La statistique n'existe probablement pas. Mais le temps de vie d'un ticket de caisse entre son impression et son arrivée dans une corbeille ne doit pas être très longue. Neil Azouz en est en tout cas persuadé et parle "d'aberration". Il pointe l'ironie "de poubelles qui se trouvent parfois directement sous la caisse". Un constat qui l'encourage lors de la fin de ses études à l'institut Mines-Télécom d'Evry, à travailler sur le sujet avec Jordan Chemouhoum. "Nous habitions tous les deux à Marseille, à trois minutes l'un de l'autre, mais il a fallu que nous soyons en région parisienne pour nous rencontrer", sourit-il.

Le duo est à l'origine de Noticia, créée officiellement en février 2020, qui se positionne sur la dématérialisation des tickets de caisse. "Nous avions cerné le problème qu'ils posent avant que la loi n'aborde le sujet", souligne rapidement Neil Azouz. En effet, la fin de l'impression automatique de ces quinze centimètres de papier entre en vigueur au 1er avril de cette année, contre le 1er janvier initialement. Une disposition qui "contraint seulement à proposer si le client souhaite imprimer son ticket ou non", regrette l'entrepreneur.

La concurrence de l'email

Pour cette raison, il propose l'alternative du QR Code afin d'aller plus loin et d'éviter tout bonnement l'impression. Ce moyen, longtemps sous-utilisé mais aujourd'hui complètement démocratiser lors de la crise sanitaire,  présente trois avantages selon le dirigeant. D'abord, il maintient la fluidité devant la caisse qui est un lieu avec en théorie un flux important. Ensuite, il est "non-intrusif car cela ne nécessite pas d'avoir un compte ni de fournir un email ou numéro de téléphone". Enfin, Neil Azouz défend une solution plus écologique que le papier ou l'email grâce à sa gestion du stockage. "Le ticket est supprimé au bout d'un an alors qu'il peut dormir pendant plusieurs années dans une boite mail", souligne-t-il.

Pour Noticia, la concurrence a plusieurs aspects. Il y a les sociétés qui misent sur l'email, face auxquelles la start-up propose une solution radicalement différente donc. D'autres jeunes pousses se place sur le QR Code, "notre plus-value est d'utiliser un logiciel indépendant du logiciel de caisse", défend Neil Azouz. Un moyen de ne pas avoir à trouver des accords avec les éditeurs de ces logiciels mais plutôt de passer par chaque commerçant.

Convaincre les vendeurs de ne pas seulement proposer une non-impression mais bien de passer par une dématérialisation est le grand défi de Noticia. Pour renforcer sa prospection, elle propose l'installation de son logiciel et le QR code associé... gratuitement. "La loi va changer les pratiques et nous ne voulions pas que ce système soit associé à un coût supplémentaire", justifie Neil Azouz bien conscient que l'argument de la gratuité "fait mouche".

Convaincre un maximum de commerçants

Pour se rémunérer, la start-up de dix salariés propose en supplément un outil marketing, qui n'est pas obligatoire. En scannant le QR Code, le client voit en plus de son ticket le contenu que souhaiterait mettre en avant le commerçant, comme une promotion ou tout simplement un article en particulier.  "Nous pouvons également insérer un lien de redirection vers le site marchant ou collecter l'avis de l'acheteur", développe Neil Azouz. Ce service nécessite alors pour le commerçant un abonnement mensuel dont le prix évolue selon le flux de personnes qui passent devant ses caisses.

La prospection commerciale avance aujourd'hui "sur le mid-market". Neil Azouz revendique une centaine de clients et 13 000 tickets dématérialisés en trois mois. Le chiffre d'affaires reste lui secret pour le moment en attendant que l'activité s'étale sur une plus longue durée. "Notre développement passe par notre réussite à convaincre un maximum de commerçants", insiste le dirigeant. Un avenir qui devrait se poursuivre à Paris. "Être ici nous notre offre une plus grande proximité pour rencontrer différents acteurs et nous sommes également proches de nos investisseurs".