Genoscience et sa molécule GNS561 : une nouvelle piste contre le covid-19

La biotech basée à Marseille vient d’annoncer le lancement d’un essai clinique afin de prouver l’efficacité contre le covid-19 de sa molécule GNS561, initialement développée en oncologie. L’essai concernera 273 patients dans dix centres français, pour des résultats attendus fin avril.
(Crédits : DR)

Le monde de la recherche fourmille à Marseille. Après les essais cliniques de l'Institut hospitalo-universitaire Infection Méditerranée sur l'hydroxychloroquine et le projet de Marseille Immunopôle pour démystifier les réactions immunitaires face au virus, c'est autour de la biotech Genoscience d'apporter sa molécule à l'édifice.

Baptisée GNS561, celle-ci a initialement été pensée pour combattre les cancers du foie et du pancréas. Dans ce cadre, des essais cliniques sont en cours en Europe et aux États-Unis. L'entreprise s'apprête à passer en phase II, phase consistant à confirmer l'activité pharmacologique du médicament à la dose recommandée à l'issue de la phase I. D'après Philippe Halfon, fondateur de la société, les premiers essais ont montré l'innocuité du traitement ainsi que son efficacité. Une efficacité qui vaut contre les cancers visés, mais aussi probablement contre le covid-19.

Un lointain cousin de la chloroquine

En fait, GNS561 est un lointain dérivé de la désormais célèbre chloroquine et a pour fonction d'inhiber l'autophagie, ce mécanisme a priori bénéfique puisqu'il sert à "se débarrasser des agents pathogènes et à recycler les composantes des cellules". Sauf que le "coronavirus utilise cette autophagie pour son propre développement". "Nous, nous bloquons son fonctionnement et sa réplication". Avec, assure Philippe Halfon, "des résultats 10 à 50 fois plus puissants que ce qui est testé actuellement".

C'est ce que devront prouver les essais cliniques conduits par Unicancer, réseau hospitalier français dédié à la lutte contre le cancer. 273 patients feront l'objet de cet essai conduit dans 10 établissements sur le territoire national. Il s'agit de patients atteints d'un cancer et contaminé par le covid-19, mais si le traitement fonctionne sur eux, il pourra être généralisé à l'ensemble des malades du virus. Des résultats devraient être disponibles fin avril.

Genoscience s'attelle en parallèle à lancer un essai similaire à New York, le temps d'obtenir le feu vert des autorités locales. "Mais comme nous avons déjà des essais en cours en oncologie aux États-Unis, les choses devraient être plus rapides, d'ici une à deux semaines".

Préparer la production

Si les résultats des essais sont positifs, il faudra se tenir prêt sur le front de la production des molécules. Ainsi, Genoscience a commencé à accélérer sa production, "de 10 kg, puis de 50 kg. Mais si un grand laboratoire veut s'associer à nous pour l'accroître plus encore, nous sommes preneurs".

L'essai doit aussi confirmer l'innocuité de la molécule pour les malades du covid-19. Mais Philipppe Halfon est confiant. "Contrairement à la chloroquine, il n'y a pas de modulation de l'électrocardiogramme ni d'atteinte de la rétine". De légers effets indésirables tels que des nausées ont pu être relevés, "mais ils sont gérables", assure-t-il.

Et Philippe Halfon de se réjouir : "contrairement aux autres molécules à l'essai qui sont des molécules repositionnées, il s'agirait là d'un nouveau médicament, une innovation française développée par une entreprise française, et nous aimerions qu'elle le reste".

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