre un pied dans le secteur de la santé d'où elle était jusque-là absente. « Aujourd'hui, c'est un domaine important de notre activité. Les hôpitaux voient dans notre logiciel un moyen de mieux concevoir les hôpitaux et de répondre à la problématique des maladies nosocomiales. On travaille par exemple avec le CHU de Reims pour qui on développe des outils qui permettent de mieux gérer l'accueil des patients ».

Pour mieux comprendre et intégrer ce marché, l'entreprise vient d'ailleurs de rejoindre le pôle de compétitivité Eurobiomed. Elle espère faire la différence grâce à sa technologie combinant à la fois épidémiologie et informatique.

Générer de la donnée en temps réel

Désormais, Onhys veut pousser plus loin les limites de sa technologies. Si elle se contentait jusqu'alors de réaliser des simulations en amont, elle veut proposer une visualisation de la foule en temps réel. Pour deux raisons.

« C'est une technologie novatrice sur laquelle on peut construire de nouvelles choses. Ensuite, on manque de données pour nourrir nos modèles. Malgré le big data, on n'a pas suffisamment de données précises. D'où l'idée de créer notre propre système de collecte de données ».

Baptisée Qualia, cette solution « mi hardware mi software » s'appuie sur « des capteurs qui permettent de recenser en temps réel la dynamique des flux dans un environnement. On crée en fait un jumeau numérique de cet environnement ». Les données, qui sont anonymisées, permettent par exemple de connaître le temps que les visiteurs d'un stade passent au contrôle des billets, aux stands de restauration, et à quelle heure ils atteignent leur siège. « Cela représente une valeur inestimable pour les gestionnaires ». D'un point de vue sécurité, il est possible de n'avoir qu'un seul opérateur dédié à la surveillance de l'ensemble du stade à la place de centaines de caméras de vidéosurveillance à scruter. « On peut même greffer un système d'alarme s'il y a une baisse brutale de la vitesse de déplacement à un endroit donné ».

Les données sont enregistrées, ce qui permet ensuite de les exploiter dans le simulateur et de tester différentes hypothèses du type : si l'on avait ajouté un point de contrôle supplémentaire, les visiteurs seraient-ils arrivés plus tôt à leur siège ?

La technologie a remporté un appel à projet du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale dans le cadre des Jeux olympiques de Paris de 2024 et sera utilisée dans ce contexte. Mais Onhys souhaite en faire profiter d'autres acteurs, dans les quatre domaines où elle est présente. « Cela complète notre offre. Cet outil permet de synchroniser et d'échanger des informations entre différents acteurs comme les collectivités, la police, les pompiers... Nous pourrons leur proposer une visibilité commune en intégrant les données de chacun ». Prête technologiquement, la solution devrait être lancée dans les prochains mois.

Renforcer l'implantation internationale via l'Angleterre

Onhys planche en parallèle sur d'autres sujets parmi lesquels l'étude et la simulation de foules très denses (dans le cadre d'un projet européen H2020 mené avec d'autres acteurs tels que l'INRIA), ou encore sur l'interaction piéton/véhicules. Présente en Europe, au Japon et au Moyen-Orient, l'entreprise entend renforcer son implantation internationale via l'Angleterre où elle est accompagnée par le PwC's Accelerator. « Le marché anglais est intéressant car le jumeau numérique y est très développé et il nous permet de bénéficier d'un rayonnement international ».

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