Comment Balmes Transplantation mise sur un développement accéléré

La start-up basée à Marseille souhaite devenir une société pharmaceutique spécialisée dans le traitement de l’ischémie reperfusion, dans le cas de greffes ou de chirurgies cardiaques. Pour devancer ses concurrents, elle mise sur une méthode de recherche originale.

Parfois, les organes sont privés de sang du fait de raisons accidentelles (infarctus, AVC ...) ou bien au cours d'un acte chirurgical (opération cardiovasculaire, greffe d'organe ...) Se produit alors un phénomène d'ischémie-reperfusion. D'abord, l'ischémie coupe les apports en oxygène et nutriments indispensables aux organes. Puis au moment de la reperfusion, l'apport soudain d'oxygène déclenche une série d'évènements plus graves que l'ischémie en elle-même, ce qui peut aboutir à des inflammations, un rejet du greffon, ou une insuffisance rénale aigüe.

Un phénomène auquel est confronté Patrick Berna lors de ces précédentes expériences professionnelles. Il travaille alors sur l'ischémie-reperfusion dans le cas des infarctus du myocarde. Mais ce qui le passionne, ce sont les transplantations d'organes. Il se lance en 2015 en créant Balmes Transplantations dont il est aujourd'hui le PDG. "Le rein étant l'organe le plus souvent greffé, nous avons choisi de nous concentrer sur lui", explique-t-il. Puis au cours de son développement, l'entreprise choisit de s'attaquer à une autre indication : les opérations cardio-vasculaires, qui, dans 30% des cas, "entraînent de l'ischémie-reperfusion et donc des problèmes d'insuffisance rénale aigüe qui peuvent devenir bien plus sévères et chroniques".

Sur ce marché, Balmes Transplantation doit faire face à "une demi-douzaine de concurrents mondiaux", explique Guillaume Demarme, développeur business de la société. Pour ce, l'entreprise mise sur sa démarche qu'elle juge "originale".

Combiner des molécules déjà connues pour aller plus vite

Originale d'abord puisqu'au lieu de développer de nouvelles molécules, "on a pris l'ensemble des molécules pharmaco-actives sur les marchés américain et européen et nous recherchons ce qu'on peut utiliser pour l'ischémie-reperfusion", explique Patrick Berna. Un moyen de gagner du temps ; alors que le cycle moyen de développement d'un médicament est de 10 à 15 ans, Balmes espère le réduire à 6-8 ans.

Autre spécificité : le choix de combiner des molécules. "Quand vous êtes privé d'oxygène, d'acides aminés, de glucose, vos cellules sont préparées à réagir d'une manière particulière à chacune de ces privations. Ce qui entraîne plusieurs réactions en même temps dans le cas de l'ischémie-reperfusion", et donc, c'est ce que suppose l'entreprise, la nécessité de proposer plusieurs thérapies en même temps. La combinaison de médicaments aurait vocation à être délivrée en amont de l'ischémie-reperfusion et viserait à minimiser les phénomènes de réactions cellulaires en cascade au moment de la reperfusion, et donc les dégâts engendrés.

En quête de fonds et de partenaires

Pour l'heure, la start-up en est au stade des tests sur les animaux. Ceux-ci devraient s'achever en fin d'année. "Nous avons identifié environ sept molécules actives mais nous n'avons pas encore décidé quelle paire sélectionner, ni les doses".

D'ici là, Balmes Transplantation espère lever 2,5 à 3 millions d'euros de nouveaux fonds, après en avoir obtenu 2,4 millions depuis sa création. "Nous avons besoin de cet argent pour terminer le développement pré-clinique et préparer le clinique", précise Guillaume Demarne qui prévoit une entrée sur le marché d'ici 5 ans. "Nous sommes également à la recherche de partenaires industriels comme des grosses pharma ou de plus petites, spécialisées dans l'aire rénale". Des partenariats qui pourraient donner lieu au co-développement de produits. Si cette stratégie est envisagée dans le cas des transplantations, elle pourrait être différente en chirurgie cardiaque. "Le fait d'avoir deux produits nous permet de diversifier nos stratégies", et de minimiser les risques.

A terme, Balmes Transplantation aimerait exploiter ses combinaisons moléculaires, les commercialiser en Europe et aux Etats-Unis, voire même les produire. Elle envisage également de tisser des partenariats en Asie, Australie et Nouvelle-Zélande afin que ses produits y soient distribués. Une stratégie qui devrait, selon les prévisions faites, permettre à l'entreprise d'atteindre un chiffre d'affaire de 100 millions d'euros cinq ans après la mise sur le marché. De quoi faire de Balmes une société pharmaceutique spécialiste de l'ischémie-reperfusion au niveau rénal, puis cardiaque, neuronal ou intestinal, et plus largement, "dans toutes les transplantations, toutes les pathologies ou un vaisseau se bloque".

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