Pour faire grandir un enfant, il faut toute une ville !

Quand il s’agit de politique éducative, on pense spontanément à l’éducation nationale, à son ministère cyclopéen et aux grandes réformes qui ruissellent ensuite dans les écoles. Détrompez-vous, “pour faire grandir un enfant, il faut [aussi] toute une ville”. Ce slogan, directement emprunté aux supports de communication de la Ville de Montreuil, m’a grandement interpellée. Lui-même s’inspire d’un proverbe africain (remplacez “ville” par “village”) et laisse entendre que la famille seule ne peut pourvoir aux besoins éducatifs d’un enfant. À y regarder de plus près, il est vrai que les collectivités jouent un rôle central dans l’éducation des jeunes générations. Ces politiques des territoires méritent la lumière car elles participent assurément au plein épanouissement de nos enfants. *Par Amélia Matar, fondatrice et dirigeante de COLORI.
(Crédits : Zoe Fidji pour Septem)

Quelle est la recette d'une éducation réussie ? Cette question quelque peu tarte à la crème, j'en conviens, a le mérite de nous pousser à redéfinir, même grossièrement, les grands aspects du développement de l'enfant. Sans entrer dans les détails de la psychologie enfantine, il va de soi qu'un petit a besoin d'affection, de soins, d'apprentissages et d'activités pour être pleinement épanoui. Chacun de ces piliers est inaliénable. Retirer un seul de ces poteaux reviendrait à déséquilibrer le jeune individu. Et il est évident que l'entièreté de ces besoins ne peut pas être prise en charge par une seule instance, familiale ou institutionnelle.

Les équipes municipales, au coeur des enjeux éducatifs

Ça tombe bien, les villes font clairement partie de l'équation et œuvrent quotidiennement au bien-être des bambins. De part les infrastructures de loisirs, de sports, de culture, ou par la prise en charge des enfants sur des temps périscolaires, les municipalités ont un impact direct sur les journées des écoliers. Du maire aux directeurs de l'éducation, en passant par les coordinateurs, les directeurs de centres et les animateurs, les équipes municipales sont mobilisées pour identifier les meilleures initiatives et les déployer sur leur territoire. Cela requiert du temps, de l'argent et de vraies convictions sur l'éducation. Savez-vous par exemple, que les enfants, via les villes, peuvent faire de la philosophie, apprendre des langues du monde, bénéficier de soutien scolaire ou s'initier dès le plus jeune au numérique sans écran. L'enquête menée en 2016 par l'Association des maires de France (AMF) rapporte que les activités périscolaires représentent 231 euros par enfant par an en moyenne. A l'échelle d'une ville, ce budget est colossal.

Un écosystème national, en faveur des actions locales

Bien sûr, les villes ne travaillent pas chacune dans leur coin. Des organisations et des initiatives se sont structurées au niveau national pour donner du poids à ces enjeux locaux. Ainsi la fédération Léo Lagrange, présidée par Monsieur Yves Blein, développe depuis 1950 une approche éducative adaptée aux accueils de loisirs et compte à ce jour près de cinq cent collectivités partenaires. Cette présence territoriale est favorable à l'émergence de bonnes pratiques qui peuvent ensuite être essaimées. Autre initiative nationale à la portée locale : le programme Cités Éducatives. Via ce dispositif d'État, les villes labellisées sont dotées d'un budget dédié en faveur des quartiers prioritaires. Là encore, charge à la commune d'opérer les actions identifiées comme favorables à l'épanouissement de la jeunesse. De 2020 à 2024, 230 millions d'euros sont affectés à cette ambition.

Pour conclure, j'aimerais vous poser une question : quelle est votre adresse ? Rassurez-vous, je n'ambitionne pas d'envoyer une carte postale à chaque lecteur mais simplement d'inciter chacun à reconsidérer ces quelques lignes bien pratiques pour recevoir du courrier. Nous vivons, tous, sans exception, au sein d'une municipalité définie par son code postal, son nom, et sa politique territoriale. Une politique loin des débats télévisés et des grands sondages d'opinion, et qui pourtant a un impact considérable sur les citoyens, et a fortiori, sur les enfants.

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Commentaire 1
à écrit le 03/12/2021 à 13:15
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Heu non, le proverbe africain est bien plus juste, vrai et beau en plus, pour éduquer un enfant il faut un village, ni plus, ni moins. La ville aliène les adultes et donc leurs enfants avec.

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