Dans le Sud, la liquidation d'Aiôn Group met fin au projet de création d'une industrie horlogère

Près d'un an après l'annonce de son implantation à La Ciotat, le groupe de manufacture horlogère vient d'être liquidé. Ce qui met fin à ses ambitions de développer une filière sur ce secteur, malgré le soutien des autorités publiques.
(Crédits : Lornet-Watches/Youtube)

L'aventure n'aura même pas démarré. Aiôn Group, une société créée en 2021 qui voulait "recréer l'industrie de manufacture française" de l'horlogerie à La Ciotat a été placée en liquidation judiciaire le 23 février. Le président du directoire, Olimpiu Salcou, justifie dans un communiqué relayé par l'AFP que "la viabilité du projet (...) dans sa configuration initiale est remise en cause" à cause de "grandes difficultés à lever les fonds escomptés". Contactés, les dirigeants de l'entreprise n'ont pas répondu aux sollicitations de La Tribune.

Le projet porté par Olimpiu Salcou, Céline Guth, Anthony Simao et Hubert Patural ambitionnait de relancer la production de pièces en France. Sur les hauteurs de La Ciotat, un bâtiment d'abord de 2.500 m2 avant de s'agrandir à 10.000m2 devait accueillir plus de 400 machines pour concevoir 400.000 mouvements ou montres chaque année et créer 160 emplois en quatre ans. A l'époque, l'enthousiasme est de mise chez les acteurs locaux. Benoît Mournet, alors préfet à la Relance, vient même effectuer une visite sur place. Près d'un an plus tard, le local est finalement vide. La marque française Hegid qui devait y être produite a également annoncé "reprendre son indépendance" en indiquant que le groupe Aiôn "n'a pas tenu ses engagements".

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Des subventions pas versées

Un échec qui semble être une surprise localement. Le magazine de la ville de La Ciotat de janvier mettait encore en avant l'accueil de "l'une des entreprises les plus ambitieuses du secteur de l'horlogerie". Pourtant, le projet présentait de sérieux doute d'après le quotidien L'Est Républicain qui est le premier à avoir repéré la liquidation judiciaire d'Aiôn Group. Eric Oternaud, conseil régional en Bourgogne-Franche-Comté (où le savoir-faire en mécanique horlogère est revenu par l'Unesco) et ex-cadre dans l'horlogerie, y pointe un business plan qui "sur les ratios économiques connus de l'horlogerie nous paraissait très très ambitieux". Il explique que des discussions entre la région et l'entreprise ont eu lieu pour une implantation avant que le choix de cette dernière ne se porte sur les Bouches-du-Rhône. Mais "les compléments demandés" pour étudier le dossier n'ont jamais été fournis. Il s'agissait d'éléments sur la structure de l'entreprise, le modèle économique, les actionnaires...

Autre élément qui fait tiquer le quotidien, le capital annoncé d'un peu plus de 20 millions d'euros. Un chiffre établi par "une auto-évaluation par un commissaire aux apports et co-fondateur d'Aiôn des actifs matériels". Ce qui signifie que les futures machines, censées arriver sur place durant l'été dernier, étaient comptés. Ce matériel justement, le quotidien suisse Le Temps émettait des doutes sur son sujet en mars 2022. Beaucoup d'éléments qui font que la fédération de l'horlogerie en France "a toujours considéré le groupe Aiôn avec circonscription", souligne son président Jacques Weber au média helvète.

Du côté des acteurs locaux, aucun commentaire n'a été fait. Ni la Ville de La Ciotat, ni la Région, n'ont répondu pour l'heure aux sollicitations de La Tribune dans les délais impartis à la publication de cet article. La préfecture indique que la somme de 800.000 euros issus de France Relance pour soutenir le projet n'a pas été versée "le dossier de l'entreprise n'ayant pas été jugé complet et donc suffisant pour ce versement".

Avec l'arrêt net du projet d'Aiôn Group, c'est aussi la fin (pour le moment) d'une filière horlogère dans le Sud...

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