
TherAchon a toujours été une startup discrète. La levée de fonds réalisée en 2015 avait quelque peu mis la jeune entreprise sous les feux des projecteurs, mais quand on lève 35 M€ et que l'on est une biotech, ça attire forcément l'intérêt, tout au moins médiatique. Car dans les coulisses, au quotidien, les investisseurs, eux, y croyaient déjà. Autant Inserm Transfert Initiatives que Versant Ventures ou OrbiMed et New Entreprise Associates. Quatre fées financières qui vont donner à TherAchon les moyens d'aller plus vite, notamment en recrutant Luca Santarelli, venu d'un autre grand laboratoire pharmaceutique, Roche, au sein duquel il œuvrait déjà sur les maladies rares. Dès janvier 2017, il prend le poste de CEO, laissant Elvire Gouze, celle par qui tout a commencé, devenir la conseillère scientifique de la jeune pousse.
Quatre ans plus tard, revoici TherAchon sous les feux de l'actualité, cependant cette fois-ci, il ne s'agit plus d'une levée mais bien d'une acquisition et le montant consacré comprend un zéro de plus que le montant du tour de table réalisé en 2015.
Entre temps les équipes ont poursuivi les recherches, la phase 1 a été entamée et le traitement se nomme TA-46. Et si Pfizer a mis la main à la poche, ce n'est pas par hasard ou coquetterie, mais bien pour poser déjà ses jalons sur un marché qui pour l'heure ne voit aucun traitement être autorisé.
Risque... calculé
Car clairement, Luca Santarelli comme Elvire Gouze, l'avouent, il est rare qu'une big pharma entame la démarche de rachat à ce stade de développement. Généralement les acquisitions de biotechs se réalisent plutôt dès la phase 2, la phase où les tests sont menés sur des patients atteints de la maladie, quand dans la phase 1, ils se réalisent toujours sur des patients sains afin de s'assurer des propriétés de la molécule. Le rachat est donc "précoce", et clairement Pfizer prend un risque, mais un risque apparemment calculé, d'autant que le laboratoire américain a "fait une analyse de taille de marché", explique le CEO de la startup. 250 000 personnes sont atteintes d'achondroplasie dans le monde, 20 000 eu Europe et 4 000 en France. "C'est une maladie rare", confirme Elvire Gouze.
Pour l'heure, les concurrents identifiés sont américains, évoluent dans le bio-marin et sont en phase 3. Mais pas de quoi faire craindre à Pfizer de se faire dépasser. "La molécule de TherAchon est plus efficace", affirme Elvire Gouze.
Big pharma - biotech : tandem gagnant
Pour TherAchon mais surtout pour les patients atteints, l'arrivée de Pfizer est une bonne nouvelle car cela signifie une accélération dans le temps de développement. Et cela assure la mise sur le marché d'un médicament. Car si l'on a parfois tendance à voir les big pharmas comme les grands méchants loups qui ne font qu'une bouchée des biotechs, Elvire Gouze explique très clairement que "biotechs et big pharma font partie d'une même écosystème. Elles ne sont simplement pas de la même taille". Et le rapport est même plus fort que cela. Sans big pharma pas de moyens pour poursuivre le développement et espérer la mise sur le marché. Sans biotechs, pas d'innovations aussi fines. "50 % des produits que commercialisent les big pharmas proviennent des biotechs", explique Elvire Gouze.
Dans le cas du TA-46, une mise sur le marché n'interviendra pas avant 5 ans, au minimum. Sans Pfizer, cela aurait pu être jamais. Pour TherAchon, les prochaines étapes sont administratives et juridiques. Puis l'équipe - composée pour l'heure de 20 personnes à Bâle et d'une dizaine à Nice - se séparera, 2/3 d'entre elle rejoignant un spin-off, qui se consacrera au syndrome de l'intestin court. Pour info, 100 M$ au total ont été investis entre la création en 2014 de la startup et le rachat par Pfizer.
Des bioparcs, s'il vous plaît
Et Elvire Gouze de plaider pour un développement de bioparcs dans le département, ces structures qui peuvent être privées, où on peut trouver laboratoires et paillasses pour développer des projets de recherche. "Il manque dans le département un écosystème qui structure les biotechs" analyse-t-elle. Pour que les jolies histoires de projets de recherche qui réussissent leur pari ne reste pas un phénomène certes heureux, mais exceptionnel.
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