Dans le Sud, Aiôn Group veut faire renaître l'industrie de l'horlogerie

Le groupe créé il y a moins d'un an installe sa manufacture horlogère sur les hauteurs de La Ciotat. Un choix qui ne doit rien au hasard, car le territoire offre une main d'œuvre stable mais aussi un axe de développement de l'expérience client. Deux éléments clefs pour recréer une historique filière française.
(Crédits : Lornet-Watches/Youtube)

Du parfum, à la maroquinerie en passant par la mode, la France occupe une place de choix dans l'univers du luxe. Pourtant, au moment de faire l'appel, un segment nous échappe : celui de l'horlogerie. Y compris en Franche-Comté, pourtant considéré comme le territoire historique de cette activité. "Aujourd'hui l'approvisionnement pour concevoir des montres se réalise en Suisse ou en Asie", expose Céline Guth. La dirigeante est la directrice générale déléguée d'Aiôn Group, une société fondée il y a moins d'un an pour "recréer l'industrie de manufacture française" sur ce marché. Une ambition qui se concrétise en Provence-Alpes-Côte d'Azur, plus précisément à La Ciotat.

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Tout part de la rencontre des quatre fondateurs, Céline Guth, Olmpiu Salcou, Hubert Patural et Anthony Simao. C'est ce dernier, horloger de formation, qui souhaite proposer des montres bleu, blanc et rouge. Car aujourd'hui, le made in France signifie que l'assemblage se réalise dans l'Hexagone. Il fallait donc remédier à l'absence de production des pièces. "Nous avons eu l'opportunité de racheter une manufacture suisse", raconte Céline Guth. Soit 410 machines pour permettre la fabrication de mouvements, les pièces qui servent de "moteur" pour que la montre fonctionne, dont une partie vont déménager à La Ciotat. Certains éléments comme les aiguilles ne seront pas conçus en Provence mais "nous passons par des fournisseurs français" assure la directrice générale qui promet des montres au minimum à 98% tricolores. Les pierres précieuses et l'or proviennent forcément de l'étranger.

Main d'œuvre et expérience client

Le choix d'atterrir en région Sud peut surprendre. Il répond pourtant à deux critères bien précis. Celui de "la volatilité de la main d'œuvre" d'abord comme l'explique Céline Guth. "L'école d'horlogerie de Besançon est la plus réputée mais bien souvent, les personnes formées partent travailler en Suisse", détaille-t-elle. En plus du cadre de vie qui joue son rôle dans le recrutement, Aiôn Group s'est d'ores et déjà rapproché du lycée marseillais Leonard de Vinci qui dispose d'une formation dans le domaine. "Le proviseur nous disait que bien souvent les étudiants se réorientaient faute de débouché", ajoute Céline Guth.

Le choix de La Ciotat repose aussi sur un argument commercial. "Nous proposons des montres de luxe, nous voulions nous rapprocher de notre clientèle basée sur la Côte d'Azur", avance la dirigeante. L'idée est par exemple de proposer à un client qui vient récupérer sa montre de l'emmener la journée dans les calanques sur un yacht pour ensuite lui donner son achat. Dans la perspective de ce type de démarche, le futur bâtiment du groupe a d'ores et déjà obtenu l'autorisation de construire un héliport. Un projet lointain de 10 000m2 sur la zone d'activité Athélia 5 qui ne doit sortir de terre qu'en 2025-2026.

Pour l'instant, Aiôn Group occupe un lieu provisoire de 2500 m2. "Ça n'a pas été simple de trouver car nos machines de production pèsent 1000 kilos au mètre carré", raconte Céline Guth. Le déménagement d'une soixantaine de ces outils est prévu pour l'été avec une mise en service pour la rentrée pour une capacité de fabrication de 50 000 mouvements ou montres à l'année. En attendant, l'entreprise forme ses premiers opérateurs depuis la fin d'année dernière. En septembre, ce sont donc les deux marques du groupe qui pourront commencer à être produite. Il s'agit de Hegid, positionnée sur le lifestyle avec une monture personnalisable dont les coffrets s'afficheront dans une fourchette de 3000 à 5000 euros, et Lornet, la marque de haute-horlogerie d'Anthony Simao avec un prix à partir de 25 000 euros. L'horloger Pierre Larnier qui a aussi relocaliser sa production en Alsace se positionne lui sur une gamme de prix inférieur.

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L'horlogerie et les autres industries

Toutefois, Aiôn Goup compte aussi endosser le rôle de prestataire de services pour d'autres marques d'horlogerie. Si le nom de l'entreprise affiche le mot "group" c'est parce qu'il s'agit dans les faits d'une holding constituée de sept filiales. On y trouve toutes les étapes de la vie commerciale d'une montre : le bureau d'études, la manufacture, les services (services après-vente, assemblage, décoration...), les deux marques, la commercialisation et une structure de production helvétique. "Une partie des machines ne sera pas transférée en région Sud pour nous permettre de proposer du Suisse Made", explique Céline Guth.

Parmi les projets de développement, l'achat d'autres marques est en réflexion. Un réseau de boutiques devrait également ouvrir. La commercialisation se réalisera à l'international, en Europe, aux Etats-Unis et au Moyen-Orient en priorité. A terme, la dirigeante envisage également de se rapprocher d'autres types d'industrie ayant recours à des machines de micro mécanique. "Mais notre priorité est d'abord l'horlogerie", insiste-t-elle toutefois. Des projets qui doivent se financer avec une entrée en bourse début 2024. Un moyen également de crédibiliser la marque face à des concurrents qui peuvent sur une existence beaucoup plus longue.

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