Comment KP1 veut démocratiser la préfabrication béton dans le bâtiment

L’ETI originaire duVaucluse conçoit des structures et ossatures de bâtiments en béton préfabriquées. Une méthode qui a un impact carbone moindre que celles utilisées directement sur les chantiers. Un argument que le dirigeant Vincent Linchet espère faire entendre pour promouvoir cette filière.
(Crédits : Jean-Paul Cassulo Architecte)

L'équation paraît simple et surtout particulièrement d'actualité. "Une de nos technologies de système constructif en préfabrication utilise environ 30 % de béton en moins qu'un produit équivalent fait directement sur le chantier", assure Vincent Linchet, président directeur général de KP1. Cette ETI, basée à Avignon, préfabrique des éléments en béton pour le bâtiment comme des poutrelles, des dalles, des escaliers, des ossatures ou encore des planchers. A l'heure de la décarbonation comme grand objectif pour tous les secteurs de l'économie, le dirigeant de l'entreprise vauclusienne voit dans la préfabrication le moyen de rendre "le secteur du bâtiment plus vertueux".

Une solution qui présente de nombreux avantages sur le papier, mais qui ne pourtant s'utilise que "dans 10 à 15 % des bâtiments en France aujourd'hui alors que c'est le double dans les pays autour de nous" regrette Vincent Linchet. Pour convaincre, KP1 mise donc sur l'argument environnemental. "Nous cherchons comment faire des produits avec trois, cinq, dix fois moins de carbone. Cela peut-être en transformant le ciment ou en utilisant d'autres liants", insiste le PDG. Un axe primordial, "qui occupe 50 % du temps de travail des équipes".

4 % du CA dédié à l'innovation

Autre levier d'avenir pour KP1, proposer des produits qui "soient pensés pour des bâtiments qui vont vivre longtemps, pour le siècle à venir". La tendance est en effet à des surfaces plus aériennes afin de permettre de réaffecter les usages dans le futur. "Une mutation très forte" qui pour l'ETI se traduit par le développement de produits de longue portée. Enfin, l'amélioration des performances "acoustiques et thermiques" est le dernier axe de recherche, un volet également lié à l'environnement car cela doit permettre de mieux répondre à des épisodes climatiques qui devraient devenir de plus en plus violents.

Pour mener à bien ces projets de développement, 4 % des 330 millions d'euros de chiffre d'affaires sont dédiés à l'innovation. Du côté des effectifs, quarante personnes sur les 1.700 collaborateurs que compte l'entreprise, "ne font que ça". Quinze de cette équipe se trouvent dans l'une des 18 usines de KP1, les vingt-cinq autres sont au siège social à Avignon. Un nouveau bâtiment qui regroupe les 213 salariés des équipes supports jusqu'à présent répartis sur trois sites différents. "Cela permet de vraiment travailler en équipe plutôt que d'être fragmenté", défend Vincent Linchet, convaincu que les synergies entre services favorisent l'innovation. Au moment de choisir le lieu de ce nouveau siège, le dirigeant reconnaît avoir hésité avec la région parisienne. "En restant dans le Sud nous gardons nos compétences, le bassin d'emploi reste important et nous pouvons attirer beaucoup de talents", explique-t-il pour justifier son choix.

Un appel du pied aux pouvoirs publics

Sur l'aspect commercial, KP1 conserve ses cibles clients habituelles. D'un côté, les majors de la construction, entreprises de promotion du bâtiment et les petits constructeurs de maisons individuelles pour qui les produits sont spécifiques à chaque chantier. C'est pour cela que le maillage territorial à travers la France est important, puisque cela permet de limiter le transport mais surtout d'être flexible en apportant le système constructif préfabriqué au bon moment sur site. "Nous pouvons amener des murs qui s'étendent sur trente mètres carrés, ça ne se stocke pas sur un chantier", illustre Vincent Linchet. Pour l'autre typologie de clients, il s'agit de distributeurs qui revendent eux des produits forcément plus standards.

Du côté des secteurs d'activités, KP1 se positionne sur tous les types de bâtiments. "Mais le logement est en recul compte tenu du contexte", note Vincent Linchet. En revanche, les bâtiments d'activités, comme des entrepôts logistiques ou des gares par exemple, "monte en puissance". Dans ce cas, comme pour le logement, le dirigeant espère que les pouvoirs publics vont soutenir le préfabriqué. "Il faut un intérêt plus prononcé", défend-il. Un moyen de conforter l'ensemble des acteurs de cette filière.

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