Nanoz en recherche d’un accélérateur d’industrialisation

Installée à Rousset, cette PME a développé, en partenariat avec un laboratoire de recherche, un minuscule capteur capable de reconnaître différents gaz et d’en mesurer la concentration, pour un large panel d’applications. Après une commercialisation enclenchée en 2020, elle veut accélérer et se doter d’une plus grande capacité de production.
(Crédits : DR)

C'est une rencontre avec le monde de la recherche publique qui a élargi ses perspectives. Créée en 2012, la société Nanoz avait pour idée initiale de concevoir un détecteur de fumée suffisamment petit pour être placé à l'intérieur d'une ampoule. C'est alors qu'elle croise la route de deux chercheurs du laboratoire IM2NP (Unité de recherche pluridisciplinaire aux confluents de la physique, de la chimie et de la micro-électronique, porté par le CNRS, Aix-Marseille Université et l'Université de Toulon). « Ce laboratoire avait mis au point une technologie capable de détecter différents gaz », explique Thibaud Sellam, président de la PME.

Accompagnée par la Satt Sud-Est, l'entreprise obtient une licence exclusive pour cette invention. Invention pour laquelle elle imagine un large spectre d'applications. « Faute de capteurs suffisamment petits et accessibles, peu de choses étaient proposées dans le domaine de l'électronique grand public, les téléphones et objets connectés ». Sont également ciblées l'industrie pour la maintenance prédictive, ou l'évaluation de la qualité de l'air. « Pour l'heure, on utilise de grosses machines très chères. Or, d'une rue à l'autre, la pollution n'est pas la même. Avec des capteurs à bas coût mis partout, on pourrait avoir des données plus précises et faire de la prédiction ».

Vers la mise au point d'un nez électronique

Au terme de six années de recherche et développement et deux années de prototypage industriel, elle propose un capteur de 2,8 mm de côté. Une taille qui lui permet de s'intégrer aisément dans tout type d'objet. Mais son atout majeur réside dans sa capacité à distinguer un gaz parmi d'autres dans un environnement, ce que Nanoz appelle la « sélectivité ».

Pour l'heure, un capteur est en mesure de détecter un gaz à la fois. Mais la recherche se poursuit pour transformer l'outil en un nez électronique capable d'identifier plusieurs gaz. « A moyen terme, on souhaite que le capteur soit en mesure de reconnaître deux à trois gaz à la fois. A long terme, on aimerait passer à cinq ou dix ». Et ainsi identifier des signatures. « Par exemple, s'il y a de la viande périmée dans un frigo, on pourrait le savoir grâce à une signature, un mélange de gaz particulier. Même chose pour mesurer le stress issu du corps ». C'est là que les perspectives s'avèrent quasi illimitées.

D'ici là, Nanoz souhaite accélérer sa présence sur le marché initiée en 2020. Son modèle économique repose sur la facturation d'un service le temps de mettre au point des capteurs sur-mesure, puis sur des revenus de licence. « On a déjà signé avec une major de la téléphonie, une du tabac, un gros industriel dans le marché de l'électronique. On discute avec d'autres ».

En se focalisant sur de gros clients, Nanoz se prépare à la production de gros volumes. Et si elle s'appuyait jusqu'aujourd'hui sur la société IBS (Rousset) pour son industrialisation, ce partenariat pourrait rapidement montrer ses limites. « Si un fabricant de téléphones nous demande des capteurs, cela ne suffira plus, il va nous falloir un industriel avec de plus grosses capacités de production ». Pour franchir ce cap, elle compte organiser une levée de fonds l'été prochain avec un objectif de 3 millions d'euros.

La santé et l'électronique grand public en priorité

Dans sa stratégie commerciale, la PME cible deux secteurs en particulier : celui de l'électronique grand public et celui de la santé. « Pour ce qui est de l'électronique, c'est le marché avec le plus de volumes, le plus intéressant pour les composants électroniques ».

Quant à la santé, « c'est un marché qui demande plus de temps de développement. Si on ne l'attaque pas maintenant, on risque d'y entrer trop tard ». Parmi les applications possibles dans ce domaine d'activité, beaucoup ont à voir avec la prévention. « Le corps dégage beaucoup de gaz par l'haleine ou par les pores de la peau. En les détectant, on peut mesurer le taux d'alcoolémie mais aussi repérer des maladies telles que le diabète qui se manifeste par l'émission d'acétone, ou encore certains cancers, comme celui du sein ou du poumon».

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